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Table ronde sur le tableau interactif (Quatrième partie)

Lors du congrès 2010 de l’AQEP, qui s’est tenu à St-Hyacinthe du 3 au 5 novembre dernier, une intéressante table ronde a permis à quatre invités ainsi qu’aux participants de débattre sur le thème des TBI et autres outils technologiques en classe. Aujourd’hui, deuxième question : Quelles recommandations feriez-vous à un(e) collègue qui souhaite intégrer les TIC dans sa classe?

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Lors du congrès 2010 de l’AQEP, qui s’est tenu à St-Hyacinthe du 3 au 5 novembre dernier, une intéressante table ronde a permis à quatre invités ainsi qu’aux participants de débattre sur le thème des TBI et autres outils technologiques en classe. Aujourd’hui, deuxième question : Quelles recommandations feriez-vous à un(e) collègue qui souhaite intégrer les TIC dans sa classe?

Cette table ronde était une initiative de De Marque, entreprise bien établie au niveau des technologies éducatives, qui représente notamment le tableau interactif Activboard, mais qui s’intéresse aussi aux contenus et activités liés aux TBI en général (NDLR : De Marque est aussi l’éditeur de l’Infobourg).

Revoyez l’article Première partie pour la présentation des participants, l’article Deuxième partie pour la discussion autour de la première question du débat, ou l’article Troisième partie pour la deuxième question du débat.

Question 3 : Quelles recommandations feriez-vous à un(e) collègue qui souhaite intégrer les TIC dans sa classe?

Pour discuter de cette question, on demande la participation des gens dans la salle.

Participante : Cette enseignante adore la littérature. Dans sa classe, le temps de lecture est de plus en plus demandé par les élèves au fur et à mesure que l’année avance. Le TBI l’intéresse aussi beaucoup même si elle ne l’utilise pas. Elle se demande où trouver le temps pour s’approprier cet outil, s’il faudrait libérer les enseignants pour qu’ils puissent préparer des leçons, et combien de temps ça prend pour l’utiliser avec efficacité.

Yves Nadon : M. Nadon, en réponse aux préoccupations de la participante, explique qu’il trouve que le TBI, en fait, lui fait gagner du temps! C’est un réel avantage pour lui comme enseignant. Cependant, il souligne qu’il faut avoir un minimum d’expérience avec les ordinateurs, et le transfert est alors rapide. Il a eu une formation d’environ deux heures au début et il est maintenant heureux de gagner du temps de préparation.

Claude Frenette : À son avis, une période d’une ou deux heures, seul avec « la bête », devrait être suffisante pour se familiariser avec les manipulations de base. Il faut l’utiliser en classe pendant un certain temps, une année peut-être, pour être complètement à l’aise, mais il ne faut surtout pas attendre de maîtriser totalement le TBI avant de l’utiliser. « Travailler avec un TBI, c’est complexe, mais pas compliqué : il y a plusieurs façons de l’aborder. Au début, on ouvre une page blanche, pas besoin de préparer les activités. À cela, on y arrive plus tard en comprenant quel genre d’activités aurait avantage à être préparé. On n’a plus besoin d’effacer, on change simplement de page, et on peut revenir à une page précédente pour répondre à une question d’élève. On peut retravailler à l’infini ce qu’on note sur le tableau, c’est la beauté de l’outil et ça fait gagner un temps précieux. » Et il ajoute : « Si vous n’êtes pas habitué(e) à travailler de façon numérique, il faut aussi s’approprier l’ordinateur et ses façons de faire. Comme tel, le TBI est une immense souris qui ne demande pas tant de temps à s’approprier! Ensuite, c’est d’apprendre à connaître les outils, imaginer ce qu’on peut faire avec eux. » Il raconte le cas d’une enseignante qui laissait sa classe ouverte quand elle est était là et encourageait les élèves à venir travailler sur le TBI. S’ils découvraient des choses, ils devaient les montrer à la classe par la suite. Du même coup, les élèves se trouvaient à aider cette enseignante en lui montrant de nouvelles techniques. « Il faut avoir cette ouverture et faire confiance aux élèves. Les élèves sont des natifs, nous sommes immigrants. On a plus d’efforts à faire qu’eux. Comme Yves Nadon disait, les profs doivent être cultivés, doivent être de bons enseignants. Le TBI ne palliera jamais les problèmes si l’enseignant n’est pas passionné, compétent. Si la base n’est pas solide, ça ne donne rien. »

Isabelle Massé : « Je crois qu’il faut idéalement que l’enseignant soit libéré quelque temps, à tout le moins pour avoir une formation ET pouvoir transférer ses apprentissages! Les mettre en pratique! Sinon, on oublie et il faut recommencer. L’utilisation du TBI est infinie et dépend de l’organisation de l’école par rapport à ça, de la priorité qui y est donnée. » À son école, une heure par semaine est consacrée à l’entraide technologique entre enseignants.

