Le Conseil supérieur de l’éducation (CSÉ) a récemment rendu public un avis intitulé « Le bien-être de l’enfant à l’école : faisons nos devoirs ». Il faut savoir que les avis du CSÉ ne font que très peu jaser dans les salons du personnel des écoles québécoises. Souvent théoriques et sans force de loi, ces avis passent rapidement sous silence sur le terrain. Pourtant, dans ce récent rapport, le CSÉ ne mâche pas ses mots pour décrire la détresse psychologique des élèves québécois. Il dresse un portrait dur des difficultés d’adaptation des jeunes à l’école, il identifie les facteurs qui contribuent à ce constat navrant, il nomme des facteurs de protection à mettre en place et propose des recommandations.
Le rapport indique une forte progression des troubles anxieux et de dépression, même chez les plus jeunes élèves, de 4 à 17 % selon les études rapportées. Voilà un bien triste constat. Le bien-être étant lié à la santé physique et mentale, le Conseil conclut que « trop d’enfants ne vont pas bien ».
Des facteurs de protection connus
Le CSÉ rappelle les facteurs de protection connus, liés à l’environnement de l’enfant, qui contribuent à son bien-être. Parmi ceux-ci, on retrouve le sentiment d’efficacité personnelle, le sentiment d’appartenance, le bien-être du personnel scolaire, les pratiques pédagogiques et évaluatives et le soutien aux enfants en difficulté. Rien de neuf ici, mais l’accent est mis cette fois sur le bien-être de l’enfant et non exclusivement sa réussite scolaire.
Des recommandations pour tous
Puisque tout bon rapport du Conseil se termine par des recommandations, celles proposées dans ce dernier avis sont facilement applicables sur le terrain et se basent sur le principe de bienveillance. Aux acteurs de l’éducation, le CSÉ recommande de 1) considérer l’enfant comme un acteur de son bien-être, 2) développer les compétences sociales et émotionnelles de l’enfant, 3) soutenir le développement professionnel du personnel scolaire et 4) améliorer la collaboration entre tous les intervenants qui gravitent autour de l’enfant. Mais la plus forte recommandation, adressée aux élus et décideurs, consiste à donner un accès universel aux services d’aide psychosociale à tous les jeunes.
Pour que le rapport ne dorme pas sur une tablette
Alors maintenant, on fait quoi? Conscient que les cadres et le personnel scolaire n’ont pas le temps d’analyser les 192 pages du rapport, le CSÉ propose des outils pour faciliter les discussions autour de son rapport et la prise d’actions concrètes. D’abord, pour amorcer la réflexion, une vidéo de 10 minutes résume les principaux points. Le format est parfait pour les médias sociaux et le courriel. Ensuite, pour le salon du personnel, un napperon propose une infographie très simple, un excellent point de départ pour une discussion en équipe-école. Finalement, une version « sommaire » du rapport, parfaitement digeste, résume les principaux aspects en 16 pages. Chaque école peut ainsi amorcer les discussions, évaluer la situation et appliquer les recommandations par des moyens adaptés à sa réalité.
La confinement et l’école à maison ont montré combien l’école constitue un milieu de vie incontournable dans le développement l’enfant. Avec ce rapport, le CSÉ a fait ses devoirs. Il dresse un constat lucide et fait des recommandations qui sont applicables, sans nécessiter une réforme du système.