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Comment le cerveau génère-t-il des idées créatives ?

Les idées créatives ont des origines variées. Environ une personne sur deux croit qu’elles sont le fruit d’une inspiration soudaine. En fait, la créativité serait le reflet d’une collaboration entre le travail conscient et inconscient du cerveau. Voici ce qu'on découvert deux chercheurs de l'Université du Québec à Montréal.
Temps de lecture estimé : 7 minutes
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Table des matières

Lorsque nous comprenons mieux l’origine des idées créatives et les processus utilisés par le cerveau pour les produire, nous sommes mieux à même de mettre en place des stratégies pour favoriser notre potentiel créatif. (Shutterstock)

Par Pier-Luc de Chantal, Université du Québec à Montréal (UQAM) et Claudelle Houde Labrecque, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Vous êtes-vous déjà réveillé un matin avec une solution miraculeuse à l’un de vos problèmes, ou même avec une idée créative de recette aux bananes ? Les idées créatives ont des origines variées, mais environ une personne sur deux croit qu’elles sont le fruit d’une inspiration soudaine.

Ce mythe laisse croire que les idées créatives naissent d’elles-mêmes, sans qu’il soit possible de les contrôler ; comme si le cerveau travaillait de manière inconsciente.

Qu’en est-il vraiment ?

En fait, la créativité serait le reflet d’une collaboration entre le travail conscient et inconscient du cerveau.

Chercheur et chercheuse en psychologie, nous tenterons de résumer plusieurs années de recherche en psychologie cognitive et en neurosciences pour décrypter comment le cerveau produit des idées créatives.

Woman showing her head and handling a light bulb
L’approche cognitive appliquée à l’étude de la créativité se concentre sur les composantes de la pensée impliquées dans la production d’idées originales. (Pexels)

Avant tout, qu’est-ce qu’une idée créative ?

Une idée créative doit être à la fois originale et utile. La farine peut être utilisée comme savon à plancher – une idée originale, mais très peu utile. En revanche, la farine peut également être transformée en balle antistress : il suffit de la mélanger à de l’eau, puis de l’envelopper dans un ballon. C’est une idée originale, et plutôt utile si vous n’avez pas de balle antistress à la maison. Y aviez-vous pensé ?

La créativité d’une idée s’évalue à la lumière de sa qualité, mais également selon le processus utilisé pour la produire et les connaissances de la personne qui la crée. Autrement dit, la même idée peut être créative pour une personne et banale pour une autre. Les idées créatives auxquelles vous pensez tous les jours ne resteront sûrement pas dans les annales de l’histoire. Il ne faut pas s’attendre à ce que votre nouvelle recette de pain aux bananes soit exposée aux côtés des idées révolutionnaires de Léonard de Vinci.

Pourtant, il s’avère que les processus à l’origine de ces idées ne sont pas si différents, puisqu’ils sont soumis à des règles similaires.

Voyons certaines de ces règles.

Le cerveau produit rarement des idées créatives en premier

Les idées sont en compétition les unes avec les autres, et les idées peu originales sont souvent les premières produites. Si l’on vous demande de trouver des façons originales d’utiliser de la farine et du lait, votre cerveau produira spontanément une idée de recette en premier. Les idées originales sont souvent produites par la suite.

Pourquoi est-ce ainsi ?

Tout d’abord, le cerveau travaille de manière inconsciente. Il organise les connaissances de façon à activer les souvenirs et les connaissances qui sont fortement liés les uns aux autres. Par conséquent, le cerveau a rapidement accès à des idées peu originales, puisqu’elles sont facilement disponibles.

Si vous ouvrez votre garde-robe, les vêtements les plus proches seront probablement ceux que vous portez le plus souvent. Vous devrez aller plus loin dans votre armoire pour diverger de vos vêtements habituels. Par analogie, vos vêtements sont à votre garde-robe ce que vos souvenirs et vos connaissances sont à votre mémoire.

Or, contrairement au choix d’un vêtement, l’activation des connaissances se ferait en partie en dehors du contrôle de la personne, de manière automatique et relativement inconsciente. Cette activation met du temps – il faut donc persévérer pour trouver des idées créatives !

Le cerveau travaille également de manière consciente. Il faut parfois faire un effort mental et utiliser des stratégies divergentes pour trouver des idées créatives. Par exemple, si l’on vous demande d’imaginer plusieurs recettes à base de crème, vous penserez peut-être, au bout d’un moment, à transformer la crème en beurre plutôt que de l’utiliser dans son état naturel. C’est une nouvelle stratégie !

L’effort mental permet également d’éliminer les idées peu originales et répétitives qui viennent naturellement à l’esprit. C’est ce que l’on appelle la gestion des interférences. En fait, quelques études de neuro-imagerie ont montré que l’effort mental dans la créativité est associé aux parties du cerveau responsables des fonctions qui permettent de planifier, d’organiser et de réguler les comportements et les pensées.

Le cerveau a besoin de faire des pauses

La créativité implique un travail du cerveau à la fois conscient et inconscient. Les pauses facilitent les deux, soit en permettant au cerveau de récupérer, soit en laissant l’activation des souvenirs et des connaissances se dérouler naturellement.

Plusieurs études ont montré que la distraction peut favoriser le processus créatif. Lorsque nous cessons de penser consciemment à un problème et que nous nous distrayons, le cerveau continue à tisser des liens entre les idées et n’est pas affecté par vos pensées conscientes. Une fois revenu au problème, l’accès à des idées plus éloignées est facilité !

Par exemple, si vous souhaitez élaborer de nouvelles idées de recettes à partir de vos restes, ces idées seront peut-être plus créatives au terme d’une pause de quelques minutes après avoir dressé la liste des ingrédients.

jeunes professionnels en réunion
Environ huit personnes sur dix pensent que le remue-méninges est utile à la créativité. (Shutterstock)

Le cerveau se fixe sur les exemples

Les exemples sont risqués, puisque votre attention risque de s’y fixer ! Environ huit personnes sur dix pensent que le remue-méninges est utile à la créativité. Au contraire, éviter la fixation sur les idées des autres, surtout si elles ne sont pas très originales, exige du cerveau un travail conscient et contrôlé important. Il est préférable de commencer à réfléchir par soi-même, puis de combiner ses idées avec celles des autres ensuite !

Si vous désirez créer une recette et que, par un malheureux hasard, vous découvrez la recette de pain aux bananes de votre grand-mère, vous aurez peut-être du mal à en imaginer une qui s’en éloigne.

Le cerveau créatif fonctionne selon des règles, et lorsque nous connaissons ces règles, nous pouvons les utiliser à notre avantage. Cependant, il faut aussi reconnaître que la créativité consiste souvent à enfreindre les règles !

Il n’y a pas 100 façons de faire du pain aux bananes… vraiment ?

Par Pier-Luc de Chantal, Professeur en psychologie, Université du Québec à Montréal (UQAM) et Claudelle Houde Labrecque, Étudiante au doctorat en psychologie (PhD), Université du Québec à Montréal (UQAM)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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