Pierre Poulin : Il souligne qu’il entend « innovation, plaisir d’apprendre et éducation » dans une même phrase quand il est question de technologie, et il apprécie!

Participante : Une enseignante de la CS de la Pointe-de-l’Île demande à Pierre Poulin et à Isabelle Massé, qui sont de la même commission scolaire, comment ils arrivent à utiliser Facebook à l’école alors que dans la sienne, l’accès est bloqué.

Isabelle Massé : Mme Massé explique que les technologies sont utilisées depuis longtemps à son école. Elle a pris un virage particulier et, de cela, des subventions permettant des projets spéciaux ont découlé, et notamment la possibilité de déverrouiller l’accès à Facebook.

Participante : Une autre enseignante dit ne pas pouvoir concevoir permettre à ses élèves d’apporter leurs iPod en classe, alors qu’ils sont situés en milieu défavorisé. Elle se questionne sur l’équité et sur le fait d’encourager les iPod quand les enfants n’ont même pas de bottes d’hiver adéquates…

Pierre Poulin : Après avoir précisé que son école, Wilfried-Bastien, est également située en milieu défavorisé, il explique que même en difficulté, 90 % des foyers ont accès à Internet à la maison quand même! Il a vécu des surprises dans son milieu, les parents étant fiers de suivre la tendance technopédagogique même s’ils sont défavorisés, en joignant parfois leurs efforts à ceux d’autres membres de la famille, plus aisés.

Participante : La participante explique au micro que, malgré tout, elle préférerait que les parents amènent les élèves au théâtre, leur achètent des livres, etc. avant de leur offrir un iPod.

Autre participante : Cette enseignante se demande comment contrôler et prévenir les abus au niveau de la technologie. Elle souligne qu’ils ont connu des problèmes du genre à son école, notamment avec les caméras sur les téléphones cellulaires.

Pierre Poulin : M. Poulin indique ne jamais avoir eu de problème du genre à son école. « On présente l’outil comme un outil de travail. On doit enseigner aux élèves comment bien l’utiliser à l’école, lui faire découvrir de nouveaux usages. Oui, on fait un contrôle, mais la disposition de notre classe en tables rondes fait que c’est facile de circuler et de voir les écrans. » Cela dit, les problèmes ne l’inquiètent pas, car il établit des règles très strictes dès le début de l’année scolaire et n’hésite pas à les appliquer pour provoquer un effet de dissuasion.

Claude Frenette : « Concernant les milieux défavorisés, il faut reconnaître qu’il y a une pression sociale très forte qui fait que les gens ont de mauvaises raisons de favoriser l’achat du iPod par rapport à un livre. » Cette situation le désole. Il est conscient que la technologie a ce côté un peu sombre… « Notre rôle est absolument essentiel, il faut prendre nos responsabilités. Bloquer Facebook ou YouTube dans un établissement est aberrant. Interdire, c’est se mettre la tête dans le sable. Les parents ne sont pas nécessairement habilités à guider leurs enfants dans cet univers. Dans le cas d’outils comme les iPod, si les élèves ont des choses signifiantes à réaliser, ils n’ont pas l’idée de faire autre chose, car tant qu’ils sont intéressés, le problème d’écarts de comportement se pose beaucoup moins. S’ils ont accès à ces outils, mais que le contexte n’est pas signifiant, alors c’est effectivement dangereux! »

Participante : Une enseignante de la CS de Laval s’interroge. Ils ont vu l’implantation de laboratoires de « clients légers » (ordinateurs équipés de systèmes et logiciels libres en réseau). Cela devait révolutionner l’utilisation des ordinateurs à l’école, mais ils se sont vite rendu compte que ça n’arrivait pas. Il y avait un flou, le réseau ne supportait pas bien ce nouveau parc informatique. Le projet a été abandonné par souci d’efficacité. Elle a peur qu’on fige encore une fois une technologie avec les TBI. Elle a connu la version 1 du TBI, mais elle croit que c’est déjà désuet, et cela l’inquiète. Elle a enfin eu un portable à la fin de la dernière année scolaire et s’y est initiée pendant l’été, mais elle se demande si ça vaut vraiment la peine de s’investir ou si le principe va aussi passer date aussi vite.

