Par Audrey Miller
Sous le thème « La coéducation en action : créer des outils et des stratégies école-famille pour un usage réfléchi du numérique et de l’IA », l’atelier animé par Stéphanie Dionne a mis en lumière la nécessité de bâtir une vision partagée entre l’école et la maison pour accompagner les jeunes dans leur rapport aux écrans.
Mieux comprendre pour mieux accompagner
Animée dans l’esprit collaboratif propre au CréaCamp, cette session visait à faire émerger des idées concrètes pour renforcer les liens entre les milieux scolaire et familial, tout en outillant les éducateurs et les parents face aux enjeux du numérique.
Deux axes principaux ont guidé les échanges :
- L’intégration du numérique et de l’IA dans les pratiques pédagogiques : les participants ont analysé les usages actuels à l’école et réfléchi à des façons de les rendre plus compréhensibles pour les familles. Pour être bénéfiques, les outils numériques devraient aider les élèves à progresser, à transférer leurs apprentissages dans des contextes réels ou à accomplir des tâches autrement impossibles.
- La gestion des écrans à la maison : il a été question des préoccupations fréquentes des parents et des moyens de les outiller pour une gestion saine du numérique, notamment en abordant le thème du contrôle parental.

De la restriction à l’éducation
L’un des messages forts de l’atelier : il ne suffit pas de limiter le temps d’écran pour protéger les jeunes. Il faut plutôt les former à adopter un usage réfléchi et équilibré des technologies. L’accent a donc été mis sur la conscientisation, le bien-être numérique et l’autonomie des élèves.
Julien François, professeur à l’Athénée royal de Nivelles, un établissement primaire et secondaire de la Wallonie où tous les élèves disposent d’une tablette iPad, a partagé des initiatives mises en place pour favoriser un usage sain et responsable du numérique, tant à l’école qu’à la maison.
Les participants ont convenu qu’il est essentiel d’impliquer les élèves dans cette réflexion pour qu’ils soient acteurs de leur rapport au numérique, plutôt que de les juger ou de les contrôler. Écoute, dialogue et accompagnement sont au cœur de cette démarche.
Des outils pour engager le changement
L’atelier a également permis de présenter un programme d’accompagnement des familles développé par Stéphanie Dionne. Intitulé « Vers un usage réfléchi et équilibré des écrans », il est basé sur trois étapes clés :
- Amorcer le changement avec la « technique du GPS » (Gestionnaire de projets à succès), une approche simple et dynamique fondée sur trois questions : Qu’est-ce que tu vas faire avec ton appareil numérique? Jusqu’à quand? Et qu’est-ce que tu feras après?
- Ajuster et renforcer la cohérence par le dialogue, afin de surmonter les impasses.
- Convenir d’une entente claire, comme une charte familiale ou un contrat entre parents et enfants.
Une vision commune à construire
Les discussions entre les participants ont souligné que la coéducation nécessite l’engagement de tous les acteurs : directions d’école, enseignants, élèves et familles. Elle ne peut être portée par une seule personne. Une collaboration étroite école-famille permet non seulement de mieux comprendre les réalités numériques des jeunes, mais aussi d’établir une continuité éducative entre les deux milieux.
Une approche efficace consiste à partir des préoccupations des parents pour ouvrir un dialogue bienveillant. L’objectif est de construire une vision commune qui agisse comme repère pour l’ensemble de la communauté de l’école. Cette vision donne un sens aux actions et favorise la cohésion autour des enjeux numériques.
L’Athénée royal de Nivelles propose d’ailleurs un outil original pour aller plus loin : un robot conversationnel conçu pour aider à créer une charte numérique familiale.
Retombées concrètes et partages inspirants
Au terme de l’atelier, plusieurs constats ont émergé. D’abord, de nombreux enseignants et futurs enseignants présents ont pris conscience de l’importance d’inclure les familles dans leurs réflexions pédagogiques liées au numérique. D’autres ont exprimé le besoin d’une mobilisation collective au sein des équipes-écoles pour assurer la cohérence des messages transmis aux jeunes.
Sur le terrain, des initiatives créatives ont été partagées, comme des activités d’introspection avec les élèves pour favoriser le bien-être numérique. Encore une fois, l’accent a été mis sur l’éducation et l’autonomie, plutôt que sur les interdits.
Julien François a conclu avec une métaphore parlante : celle du crayon. Un projet collectif commence par quelques pionniers (la pointe), s’élargit à ceux qui suivent (le corps du crayon), puis atteint les plus réticents (la gomme), dont l’influence diminue au fil du temps. Une image forte pour illustrer la coéducation : un processus lent, progressif, mais profondément inclusif.

Cet atelier du CréaCamp Express de Ludovia#BE 2025 a semé des idées et des pratiques prometteuses pour un numérique éducatif plus humain, plus conscient et véritablement partagé entre l’école et la maison.
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L’École branchée remercie l’Agence du numérique éducatif (AdN) de la Wallonie et le Ministère des Relations internationales et de la francophonie du Québec, dans le cadre du 13e appel à projets Québec – Wallonie-Bruxelles, pour la biennie 2024-2026, pour avoir permis la participation à cet événement.






