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Des parents qui mangent tous les midis avec leurs enfants, des employeurs qui libèrent facilement leurs salariés pour qu’ils offrent des ateliers à l’école… La Cité écologique d’Ham-Nord, dans les Bois-Francs, s’est construite autour de son école!
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Des parents qui mangent tous les midis avec leurs enfants, des employeurs qui libèrent facilement leurs salariés pour qu’ils offrent des ateliers à l’école… La Cité écologique d’Ham-Nord, dans les Bois-Francs, s’est construite autour de son école!

La Cité écologique d’Ham-Nord est une petite communauté d’une centaine d’âmes installée un peu à l’écart du reste du village, dans un rang où le bitume n’a pas encore noirci les routes. Mais ce n’est pas le paysage bucolique qui a attiré ici, il y a près de 30 ans, quelques familles de pionniers. C’est l’école!

Tout a commencé par l’organisation d’un simple camp d’été tourné vers la nature. Fort de son succès, Michel Deunov Cornellier, son fondateur, a vu plus grand. Il rêvait d’une école alternative basée sur les apprentissages à l’extérieur et le respect de la nature. Plusieurs parents des enfants ayant fréquenté le camp étaient intéressés et en 1984, plus d’une vingtaine de familles, parmi lesquelles une dizaine de professionnels de l’éducation, ont choisi de quitter maison, amis et emploi pour bâtir la cité. Ces défricheurs modernes ont d’abord créé l’école (une forme d’éducation à la maison avant l’acceptation du projet d’école alternative par la commission scolaire) puis des entreprises pour que les parents puissent gagner leur croûte.

L’école compte aujourd’hui une vingtaine d’élèves du préscolaire au secondaire, encadrés par deux enseignants payés par la commission scolaire. « Chaque jeune a un jardin de 10 pieds par 10 pieds. Ils font le plan, la rotation des cultures, ils apprennent beaucoup à travers ça », mentionne Chantal Michaud, qui y enseigne depuis 24 ans. Les enseignants ont aussi beaucoup d’aide de la collectivité. Les parents qui le veulent offrent des cours de sport, de chant, d’ébénisterie, etc. Les quelques locaux de l’école sont situés dans un grand bâtiment qui abrite également la boulangerie, une grande salle avec une scène pour les spectacles et autres réunions ainsi qu’une cuisine communautaire. C’est ici que les familles et les autres membres de la collectivité se retrouvent pour manger le midi. De la nourriture biologique, bien entendu!

Une « école de rêve »

Cette « école de rêve », Julie Perreault l’a fréquentée durant son enfance. Elle n’a jamais quitté la communauté depuis. Quand le père de ses deux fils l’a quittée et a déménagé hors de la cité, elle a choisi d’y rester après avoir longuement pesé le pour et le contre. « Pour moi, c’était important de conserver mon mode de vie. J’aime le contact humain que je trouve ici. Et ce que j’avais vécu à cette école était tellement trippant que je voulais l’offrir à mes fils », mentionne-t-elle.

Une pépinière d’entrepreneurs

La Cité écologique d’Ham-Nord fait partie d’un mouvement environnemental plus large qui a mené à la création de plusieurs communautés un peu partout à travers le monde. Le Global Ecovillage Network compte plus de 500 communautés dont une des valeurs fondamentales est la vie en harmonie avec la nature. Toutes ces collectivités ne se sont toutefois pas basées sur un projet éducatif, comme c’est le cas à la Cité écologique d’Ham-Nord. Outre son volet environnemental, le projet éducatif de la Cité est d’intégrer la vie scolaire avec le monde du travail. Il y a une étroite collaboration entre l’école et les entreprises dans lesquelles travaillent les parents, non seulement pour libérer du temps à ceux-ci, mais aussi pour accueillir les jeunes en stage. « À la fin de leur cinquième secondaire, les enfants ont participé à des projets dans toutes les entreprises », mentionne Marie-Josée Vaillant, directrice générale de la Cité et l’une des fondatrices de Kheops international, fabricant d’objets « nouvel âge » comme de l’encens, des anges, des statuettes de Bouddah, des articles de méditation, etc. Les jeunes sont aussi fortement encouragés lorsqu’ils souhaitent démarrer un projet, si bien que la petite collectivité est une véritable pépinière d’entrepreneurs. Il faut dire que la survie de la communauté a été liée à l’esprit entrepreneurial qui y règne.

Des jours sombres

Dans les années 1990, une controverse a éclaté autour de la Cité écologique où habitait la famille du ministre Robert Dutil. Elle a été dépeinte comme une secte et des rumeurs de mauvais traitements se sont répandues. Bien que des enquêtes aient blanchi la petite communauté, l’histoire a fait fuir les touristes et causé une faillite qui a pratiquement eu raison de la cité. Ses résidents ont dû retrousser leurs manches pour sauver ce qui pouvait l’être et lancer de nouvelles entreprises. Aujourd’hui, les affaires vont plutôt bien, au point où les membres ne suffisent plus à la tâche.

Une communauté tissée serrée

Tout le monde n’est pas fait pour vivre dans cet écovillage. Dire que la petite communauté est tissée serrée est un euphémisme. En plus de dîner et de travailler ensemble, les citoyens habitent pour la plupart dans les mêmes immeubles à logements, tant par souci d’économie que d’écologie. Les décisions qui touchent la collectivité se prennent en groupe lors de réunions trimestrielles

D’ailleurs, on ne déménage pas du jour au lendemain dans la cité. Tout d’abord parce que les logements vacants sont très rares. Jusqu’à récemment, le règlement de zonage de la municipalité d’Ham-Nord ne permettait pas de nouvelles constructions. Mais surtout, la petite communauté souhaite que les nouveaux arrivants adhèrent totalement à sa philosophie. « Quand quelqu’un veut venir habiter ici, nous demandons de venir d’abord plusieurs fins de semaine, puis quelques semaines et quelques mois. Ça permet de voir nos valeurs, notre façon de vivre. C’est un cheminement de deux ou trois ans », note Mme Vaillant. Cela dit, la Cité écologique n’est pas fermée aux visiteurs. Elle a recommencé à accueillir des touristes.

Que l’on soit fait pour y vivre ou non, il faut admettre qu’il y a à la Cité écologique des initiatives inspirantes. Ici, l’expression « il faut un village pour élever un enfant » prend tout son sens!

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