Alors que tous les aspects de nos vies sont affectés par les technologies numériques et que l’innovation accélère, il existe un urgent besoin de mieux outiller les citoyens québécois pour qu’ils en saisissent pleinement le potentiel et qu’ils puissent en tirer parti. Il s’agit de l’objectif derrière l’émission En ligne, diffusée sur les ondes de Télé-Québec, qui en est à sa deuxième saison.
« Tout est influencé par le numérique. Par contre, il existe peu d’initiatives grand public pour améliorer la littératie numérique de la population québécoise », indique Nellie Brière, consultante en littératie numérique et vulgarisatrice des technologies depuis de nombreuses années. Elle est l’experte de contenu derrière l’émission.
Au fil des ans, elle a accumulé de nombreux contenus en lien avec l’utilisation des technologies. Elle est aussi constamment à l’affût des nouveautés. Elle a toujours cru qu’il fallait en faire plus pour aider les gens, les jeunes en particulier, à s’approprier l’univers numérique, mais elle n’avait pas encore trouvé le bon véhicule. Elle dit que l’élan a été créé lorsque la boîte de production Attraction Image et le diffuseur public Télé-Québec se sont montrés intéressés par un concept d’émission de vulgarisation du numérique.
Ainsi, En ligne, animée par l’humoriste Mehdi Bousaidan qui est appuyé par des interventions de Nellie Brière, vise à permettre aux spectateurs d’acquérir de nouvelles connaissances, de découvrir des conseils pratiques et de démystifier des notions essentielles pour adopter de bonnes pratiques en ligne et ainsi devenir de meilleurs citoyens à l’ère du numérique.
La première saison, diffusée en 2022, comptait 12 épisodes. La deuxième saison en compte 24 et ceux-ci sont en cours de diffusion jusqu’en avril 2023. Tout est en place pour une troisième saison, qui reste à être confirmée. Les cyberfraudes, les réseaux sociaux, la pollution numérique, les assistants vocaux, la protection des renseignements personnels, tous les sujets en lien avec le numérique sont abordés.
« Le défi est de traiter des sujets d’actualité et de s’assurer que les épisodes pourront vivre dans le temps. Il faut être à jour et pérenne en même temps alors que l’univers numérique est en constante évolution. Dans tous les cas, nous présentons des informations dans un contexte de neutralité, avec des bases scientifiques, toujours dans un objectif d’éducation populaire », fait remarquer l’experte de contenu.
Rejoindre les jeunes
L’une des préoccupations majeures de Nellie Brière est de rejoindre les jeunes. « On leur a mis des appareils électroniques entre les mains, mais on ne leur a pas montré comment les utiliser à bon escient! On sait bien qu’ils n’écoutent pas la télé. Alors, la façon de les rejoindre est de passer par leurs enseignants et leurs parents, qui, eux aussi, ont bien besoin d’être mieux outillés pour entretenir le dialogue avec les jeunes. »
Elle compte donc sur le fait que les parents regardent l’émission, comprennent mieux l’univers numérique et en discutent plus aisément avec leurs enfants par la suite. De plus, de nombreux segments de l’émission sont disponibles sur la plateforme Télé-Québec en classe et peuvent être utilisés par les enseignants lors de leurs cours. Des pistes pédagogiques sont proposées pour certains épisodes.
Signe que l’émission touche la cible, elle a reçu le Prix de reconnaissance jeunesse en littératie numérique l’automne dernier.
« Cessons d’avoir peur de la technologie! »
Le développement des compétences numériques se fait encore au compte-goutte dans de nombreux milieux, déplore la spécialiste. Que faudra-t-il pour accélérer la cadence et permettre au plus grand nombre de développer une meilleure compréhension et une utilisation optimale des technologies?
« Il faudra d’abord vaincre la technophobie ambiante. Tant qu’il y aura de la résistance face à l’utilisation des outils numériques et qu’on ne fera que parler des côtés plus négatifs, on entretiendra un climat d’anxiété et d’immobilisme », soutient Nellie Brière.
Elle déplore par exemple le fait qu’on juge beaucoup les adolescents par rapport au nombre d’heures qu’ils passent en ligne chaque jour. Cependant, ils sont très nombreux à entretenir des relations sociales par le biais des technologies. « Avant, on passait des heures au téléphone. Maintenant, c’est en ligne! »
Après le succès de l’émission, elle rêve maintenant du jour où seront créés des pôles de création numérique dans les écoles québécoises, question de faire en sorte que les jeunes deviennent des créateurs de culture numérique, et pas seulement des consommateurs!