Au dernier Sommet de l’iPad et du numérique en éducation, tenu à Montréal les 30 avril et 1er mai dernier, M. François Guité a prononcé une intéressante conférence sur le thème « Pensée et numérique : quels rapports? ». Voir quelques notes pour ceux qui n’y étaient pas et beaucoup de matière à réfléchir…
En introduction de sa conférence, M. François Guité, consultant en éducation au Ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche du Québec (MEESR), affirme qu’il constate avec le recul du temps que son propre rapport à la technologie n’est plus même depuis quelques années. Ceci a des répercussions importantes sur sa façon de penser, notamment. Il dit aussi ne plus apprendre de la même façon. « Je réalise en plus que je ne prends plus de notes de la même façon », ajoute-t-il. Pour lui, le fait de mémoriser n’est plus important. Il préfère réfléchir et synthétiser l’information.
C’est pourquoi lorsqu’il voit des gens, comme Stephen Hawking, prédire la fin de l’humanité à cause des machines, il considère qu’il faut s’arrêter, ne pas paniquer, et réfléchir à tout cela.
M. Guité rappelle que récemment dans l’histoire, l’inventivité a dépassé l’adaptabilité de l’être humain. Par exemple, il mentionne qu’en 2025, l’ordinateur devrait atteindre la même puissance computationnelle que le cerveau humain. « Pas la même intelligence, précise-t-il, mais la même puissance computationnelle ». Selon lui, l’évolution rapide des technologies, ce n’est plus de la science-fiction, mais de la science-friction, c’est-à-dire une tension entre ce qu’on est capable de comprendre et l’ampleur des phénomènes qui émergent.
Il presse les pédagogues de revoir leur discours : « l’ordinateur n’est pas qu’un outil, c’est plus que ça, c’est quelque chose qui nous transforme ». Il fait ensuite référence aux récentes actualités à propos d’une recherche identifiant les sources de sédentarité et le fort attrait des ados pour les « écrans ». « Quand on parle d’écrans, on inclut la télévision, les jeux vidéos et les ordinateurs. Pourtant, avez-vous déjà entendu les médias se plaindre que les jeunes lisent trop? C’est pourtant là aussi une source de sédentarité. »
« Notre métier, en tant que pédagogue, implique de transformer le cerveau des jeunes », exprime-t-il. Cependant, il croit qu’il ne faut pas tenir compte uniquement de l’aspect cognitif de l’intelligence, mais aussi de l’aspect émotionnel, de l’éthique et de la capacité à se projeter dans l’avenir. Ce n’est probablement pas demain que les machines nous rattraperont sur ces points…