Pierre Lachance et François Guité ont animé un atelier visant à engager le dialogue à propos des ressources éducatives libres au Québec lors du dernier colloque de l’AQUOPS. Retour sur les propos, vus par un étudiant en enseignement.
Par Jérémy Van Ranst
« Il faut distinguer le libre du gratuit. Derrière les ressources libres, il y a du financement. »
P. Lachance
Pierre Lachance, du Service national du RÉCIT en mathématiques, sciences et technologie, gagnant d’un prix CHAPO de l’AQUOPS en 2014, et François Guité, consultant en nouvelles technologies au MELS, ont voulu faire découvrir lors de leur atelier, dans le cadre du 32e colloque de l’AQUOPS, le monde des ressources libres. Dès le début la conférence, les deux animateurs ont précisé que leur but était d’engager un dialogue sur les ressources éducatives libres (REL) au Québec. Ils ont rappelé qu’auparavant, lorsqu’on produisait quelque chose, il y avait forcément une licence propriétaire qui s’appliquait automatiquement : le copyright. Depuis l’avènement du numérique, on observe une démocratisation des ressources et du savoir. Ainsi, de nouveaux types de licences dites « libres » ont vu le jour, telles que Creative Commons (CC) pour ne citer que celle-là. Une des ressources éducatives libres les plus connues est Wikipédia. Le simple fait que tout le monde puisse contribuer à l’écriture des articles de cette encyclopédie en ligne lui a valu un succès fulgurant. En fait, l’idée du libre est de permettre la propagation de l’information sans qu’on ait besoin de demander le droit d’utilisation à son auteur.
De plus en plus, on assiste à l’émergence d’une panoplie de licences. Devant ce fait, les deux animateurs croient qu’il est essentiel d’éduquer au respect du droit d’auteur. « Les jeunes d’aujourd’hui partagent tout, et ne savent plus à qui appartiennent les contenus. Savoir comprendre l’aspect auteur fait partie des compétences informationnelles. »
La notion de REL
Comme l’a expliqué M. Lachance, le RÉCIT s’est penché sur ce phénomène de licence dans le but de faciliter le travail de l’enseignant. L’équipe est partie de la variété de questions que tout enseignant se pose lors de la construction de séquences d’apprentissage, comme « Ai-je le droit ou non d’utiliser et de transférer cette image? » En d’autres termes, comment respecter les droits de l’auteur tout en aidant les apprentissages en classe?
L’enjeu des ressources éducatives libres semble de plus en plus être la qualité des ressources. À cet effet, M. Lachance a précisé que les REL ne sont pas seulement des images, mais peuvent aussi être des cours, des manuels, des logiciels éducatifs, etc. Il estime que par rapport à d’autres pays tels que la France, le Québec est au début de la réflexion dans ce domaine.
Les animateurs ont choisi d’utiliser le logiciel libre Haiku Deck pour réaliser le support visuel de leur présentation. Il permet en effet aux utilisateurs de sélectionner des images libres de droit pouvant se retrouver sur les différents pages.
Pierre Lachance précise qu’il est « impossible que tout soit libre ». Il restera à son avis toujours des choses payantes, non libres d’accès. De plus, le libre ne signifie pas la gratuité. À l’envers du décor, il y a tout un financement qui se passe. Prenons l’exemple du RÉCIT qui met en ligne des outils téléchargeables gratuitement. Les membres de ce réseau sont bien sûr payés pour les fournir aux utilisateurs.
L’ordinateur a doté les individus d’un pouvoir de production. En 2012, l’Unesco a reconnu l’existence des REL comme alternative au copyright. M. Guité a insisté sur le fait que la Déclaration de Paris n’oblige pas les signataires à utiliser des REL. Selon cette déclaration, un REL poussée au maximum de sa liberté devrait pouvoir être utilisée, accessible, adaptée et redistribuée sans aucune compensation.
Voici les 10 clauses de la Déclaration de Paris :
- Favoriser une meilleure connaissance des REL et de leur utilisation (celle qui touche les enseignants);
- Créer des environnements propices à l’utilisation des TIC;
- Renforcer l’élaboration de stratégies et de politiques relatives aux REL;
- Promouvoir la compréhension et l’utilisation de dispositifs d’octroi de licences;
- Soutenir le renforcement des capacités pour élaborer durablement des matériels éducatifs de qualité;
- Favoriser des alliances stratégiques pour les REL (entre les provinces, par ex.);
- Encourager le développement et l’adaptation des REL dans une grande diversité de langues et de contextes culturels;
- Encourager la recherche sur les REL;
- Faciliter le recherche, la récupération et le partage des REL;
- Encourager l’octroi de licences ouvertes pour les matériels éducatifs soutenus par des fonds publics (il ne faut pas les payer une deuxième fois).
Exemples de REL
Voici quelques exemples de REL : Bdfacile / Musée McCord / Le monde en images / Sociétés et territoires / Cartograph / Ligne du temps…
Alors, comment mettre une licence libre sur un document? « Il suffit d’aller sur le site Creative Common, par exemple, et d’y choisir les droits que l’on réserve à notre production pour générer la licence appropriée. »
Pour en savoir plus, on peut consulter la présentation http://recit.org/ul/5zx
Par Jérémy Van Ranst
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Du 15 au 17 avril se tenait à Québec le 32e colloque de l’AQUOPS. Sur place, des étudiants en enseignement de l’Université Laval ont assisté à différents ateliers et livré leurs impressions sur le blogue de l’Association. Cet article est une version éditée de la publication originale de Jérémy Van Ranst.