Montréal – On parle depuis longtemps des X et des Y, mais voilà que les C font leur apparition. La génération des C est de plus en plus présentes dans les milieux de travail et dominent dans les écoles.
Le Colloque de l’Observatoire Jeunes et Société Génération numérique : pour une sociologie du cyberespace organisé par l’Institut national de recherche scientifique (INRS) dans le cadre du 78e congrès de l’ACFAS, a rassemblé plusieurs spécialistes des « C » à l’Université de Montréal.
Les C québécois
Le Centre francophone d’informatisation des organisations (CEFRIO) étudie les C depuis 2008. Avec un million et demi de québécois qui ont grandi avec les nouvelles technologies, le Québec doit essayer de comprendre comment ces jeunes se comporteront comme citoyens, mais aussi comme employés et consommateurs, selon le directeur de projet, Philippe Aubé.
Selon l’étude, réalisée par le CEFRIO auprès de 2 020 jeunes de 12 à 24 ans de toutes les régions du Québec, les C sont très nombreux à utiliser le clavardage, le courriel et les réseaux sociaux, mais peu d’entre eux ont les habilités technologiques nécessaires pour créer un blogue, mettre des vidéos en ligne ou encore utiliser des wikis.
Ainsi, 80% des utilisateurs d’Internet seraient des spectateurs alors que seulement 24% des jeunes créent du contenu.
L’étude a aussi révélé que les grands utilisateurs d’Internet sont aussi ceux qui s’expriment le plus sur les grands enjeux sociaux, ce qui fait dire à Philippe Aubé qu’Internet est une nouvelle plate-forme d’engagement qu’il faudra prendre en compte à l’avenir.
Les risques de l’exclusion numérique en Belgique
Gérard Valenduc, des Universités de Louvain-la-Neuve et de Namur s’est intéressé aux jeunes de 16 à 25 ans dits « off-line ».
Son étude, réalisée à la demande du ministère de l’Intégration sociale en Belgique, révèle que 9% des jeunes belges sont « off-line ou quasi off-line », c’est-à-dire qu’ils utilisent Internet uniquement une fois par trimestre.
Selon le professeur Valenduc, cette situation s’explique par une « multiplicité de situations accumulées telles que des parents et un entourage à l’écart du Web, la qualité de l’habitat, une situation de handicap ou encore la précarité. »
L’étude a aussi révélé que le problème chez les « off-line » est le fossé entre leurs utilisations réelles et celles attendues par les employeurs qui est plus important que chez les jeunes plus branchés.
Le défi est donc de créer « des passerelles entre le loisir et ce qu’on attend d’eux », explique Gérard Valenduc. « La formation des enseignants et des intervenants sociaux est donc essentielle. »
Les « téléchargeurs »
Martin Têtu de l’INRS s’est intéressé à la cartographie d’un réseau pair-à-pair québécois. Pendant quatre semaines, il a analysé les échanges de contenu culturel à travers un logiciel particulier afin de voir si le Web social était uniquement le terrain de jeu des natifs du numérique.
Ses observations sont étonnantes. Non seulement les résultats sont homogènes selon les pays francophones (Québec, France, Suisse) mais les C ne sont pas les seuls à utiliser le Web social. Selon cette étude, le facteur générationnel aurait donc peu à voir avec la quantité de téléchargements de contenu culturel. Il s’agirait donc plutôt d’un état d’esprit, d’une mentalité.
Les trois conférenciers sont unanimes : malgré la croyance populaire, les jeunes n’ont pas d’habiletés élevées dans leur utilisation des TIC. La formation des enseignants est essentielle pour assurer la réussite des élèves sur le marché du travail.
Pour visiter le site internet de l’Observatoire Jeunes et Société de l’INRS : www.obsjeunes.qc.ca/.
Par Marie-Philippe Gagnon-Hamelin