Tous les jours, un enseignant vit des situations dans lesquelles les élèves sont totalement émerveillés, fiers ou enfin vainqueurs de cette équation qui leur a donné du fil à retordre. Du même souffle, ils peuvent faire face à un silence stérile, une incompréhension palpable ou une colère face à ce verbe qu’ils n’arrivent toujours pas à conjuguer correctement.
Lorsque les activités qu’il propose créent ce doux pétillement en classe (résonance pédagogique), l’enseignant sait que l’apprentissage qui en ressort pourra être durable et utile pour ses élèves. Au contraire, quand tous ses efforts se dissipent en sourdine, il ne peut que tenter de faire différemment. Mais quoi? Comment?
Faisant suite à un précédent article portant sur le concept de résonance (Rosa, 2022), on se penche cette fois de façon plus directe sur les activités vécues dans une classe dite « en résonance ».
Comment faire résonner ses activités d’apprentissage?
« En traversant l’espace éducatif qu’est l’école, les jeunes devraient entrer dans une disposition qui les rend curieux du monde, de leur vie dans le monde. »
Rosa estime que l’amorce d’une activité aura autant d’impact que l’activité qu’elle déclenche elle-même. Également, tout le déroulement doit s’appuyer sur une confiance mutuelle bien établie. Enfin, l’élève doit être perçu et impliqué comme l’acteur principal de ses apprentissages, soutenu par l’enseignant et les collègues de classe. Voici donc ce qu’il propose plus précisément.
- Introduire vivement les activités : être prédisposé à l’idée que l’élève apprendra quelque chose, qu’il sera atteint par l’activité. La présenter avec l’impact potentiel qu’elles auront dans sa vie et démontrer de l’enthousiasme quant à son déroulement. La travailler de telle sorte qu’elles parlent réellement à l’élève.
- Encourager l’engagement actif : favoriser des activités interactives et engageantes qui intègrent des activités pratiques et expérimentales. Proposer des défis authentiques et suggérer des productions qui seront réellement utiles aux élèves. Chercher à intégrer des projets, des activités ou des lectures qui résonnent avec les intérêts, les valeurs ou les expériences de vie des élèves afin de les rendre plus significatives. Éviter des activités trop encadrées et balisées. Offrir des choix et de la latitude dans l’exécution des étapes à réaliser pour encourager l’autonomie des élèves et ainsi leur donner la possibilité de faire l’expérience de l’efficacité personnelle.
- Favoriser la réflexion et la métacognition : intégrer des moments de retours réflexifs sur les situations d’apprentissage. Proposer des outils d’autoévaluation et d’amélioration continue de leurs apprentissages. Aller jusqu’à prévoir un moment de transférabilité dans la vie personnelle de l’élève. Lorsque l’élève commence à faire quelque chose de plus pour lui-même de la matière qui lui est enseignée, c’est qu’elle résonne pour lui.
Comment faire résonner la rétroaction?
L’auteur aborde la question de l’évaluation à l’école, qui peut tout à la fois alimenter l’estime de soi de l’élève ou le blesser profondément. Encore une fois, instaurer une relation de confiance en classe, permet ensuite à l’élève d’entendre ce que lui dit l’enseignant ou le collègue de manière constructive.
- Prendre en considération les émotions et les perspectives de l’élève : fournir des retours clairs, sensibles et constructifs qui aident l’élève à identifier des domaines spécifiques où il peut progresser et à développer des plans d’action pour y parvenir.
- Encourager la réflexion et l’autonomie : au lieu de simplement fournir des conseils ou des corrections, poser des questions ouvertes qui invitent l’élève à réfléchir sur son propre travail et à identifier des solutions par lui-même à ce qui n’allait pas ou plutôt, pas encore!
- Reconnaitre les progrès de l’élève : encourager l’élève à continuer à s’engager dans le processus d’apprentissage en rendant visible son amélioration, l’aidant à se sentir valorisé pour ses efforts. La capacité à recevoir une critique et d’en faire quelque chose de positif grandit dans la mesure où je me sens valorisé et respecté. À contrario, si je me sens attaqué ou blessé personnellement par la critique, je ne peux plus la ressentir de façon constructive.
Entrevoyons un exemple de situation où l’on considère les émotions, où l’on encourage la réflexion tout en étant positif et clair. Au lieu de dire : « Tu dois parler plus fort », il sera plus utile de dire : « Tu parles tout doucement. Ce que tu dis est vraiment bien. Réfléchissons à une façon de rendre plus convaincant ton message. » Si l’élève est timide et a peur que son message ne soit pas adéquat, il aura tendance à se protéger en parlant à voix basse et il semblera hésitant. Si on lui confirme que son message est bon, il prendra de l’assurance et osera parler plus fort sur un ton plus convaincu et convaincant.
Rosa ajoute que lorsqu’un retour d’expérience ne correspond pas à l’image que l’on a de soi-même, on le perçoit comme un danger. On peut alors être tenté de se placer dans une relation d’aliénation (répulsive).
En somme, la clé de l’enseignement réside dans la capacité à créer un lien profond avec les élèves. Lorsque les activités pédagogiques captivent, inspirent et engagent les apprenants, un processus d’apprentissage significatif s’opère. De plus, des retours constructifs et réfléchis peuvent servir de puissants leviers pour le développement académique des élèves, contribuant ainsi à un environnement éducatif favorable à leur épanouissement et à leur réussite.
Bibliographie :
Rosa, H. (2022). Pédagogie de la résonance : Entretiens avec Wolfgang Endres. Paris : Le Pommier.