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Prendre le virage numérique et collaboratif avec ses élèves

Dans la classe de Laurent Di Pasquale, les élèves utilisent activement l'interface Padlet en plus de réaliser un projet en collaboration avec une école danoise.

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Dans la classe de Laurent Di Pasquale à l’Athénée Royal de l’Air Pur à Seraing en Belgique, les élèves utilisent activement l’interface Padlet en plus de réaliser un projet en collaboration avec une école danoise.

Il suffit parfois d’un moment ou d’une rencontre pour parvenir à un « déclic », à une prise de conscience qui nous pousse à repenser nos approches pédagogiques et à progresser dans notre parcours professionnel.

Pour Laurent Di Pasquale, enseignant de sciences sociales et de géographie, ce déclic a eu lieu lors d’un séminaire d’échange « Etwinning » au Danemark auquel participaient de nombreux enseignants du Benelux et des pays nordiques. C’est là qu’il s’est rendu compte du retard accumulé par rapport à ses collègues européens au niveau de l’intégration du numérique et qu’il s’est décidé à explorer de nouveaux outils et de nouvelles idées.

L’École branchée a eu l’opportunité de poser quelques questions à ce jeune enseignant curieux, désormais convaincu que ses pratiques pédagogiques doivent évoluer et aller de pair avec les avancées du numérique dans notre société :

DE L’INTÉGRATION DU NUMÉRIQUE EN ÉDUCATION

École branchée : Pourquoi est-il important à votre avis d’intégrer le numérique en éducation?

Laurent Di Pasquale : Tout d’abord, dans une société « 2.0 » en pleine évolution comme la nôtre, ce serait une erreur de rester bloqué dans nos pratiques. Selon moi, cela pourrait créer un trop gros décalage entre le monde extérieur et l’école. Qu’on le veuille ou non, qu’on y soit favorable ou pas, le numérique occupe une place importante dans de nombreuses tâches de notre vie courante. Ne pas y éduquer nos élèves créerait un fossé difficile à combler à terme, ce qui les désavantagerait d’une certaine manière. Ensuite, en tant qu’enseignant, l’utilisation du numérique offre de nombreuses possibilités supplémentaires au niveau pédagogique! Que ce soit du point de vue de la qualité des apprentissages ou de la motivation des élèves, les bénéfices peuvent être grands si l’on utilise les technologies à bon escient.

École branchée : Avez-vous toujours intégré le numérique dans votre enseignement?

Laurent Di Pasquale : Je vous avoue que je suis en quelque sorte « novice ». En débutant ma carrière, je n’avais pas saisi toute l’importance de ce domaine. En sortant des études, je me suis créé une conception très carrée de ce que devait être l’enseignement, sans prendre en compte les évolutions qui s’offraient à moi.

Mais depuis l’année passée, de nombreuses idées ont germé devant le constat implacable que mes méthodes traditionnelles sur le terrain arrivaient à bout de souffle.

J’ai donc décidé d’être attentif, d’ouvrir les yeux de manière pédagogique sur ce qui m’entourait, en me demandant ce qui pouvait être transposé dans mon enseignement.

École branchée : Est-ce que vos collègues vont dans la même direction que vous? En général, est-ce facile pour vous d’utiliser le numérique en classe? 

Laurent Di Pasquale : De plus en plus oui, et cela est très encourageant je dois dire! Beaucoup d’enseignants ont de merveilleuses idées, mais ont peur de les appliquer puisque cela n’est pas conventionnel. Même si cela fait peu de temps que j’enseigne à l’Air Pur, j’ai déjà eu l’occasion d’expliquer à de nombreux collègues comment utiliser des outils numériques dans leurs cours. Cela est très enrichissant et motivant car l’échange avec eux amène de nouvelles idées et améliore l’utilisation de ces nouveaux outils !

Par contre, je dois vous avouer que le temps à consacrer à ces explications venait à me manquer. Pour plus de facilité, j’ai donc décidé de réaliser des vidéos « tutoriels » que j’ai ajoutées sur ma chaîne YouTube. Mes collègues directs, et le monde enseignant de manière plus large, peuvent les regarder à volonté s’ils le désirent.

A l’heure actuelle et dans mes cours, cela devient de plus en plus facile d’utiliser le numérique dans mes classes. Tout d’abord, nous avons le matériel nécessaire installé dans la plupart de nos locaux, ainsi qu’une direction qui encourage son utilisation (deux choses indispensables pour que cela soit un succès).

Ensuite, le moment le plus dur selon moi, c’est de se lancer. Mais une fois la machine en route, je n’ai plus eu envie de faire marche arrière tant les avantages étaient nombreux au quotidien. Cela me facilite vraiment la vie et améliore la qualité de mon enseignement!

École branchée : Concrètement, comment l’intégration du numérique améliore-t-elle la qualité de votre enseignement?

Laurent Di Pasquale : Prenons par exemple le cours de géographie. Mes élèves de 3ème ne disposent que de 50 minutes de cours par semaine (autant dire rien du tout…). L’utilisation de certains outils numériques me permet de rentabiliser au maximum ce temps.

