Je n’avais jamais entendu parler d’un Makerspace auparavant. En fait, j’avais entendu sommairement parler des Fab labs par le passé, mais rien de très exhaustif. C’était flou dans mon esprit et je n’avais aucune idée des potentialités pédagogiques.
Puis, en juin 2015, j’ai lu un rapport de NMC Horizon, cité en clôture du congrès américain de l’ISTE, lequel indiquait que dans un proche avenir, soit d’ici environ un an, les Makerspaces deviendraient monnaie courante dans les milieux scolaires américains.
Je me considère quand même à jour dans mes connaissances technopédagogiques et je dois avouer humblement que je n’avais aucune idée ce qu’étaient les Makerspaces! J’ai donc approfondi mes connaissances en la matière et, effectivement, j’ai rapidement saisi l’ampleur du potentiel d’un tel espace dans une école.
Le Collège Beaubois étant une école où l’innovation fait partie des valeurs institutionnelles, mes collègues à la direction en sont rapidement venus à la conclusion qu’il y avait une place pour un Makerspace chez nous.
Donc, qu’est-ce qu’un Makerspace? On pourrait le traduire comme étant un atelier de fabrication numérique. Contrairement à un Fab lab où il y a des critères précis pour être homologué en tant que tel, il n’existe pas vraiment une définition claire pour la seule et unique raison que la forme qu’on peut lui donner varie d’un endroit à un autre. Cependant, plusieurs facteurs sont communs à tous les Makerspaces : ce sont des lieux qui offrent une latitude pour l’élaboration d’un espace de conception et de création. Intégrés à un milieu scolaire (parce qu’il existe des Makerspaces communautaires ou institutionnels), ces lieux permettent à l’élève de passer du rôle de consommateur de contenus à celui de créateurs de contenus. Là est la différence et l’attrait principal du Makerspace dans un établissement scolaire.
Un espace unique à notre image
Vu qu’à Montréal il existe déjà un petit nombre de ces types d’ateliers, nous avons souhaité lui donner une saveur unique et particulière à notre milieu :
Dans un premier temps, il s’agira bel et bien d’un espace de création. Notre idée est de permettre aux élèves de mener à terme un projet dans son entièreté. Nous voulons que l’idée prenne forme et nous souhaitons doter l’atelier de tous les outils nécessaires pour que l’élève concrétise son idée. Nous souhaitons soustraire ses idées de la force d’attraction gravitationnelle afin qu’elles prennent leur envol aussi haut qu’il pourra les porter.
Deuxièmement, cette démarche de création et de réalisation se fera sous le signe de la pédagogie. Nous voulons que cet espace soit à la disponibilité des élèves, mais nous souhaitons également qu’il le soit pour nos enseignants afin qu’y naisse une étincelle qui initiera ou consolidera un processus de créativité et de design pédagogique. Nous visons la transversalité des projets entre les matières et entre nos ordres d’enseignement (primaire et secondaire). Il y a certainement des projets qui peuvent être initiés par nos plus jeunes et complétés par nos plus vieux. Également, il y a certainement des projets que nos plus vieux peuvent initier au bénéfice de nos plus jeunes. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons décidé de libérer l’équivalent d’une tâche enseignante à temps plein pour assurer l’animation pédagogique de notre atelier en plus de voir à son rayonnement sur la scène éducative québécoise, canadienne et francophone.
En troisième lieu, ce sera un espace de collaboration entre les élèves, et ce, autant à l’interne qu’à l’externe. Nous souhaitons que l’atelier de fabrication numérique soit un prétexte pour le réseautage d’élèves à travers le monde. Bien que nous n’ayons pas le choix d’enclaver le tout entre quatre murs, nous ferons le nécessaire pour que les idées et les expériences voyagent à travers le monde. Cette collaboration sera également un laboratoire d’idées et de réseautage pour nos enseignants. Nous sommes persuadés qu’ils y importeront et exporteront des idées.
Quatrièmement, l’atelier sera un espace éclaté où les arts seront à la base de l’acte de création. Il y aura donc un lien direct et une démarche artistique dans tous les projets, et ce, qu’ils soient de nature scientifique, littéraire ou sociale. Les élèves pourront écrire sur les murs et les tables et divers logiciels et outils technologiques permettront aux élèves, par exemple, de dessiner des esquisses, de composer de la musique et de se retrouver devant comme derrière la caméra.
Cinquièmement, ce sera un lieu inclusif. Déjà, après deux rencontres, nous avons formé un comité d’experts et de visionnaires qui partagent leur passion et leur expertise avec le Collège pour permettre la réalisation du plein potentiel de notre espace intégré à notre milieu scolaire. À ces experts et conseillers, des élèves se sont joints au groupe pour permettre de donner une direction claire de nos travaux en gardant toujours à l’esprit qu’il s’agit d’un projet au bénéfice des élèves et de l’apprentissage. Ces derniers, représentant tous les niveaux et se démarquant par leur affection particulière pour la technologie et la créativité au sens large du terme, participeront à toutes les étapes de la conception de l’atelier de fabrication numérique. Nous souhaitons que cela favorise la prise en main du lieu et que ce dernier soit habité dès le début pour éviter qu’il devienne une coquille vide.
Enfin, au-delà de la création et de l’élaboration, nous voulons que les élèves puissent médiatiser leurs inventions et qu’ils les diffusent à travers différents médias. Notre atelier sera doté de caméras, tablettes, ordinateurs et logiciels de montage afin que les élèves puissent, entre autres, monter des balados, des vlogs, divers types de films, etc.
Bref, notre atelier de fabrication numérique en sera un où la création, la pédagogie, la technologie, la collaboration et les médias côtoieront l’entrepreneuriat scolaire et les arts, la culture et les sciences en gardant en tête les préoccupations étudiantes.
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Cet article fait partie du dossier « La mise en place d’un atelier de fabrication numérique (makerspace) », dont voici la liste des articles en ordre antéchronologique.