Avec plus de dix ans d’expérience à accompagner des élèves dans des écoles du Nouveau-Brunswick, Josée Lévesque a présenté des approches concrètes pour développer des apprentissages authentiques et mobiliser les jeunes francophones dans un contexte où leur engagement et leur rétention scolaire sont parfois fragiles.
Des défis réels pour les jeunes francophones
Josée a débuté en parlant des enjeux contemporains auxquels font face les écoles francophones de la province : la pénurie de main-d’œuvre, le départ des jeunes pour poursuivre leurs études ailleurs, la baisse des résultats scolaires et le désengagement. Face à ces défis, les employeurs recherchent des jeunes capables de développer des compétences du 21e siècle, d’être innovateurs et de prendre des initiatives. L’enjeu pour les écoles est donc de conserver les élèves francophones et de les préparer à s’impliquer dans leur communauté, tout en favorisant leur développement global.

L’esprit entrepreneurial et expérientiel
L’atelier a mis en lumière une approche qui combine apprentissages académiques et développement des trois compétences globales qui font partie du profil de sortie d’un élève du système scolaire acadien et francophone du Nouveau-Brunswick : compétence socioaffective (personnelle, interpersonnelle), compétence cognitive (pensée critique, pensée créative et novatrice) et compétence communicative (traitement de l’information, exploitation des médias). Josée et son équipe encouragent les élèves à prendre en main leur propre apprentissage, à développer leur leadership et leur esprit d’initiative, tout en consolidant leurs connaissances et compétences. Cette démarche s’inscrit dans une vision d’école communautaire et entrepreneuriale, initiée il y a vingt ans, et célébrée lors du congrès IDÉE 2025, organisé par IDÉE éducation entrepreneuriale en collaboration avec le DSFS, au Nouveau-Brunswick.
L’un des principes fondamentaux est l’authenticité des apprentissages : les élèves réalisent des tâches concrètes et significatives, en lien avec le monde réel. Chaque projet est conçu pour permettre aux jeunes de réfléchir sur eux-mêmes, d’identifier leurs forces et leurs défis, et de développer des compétences cognitives et communicatives, tout en expérimentant des situations proches de leur future vie professionnelle.
Mettre les élèves au centre : visualisation et flexibilité
Josée souligne que la visualisation et la préparation des projets par les élèves eux-mêmes favorisent leur engagement et leur responsabilisation. Les journées d’apprentissage sont flexibles, permettant aux élèves d’explorer différents ateliers, de travailler sur des projets personnels, de rencontrer des conférenciers ou des acteurs de la communauté, et de relier leurs expériences au curriculum.
Au secondaire, les élèves peuvent participer à des stages et des programmes coopératifs à court terme, ce qui leur permet d’explorer des métiers, de se situer dans le monde du travail et de faire le lien entre théorie et pratique. Certains projets intègrent également l’entrepreneuriat, où les élèves deviennent gestionnaires de projet, investigateurs et coordinateurs, développant ainsi un ensemble de compétences transférables à la vie professionnelle et personnelle.
Exemples de projets
L’atelier a présenté plusieurs projets inspirants illustrant cette approche :
- Projet « Pépère boîte à lunch » à Shédiac : les élèves collaborent avec un citoyen local pour organiser un marathon de levée de fonds destiné à soutenir les petits déjeuners pour enfants. Ce projet annuel favorise la planification, la collaboration et l’engagement communautaire.
- Activités intergénérationnelles : des projets avec des foyers pour personnes âgées utilisent les nouvelles technologies pour prévenir les arnaques et développer des compétences numériques, tout en tissant des liens sociaux.
- Découverte des métiers et salons professionnels : dès la 6e année, les élèves peuvent participer à des ateliers manuels et à des activités de bénévolat, favorisant la découverte des métiers et la sensibilisation aux besoins de la communauté, en particulier dans les secteurs touchés par la pénurie de main-d’œuvre.
Ces projets démontrent comment les apprentissages expérientiels permettent aux élèves de vivre des situations authentiques, de réfléchir sur leurs choix de carrière et de développer des compétences essentielles telles que la résolution de problèmes, la collaboration et la communication.

Une expérience expérientielle… pour les participants!
Fidèle à sa philosophie, Josée a elle-même intégré une dimension expérientielle à son atelier. Les participants ont été invités à se mettre en mode résolution de problème, en travaillant en équipe pour trouver des arguments convaincants à présenter à divers acteurs – parents, membres de la communauté et employeurs – afin de les persuader des bienfaits de l’apprentissage expérientiel. Cet exercice participatif a permis à chacun de vivre concrètement la démarche proposée, tout en illustrant la force de la collaboration et de la réflexion collective. L’activité a su rallier et inspirer les participants par son authenticité et sa pertinence.

L’impact sur les compétences du 21e siècle
Au cœur de la démarche expliquée par Josée, il y a la conviction que les apprentissages expérientiels préparent les élèves à être des citoyens actifs et engagés, capables d’innover, de travailler en équipe et de réfléchir de manière critique — et pas juste dans un avenir, mais dès maintenant! En combinant savoirs académiques et expériences concrètes, cette approche favorise :
- le développement du leadership et de l’autonomie;
- la capacité à résoudre des défis réels;
- la connaissance de soi et de ses forces;
- le renforcement des compétences cognitives et communicatives;
- la connexion entre l’école et la communauté, offrant un cadre concret pour appliquer les connaissances.
Une approche inspirante pour la francophonie minoritaire
Pour les enseignants et acteurs de l’éducation francophone au Canada, cet atelier a illustré que mettre les élèves au centre de leur apprentissage, à travers des projets authentiques et expérientiels, est une stratégie efficace pour renforcer l’engagement et la réussite scolaire.
Dans le contexte de la francophonie minoritaire, où la motivation et l’attachement à la langue sont des enjeux constants, ces pratiques montrent qu’il est possible de créer des environnements d’apprentissage stimulants, connectés à la communauté et porteurs de sens pour les jeunes.
L’atelier de Josée, comme d’autres présentations au congrès de l’ACELF, rappelle que la créativité, la responsabilité et l’initiative des élèves sont au cœur d’une éducation francophone dynamique et durable. Pour les enseignants, il s’agit d’une invitation à faire de l’apprentissage expérientiel un levier puissant pour relier l’école à sa communauté, en plaçant les élèves au centre d’expériences signifiantes qui donnent du sens à leurs apprentissages et à leur engagement citoyen.
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Retrouvez ici nos différents articles à propos du congrès 2025 de l’ACELF.
Nous tenons à remercier le Programme d’appui à la francophonie canadienne – Secrétariat du Québec aux relations canadiennes pour son soutien financier à l’occasion de notre participation au congrès 2025 de l’ACELF, à Markham.