De plus, l’interactivité se prolonge au-delà de la classe et allonge d’une certaine manière mon cours. Beaucoup d’applications numériques me permettent d’ouvrir mes leçons au monde extérieur, à l’actualité, aux réalités qui nous entourent, ce qui est une source de motivation pour les élèves puisqu’ils rendent les apprentissages plus concrets. Pour citer quelques exemples : nous utilisons fréquemment Google Earth pour localiser des lieux en géographie, nous nous rendons parfois sur Google en sciences sociales afin de vérifier l’origine de certaines vidéos ou images (via une de ses fonctionnalités), nous utilisons l’application Kahoot afin de réaliser ensemble des questionnaires en ligne qui font office d’évaluations formatives.

DE L’UTILISATION DE L’OUTIL PADLET

École branchée : Vous utilisez activement l’interface interactive Padlet. Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs les fonctionnalités de cette application?

Laurent Di Pasquale : « Padlet » est une application gratuite dans sa version de base qui ne nécessite pas de télécharger un programme si l’on utilise uniquement la version sur ordinateur. Toutefois, une application pour smartphone existe, ce qui permet de synchroniser son compte et sa page. J’obtiens alors un support interactif utilisable lors de chacun de mes cours. En temps réel, je peux ajouter des photos, vidéos, articles, réactions des élèves, de manière interactive. Cette application est modulable à souhait, on peut l’organiser comme on le désire par rapport à ses objectifs (mur, étagère, mind mapping, etc..). L’entièreté de mes cours est également téléchargeable sur cette application, ce qui permet aux élèves ayant été absents, ou (malheureusement) ayant perdu les feuilles de cours, de les télécharger pour ne pas prendre de retard. Tout est à portée de main grâce à cette application, ce qui est très pratique pour faciliter les apprentissages. Pour mon cours de géographie par exemple, et lors des tâches plus complexes, les élèves ont sous les yeux les consignes, documents en couleurs et vidéos explicatives (que j’ai tournées et publiées sur ce support) afin de réaliser le travail que je leur demande. La compréhension et les suivis sont nettement favorisés.

École branchée : Qu’en est-il de ses bienfaits pour l’enseignement et l’apprentissage?

Laurent Di Pasquale : Souvenez-vous, mon cours ne dure que 50 minutes. Si je dois me contenter de donner les explications un nombre indéfini de fois, quand aurais-je le temps de m’attarder auprès de chaque élève pour remédier à leurs difficultés individuelles? De plus, une fois rentrés à domicile, les élèves bénéficient des explications du cours, qu’ils peuvent consulter à volonté afin de comprendre les points les plus compliqués. Une des fonctionnalités me permet également de répondre exclusivement aux questions concernant le cours, quel atout! En utilisant tout cela à bon escient, je prolonge donc le temps consacré à mon cours.

La personnalisation de cette application permet également de donner une identité à mon cours et cela motive les élèves. Le Padlet peut s’adapter aux différents thèmes et sujets abordés. Par exemple, j’ai entièrement changé la disposition, le fond d’écran, et les avatars de celui-ci lorsque nous avons commencé à aborder « L’immigration aux USA ». Les élèves aiment ça car cela apporte de la nouveauté et des surprises à chaque thème.

On peut également utiliser cette application dans des exercices où l’élève devra réaliser lui-même son Padlet pour présenter un sujet bien précis. De cette manière, on développe des compétences numériques pouvant être liées aux différents sujets du cours.

Pour résumer, je dirai que les possibilités sont immenses et que la création d’un padlet ainsi que sa personnalisation dépendront des besoins et attentes spécifiques à chaque cours.

École branchée : Quelles sont les retombées pour les élèves de travailler avec Padlet?

Laurent Di Pasquale : La motivation est grande lorsqu’on utilise cette application. L’interactivité permet aux élèves d’être de réels acteurs du cours, et plus seulement « spectateurs ». La personnalisation rend le cours plus agréable et ce, même avec des sujets plus compliqués et plus abstraits.

Au début, les élèves étaient gênés de poser leurs questions sur cette application, mais une fois les premiers lancés, ils se sont vite aperçus de l’utilité de cette fonctionnalité et sont effectivement fiers de partager leur questionnement à l’ensemble de mes classes. Cela a un double intérêt puisque tous les élèves peuvent profiter des réactions de leurs condisciples, quel bel exemple de collaboration!

Ce que je peux observer, c’est que les élèves qui se rendent sur la page Padlet se facilitent la vie. Ils sont nombreux à me remercier car ils trouvent cela génial! Sans s’en rendre compte, non seulement ils manipulent l’outil informatique et numérique dans un intérêt pédagogique (en cours et à domicile) mais en plus, ils exercent leurs compétences numériques. On reproche souvent (et parfois à juste titre), que l’utilisation du numérique peut nuire au développement et à l’apprentissage de l’élève. Dans ce cas-ci, nous avons un bon exemple de retournement de situation. Son utilisation est faite dans un but pédagogique précis, ne desservant pas, mais améliorant la progression de l’élève.

Le cours ne se déroule plus simplement dans l’espace de notre local, mais au-delà du bâtiment, vers l’actualité et le monde.

