L'École branchée, un organisme à but non lucratif

Facile ou difficile? Les conséquences possibles du choix des mots

Les enseignants sont nombreux à accompagner leurs consignes de mots qui se veulent encourageants pour les élèves. Combien de fois avez-vous souhaité encourager vos élèves en leur disant que la tâche était facile? Ou difficile, mais qu’ils peuvent y arriver? Probablement souvent. Mais est-ce que c'est aidant? Notre collaboratrice s'est posé la question.

Publié le :

Classé dans :

Attention! Ce contenu a été mis à jour il y a plus de 3 ans. Il pourrait contenir des liens qui ne fonctionnent plus. N'hésitez pas à nous écrire si vous en trouvez!

Array

 « Je vous laisse quelques exercices faciles en devoir.
Ne soyez pas inquiets, ça va vous prendre quelques minutes seulement. »

Les enseignants sont nombreux à accompagner leurs consignes de mots encourageants pour les élèves. Ces commentaires visent à augmenter la participation des élèves pour qu’ils aient la pratique nécessaire afin de consolider les notions. Combien de fois avez-vous encouragé des élèves en leur disant que la tâche est facile? Ou que c’est difficile, mais qu’ils peuvent y arriver? Mais est-ce que ce genre de commentaire est aidant? 

En disant « c’est facile », l’intention est que les élèves n’anticipent pas la tâche comme une corvée parce que si c’est le cas, ils risquent de ne pas le faire. Mais qu’est-ce qui se passe exactement quand une tâche est qualifiée de facile? 

Prenons quelques secondes pour y réfléchir. Si un exercice est facile, l’élève qui le complète ne sent pas qu’il a beaucoup de mérite de l’avoir réussi puisque l’enseignant a dit que c’était facile. Il aura la pratique désirée, mais accomplir des tâches faciles n’augmente pas le sentiment d’auto-efficacité. 

Imaginons maintenant que l’élève ne soit pas en mesure d’accomplir la tâche. C’est une chose de ne pas être capable de trouver toutes les réponses, mais un élève qui n’est pas en mesure de les trouver dans les activités faciles, c’est difficile pour l’estime de soi. Du point de vue d’un élève, s’il réussit une tâche facile, il n’a pas de mérite. S’il échoue, il est vraiment pitoyable. 

« Celui-ci est difficile, mais j’aimerais que vous l’essayiez quand même. »

Ce type de commentaire accompagne parfois une tâche plus complexe ou exploratoire. Encore une fois, qu’est-ce qui se passe exactement quand une tâche est qualifiée de difficile? 

L’élève fort et motivé risque de prendre ce commentaire comme un défi et d’y mettre beaucoup d’efforts. Cependant, d’autres risquent d’interpréter ce commentaire comme une bonne raison pour abandonner ou même ne pas utiliser les stratégies enseignées. 

La qualification des tâches en termes de difficulté a donc des effets délétères, souvent sous-estimés, chez les élèves. Mais comment faire pour encourager les élèves et les guider dans l’effort nécessaire sans utiliser ces qualificatifs? En misant sur leur réussite et les moyens pour y arriver. Voici quelques exemples.

  • « Maintenant que vous avez les stratégies, il ne vous reste plus qu’à les appliquer dans les exercices suivants. » 
  • « Le devoir est une seule page de lecture. » 
  • « C’est une pratique : le seul but de cette pratique est de vous rendre meilleur. »
  • « On essaie quelque chose; au pire, tu l’auras bon. Mais ne rien essayer te garantit un échec. »
  • « C’est la première fois que nous travaillons ce type de tâche. Référez-vous à l’exemple donné (ou aux notes, aux exercices corrigés…) »

Accompagner ces commentaires d’un plan B est aussi très pertinent et aidant : « si ça ne fonctionne pas, viens me voir et je trouve une autre solution / je t’explique d’une autre façon. »

Ce petit changement de vocabulaire augmente le sentiment d’auto-efficacité des élèves et l’implication dans la tâche. En plus, il requiert peu d’effort de la part de l’enseignant, donne des résultats, et peut être implanté sans préparation. 

Et vous, quels sont ces petits trucs qui vous font voir toute une différence chez vos élèves?

À propos de l'auteur

Mrs Prof
Mrs Prof
Détentrice d’un baccalauréat en enseignement, elle est présentement candidate à la maîtrise en éducation. Elle s’implique auprès de diverses organisations afin d’outiller les enseignants et d’améliorer les diverses facettes de l’enseignement et de l’apprentissage au Québec.

Vos commentaires

Pour commenter un article et y ajouter vos idées, nous vous invitons à nous suivre sur les réseaux sociaux. Tous les articles y sont publiés et il est aussi possible de commenter directement sur Facebook, Twitter, Instagram ou LinkedIn.

Recevez l'infolettre Hebdo

Recevez l'infolettre Hebdo mardi #Actu et vendredi #DevProf pour ne rien manquer des nouveautés de l'École branchée!


Faites briller vos projets pédagogiques et pratiques gagnantes!

Chaque histoire positive a le potentiel d'inspirer d'autres acteurs de l'éducation à innover pour améliorer la réussite éducative! L'École branchée vous offre ses pages pour faire circuler l'information dans le milieu scolaire, alimenter la veille professionnelle et valoriser les initiatives émanant du terrain. Allez-y, proposez-nous un texte! >

Reproduction de textes

Toute demande de reproduction des articles de l'École branchée doit être adressée à l'organisme de gestion des droits Copibec.

À lire aussi

Stratégies et outils pour repenser son évaluation

Passer de la théorie au concret pour repenser l’évaluation… cela peut sembler difficile. Laurie Couture, conseillère pédagogique à l’École branchée, propose une stratégie pour aider les enseignants à revoir leurs façons d’évaluer.

Quels sont les 7 éléments qui font que les étudiants préfèrent les cours en classe aux cours à distance?

Et si on cherchait à mieux comprendre ce qui « manque » dans l’enseignement à distance pour tenter de le recréer? Un groupe d’étudiants de l’Université York, à Toronto, a relevé sept éléments des cours en présence qui leur manquent le plus. Nous vous les présentons avec quelques pistes de solution.

5 éléments à considérer pour dynamiser votre plan de travail

La poursuite de l’enseignement et de l’apprentissage en ligne nécessite des adaptations. Comment et quoi adapter dans son plan de travail pour garder son enseignement efficace tout en gardant la motivation des élèves?