Simon De Jocas, l’animateur : Ces préoccupations rejoignent justement bien la dernière question, dans le contexte où la technologie bouge plus vite que ce à quoi on peut s’adapter…

Isabelle Massé : « Vous avez raison. Tout cela reste des outils. Ce sont des compléments. Oui, ça va vite, mais dans un contexte de société, il faut être ouvert et reconnaître que les jeunes y sont déjà adaptés. Il faut aussi avoir de l’intérêt et y croire, sans oublier la culture bien sûr, mais les deux peuvent être travaillés parallèlement en dosant bien pour mieux rejoindre les jeunes d’aujourd’hui. Avec une direction ouverte, c’est plus facile pour l’école et les enseignants. Il faut aussi de la créativité. Quand il n’y a pas de budget, il faut trouver d’autres façons : sources de financement, projets entrepreneuriaux, organismes qui reconditionnent des ordinateurs (OPEQ)… Il faut y aller autrement et être créatif. C’est possible sans budget, mais alors les mots d’ordre son intérêt, motivation et créativité. »

Pierre Poulin : Cet enseignant d’expérience raconte qu’il a utilisé les technologies en classe entre 1995 et 2002, puis il a abandonné. Pourquoi? Il se sentait incompétent avec les outils qu’il avait en main! En 2003, le directeur de son école a enfin cédé et lui a acheté l’ordinateur de son choix, un Mac avec la suite logicielle iLife, et il a découvert qu’il pouvait faire un site Web très facilement. Alors, il s’est senti compétent. La clé selon lui : l’enseignant doit être à l’aise avec la technologie qu’il utilise, et la direction doit le supporter. Si l’enseignant se sent compétent, ça l’aide aussi à motiver ses élèves. Une petite pensée en terminant : « Ne laissez pas les techniciens déterminer ce qui est pédagogique ou non! »

Yves Nadon : Le coloré enseignant y va de sa propre recette pour survivre aux changements technologiques : « Je n’ai pas une classe techno, j’ai une classe intéressante. Qu’il y ait 6 Mac, 4 iPod, un TBI, 3000 livres, tant mieux, tant que la classe est intéressante! Intéressez-vous à la vie, amenez-la en classe, soyez passionné! »

Claude Frenette : « C’est extrêmement pertinent de parler de technologie qui devient vite désuète. » M. Frenette y va d’ailleurs d’une conclusion très inspirante pour tous les enseignants. Écrire, communiquer, créer : c’est ce qu’on peut FAIRE avec la technologie, ce sont des VERBES. Les « logiciels » et autres applications, ce sont les NOMS. Les NOMS changent, les VERBES restent. « Si on se concentre sur ce qu’on fait, la technologie va changer, mais les actions vont rester, vont évoluer. » Il cite d’ailleurs Marc Prensky, expert en apprentissage, sur cette analogie. « À partir du moment où on comprend ça, on n’enseigne plus comment utiliser un logiciel, mais plutôt comment réaliser une tâche avec la technologie, sachant que dans peu de temps, d’autres outils permettront de le faire différemment, plus efficacement, etc. Un vieil outil peut encore répondre adéquatement à une tâche. Tout est question de doux dosage! » Ses cinq conseils en terminant :

  1. Ne pas apprendre à maîtriser la bête avant de l’utiliser. Faire confiance aux élèves pour vous aider.
  2. Visiter en profondeur les lieux virtuels que les élèves fréquentent. S’en faire en des alliés, pas des ennemis. Chercher des façons novatrices de les intégrer à la classe, et non de les combattre.
  3. Apprendre aux élèves à cultiver leur identité numérique, développer leur esprit critique.
  4. D’une utilisation narcissique de l’Internet par les jeunes, les amener à une utilisation constructive. Par exemple, des élèves lus par un plus large public, comme sur un blogue, font plus attention à leurs fautes.
  5. Ne pas résister pas à la tentation d’exploiter les services locaux du RÉCIT pour vous aider.

Simon De Jocas : En conclusion, l’animateur retient qu’une classe intéressante, une classe interactive, ne présuppose pas un TBI, mais surtout un enseignant, une direction et des élèves qui sont interactifs. Que ce soit avec un livre, un stylo, un ordinateur ou un TBI!

À propos de l'auteur

Audrey Miller
Audrey Millerhttps://ecolebranchee.com
Directrice générale de l'École branchée, Audrey détient une formation universitaire de 2e cycle en technologies éducatives et un baccalauréat en communication publique. Membre de l'Ordre de l'Excellence en éducation du Québec, elle s'intéresse particulièrement au développement professionnel des enseignants, à l'information à l'ère du numérique et à l'éducation aux médias, tout en s'activant à créer des ponts entre les acteurs de l'écosystème éducatif depuis 1999. Elle s'implique cette année notamment dans l'Association Edteq et en tant que membre du comité d'orientation stratégique de l'ACELF.

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