DE LA PERTINENCE DES PROJETS COLLABORATIFS QUI DÉPASSENT LES FRONTIÈRES

École branchée : Pouvez-vous nous présenter le projet collaboratif que vous réalisez avec une école danoise?

Laurent Di Pasquale : Le séminaire Etwinning auquel j’ai participé cet automne nous a donné la chance de créer des partenariats extraordinaires! J’ai saisi l’opportunité qui s’offrait à moi de faire collaborer mes élèves avec ceux d’un professeur du Danemark sur le sujet si actuel et important des fake news.

Les objectifs de ce projet étaient de faire coopérer nos élèves sur des exercices communs. Les résultats de ces derniers sont publiés sur un Padlet commun servant de synthèse pour nos deux classes (un autre exemple d’utilisation possible de l’application).

Il s’agissait d’expliquer comment identifier une fake news au niveau international, puis de comprendre leur impact dans nos vies actuelles en Europe, à travers de nombreux exemples concrets. Pour y parvenir, nos élèves ont d’abord partagé les connaissances acquises lors des cours via vidéo-conférences et Skype. Le numérique dans ce cas-ci, a permis de synchroniser nos deux classes sur une même tâche en temps réel. Quelle expérience géniale! Par la suite, nos élèves ont tourné de petites capsules vidéo dans lesquelles ils ont expliqué comment identifier une fake news et l’impact qu’elle pouvait avoir sur nos sociétés.

De cette manière, nos élèves ont pu se rendre compte de la similitude des sujets abordés entre la Belgique et de nombreux autres pays. Ici, je décrirai l’utilisation du numérique comme « une fenêtre ouverte vers le monde extérieur ».

École branchée : Quelles ont été les retombées pour les élèves de ce projet?

Laurent Di Pasquale : Ce procédé a permis de développer de nombreuses aptitudes chez les élèves : amélioration de leur confiance en eux, communication, compétences langagières en anglais et compétences numériques.

La difficulté résidait ici dans la langue utilisée car nos élèves n’avaient pas tous le même niveau et certains de mes élèves n’avaient pas opté pour l’anglais en seconde langue.  Cet échange a vraiment été enrichissant pour nos deux groupes! Tous étaient conscients que cela représentait un véritable défi vu la méthode choisie, mais cela s’est avéré être une précieuse source de motivation pour eux ! Face à une tâche complexe, nécessitant la mobilisation concrète de leurs connaissances et leurs compétences, les élèves ont dû se surpasser. Je ne peux que les féliciter!

Ce projet sert maintenant de référence : lorsque l’on aborde une autre activité, les élèves sont conscients de ce qu’ils ont été capables de faire et relativisent donc la complexité de la tâche. Le projet leur a également donné un bon aperçu des nouvelles compétences numériques pouvant être utilisées dans le cadre de l’enseignement, mais également dans leur vie quotidienne.

DE L’IMPORTANCE DE RECONNAITRE SES RÉUSSITES

École branchée : Quelle est la réalisation pédagogique dont vous êtes le plus fier?

Laurent Di Pasquale : Chaque nouvelle méthode qui porte ses fruits ainsi que chaque nouveau projet accompli me rend un peu plus fier et me donne envie de me dépasser pour mes élèves. Mais si je devais en cite une, la voici : mes anciens élèves à besoins spécifiques, portaient malheureusement de nombreux stéréotypes et préjugés à l’égard des personnes immigrantes. Devant cette constatation, mes collègues et moi-même avons pris la décision d’organiser un échange avec une classe d’élèves « primo-arrivants » d’une autre école. Le défi était risqué tant les idées de nos élèves étaient « arrêtées ».

Le résultat de cet échange a été fructueux! En une journée, des liens ont été créés entre les élèves, des moments de rires ont été partagés et des activités leur ont permis de mieux connaître « l’autre » ainsi que les raisons souvent tragiques de leur venue en Belgique. D’une certaine manière, ces élèves sont devenus des passeurs de flambeau, délivrant à leur tour un message de tolérance et d’ouverture.

ET UN MOT DE SAGESSE POUR LA FIN

École branchée : Avez-vous un message ou un conseil à prodiguer à vos collègues de Belgique et du Québec?

Laurent Di Pasquale : Osez innover, osez la créativité! Il n’y a de limites à notre pédagogie que celles que l’on se fixe. Si vous pensez avoir une bonne idée, quelque chose qui pourrait favoriser l’apprentissage et la motivation de vos élèves, n’ayez pas peur de l’explorer. N’hésitez pas à me contacter pour me faire part de vos réactions (positives comme négatives) car c’est ensemble que nous ferons évoluer notre enseignement dans la bonne direction.

À propos de l'auteur

Alexane Saint-Amant-Ringuette
Alexane Saint-Amant-Ringuette
Alexane est rédactrice en chef du fil de nouvelles de l'École branchée en ligne. Elle possède un baccalauréat en relations internationales de l'Université de Colombie-Britannique ainsi qu'une maîtrise en médiation interculturelle de l'Université de Sherbrooke. Elle agit aussi comme conseillère en communication pour l'organisme Idée Éducation entrepreneuriale.

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