En septembre 2017, le Collège Beaubois, situé dans l’arrondissement Pierrefonds-Roxboro à Montréal, a déployé la tablette iPad en mode 1:1, c’est-à-dire un appareil par élève du premier cycle du secondaire.

Dans ce dossier, Marc-André Girard, directeur du secondaire de cet établissement, partage les principales idées en lien avec cette implantation. Il donne des pistes de réflexion qui visent à aider d’autres écoles et à leur fournir une base sur laquelle s’appuyer pour procéder à un déploiement semblable dans leur milieu. Le but est de mettre de l’avant autant les outils que les gens qui en ont fait une expérience positive.

Les pistes de réflexion proposées dans ce dossier s’adaptent à toutes les marques de tablettes, voire même aux autres types d’appareils mobiles dont on vise un déploiement massif.

Un dossier conjoint de Carrefour éducation et de l’École branchée
par Marc-André Girard
, directeur du secondaire
Collège Beaubois, Montréal

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Implanter l’iPad au secondaire en mode « 1 pour 1 » est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 2.5 Canada.

 

Table des matières

  1. La question qui tue : pourquoi avoir choisi l’iPad?
    1. Des avantages propres à l’iPad
    2. Des avantages propres à la tablette
    3. Quelques inconvénients aussi
  2. Implanter l’iPad à l’école : par où commencer?
    1. D’abord, consulter les enseignants
    2. Partager les réussites entre collègues pour favoriser l’ouverture
    3. Ensuite, consulter les parents et les élèves
  3. Déployer l’iPad au secondaire : du soutien technique à la conseillance pédagogique
    1. Le réseau : pierre angulaire du déploiement pédagonumérique réussi
    2. Le conseiller pédagogique : ce mentor indispensable
  4. Transformer les craintes en implantation réussie
    1. Première crainte : la cyberdépendance
    2. Deuxième crainte : les effets sur le sommeil
    3. Troisième crainte : la cyberintimidation
    4. Quatrième crainte : la disparition de l’écriture manuscrite
    5. Cinquième crainte : les pertes de temps en classe
  5. Déployer l’iPad à l’école : quelques pratiques gagnantes
    1. Des attentes réalistes
    2. Des plans B (ou C, ou D…)
    3. Des questions à répondre d’avance
    4. La formation : pour les enseignants, les élèves et leurs parents
    5. Établir des canaux de rétroaction
    6. Un programme de citoyenneté numérique
    7. Les tablettes comme levier de développement des compétences du 21e siècle
  6. Conclusion et ressources complémentaires


La question qui tue : pourquoi avoir choisi l’iPad?

L’iPad est arrivé sur le marché nord-américain au printemps 2010. Dès la rentrée scolaire suivante, la tablette d’Apple s’est frayé un chemin dans les classes québécoises. Un peu plus de sept ans plus tard, selon le chercheur de l’Université de Montréal, Thierry Karsenti (communication personnelle, 19 septembre 2017), il y avait environ 120 000 iPad entre les mains des jeunes Québécois en contexte scolaire 1:1, ce qui montre une forte croissance puisqu’en 2014, ce nombre oscillait autour de 60 000 appareils. À titre comparatif, au Canada, on estimait à 500 000 le nombre d’iPad entre les mains des élèves dans le même contexte et à 12 000 000 le nombre d’unités entre celles des jeunes en général.

Des avantages propres à l’iPad

Voici certaines raisons qui peuvent peut-être expliquer pourquoi autant d’écoles préfèrent l’iPad aux autres tablettes électroniques fabriquées par d’autres géants de l’informatique :

  • Un département de services pédagogiques est offert aux écoles par Apple. Au Québec, les services techniques et pédagogiques sont offerts en français par des techniciens, des représentants et des conseillers pédagogiques qui travaillent ensemble à faciliter l’implantation de leurs produits en milieu scolaire.
    • Une communauté d’utilisateurs en contexte pédagogique s’est rapidement formée au Québec. Il est facile d’obtenir du soutien, de l’inspiration ou des conseils entre enseignants.
  • L’iPad possède un catalogue de 800 000 applications disponibles exclusivement pour la plateforme. Parmi cet impressionnant éventail, il y en a qui, clairement, ont un potentiel intéressant, voire dédié, à l’enseignement et à l’apprentissage.

Des avantages propres à la tablette

Le principal concurrent des tablettes électroniques est l’ordinateur portable dans toutes ses déclinaisons : portables conventionnels, portables avec écran tactile et écran amovible, Chromebooks, etc. Les écoles qui choisissent plutôt les tablettes le font habituellement pour les raisons suivantes :

    • Portabilité : elles se transportent facilement, sont légères et peuvent vraiment diminuer le poids du sac d’école.
    • Autonomie de la pile : une charge complète peut facilement permettre à l’élève de réaliser toutes les tâches pédagogiques pendant une journée complète à l’école.
    • Mise en marche : contrairement aux portables, qui prennent un certain temps à se mettre en marche, les tablettes s’allument rapidement.
  • Entretien minimal : pratiquement sans pièces mobiles, les tablettes sont plus résistantes que les portables, et ce, malgré qu’elles demeurent des appareils électroniques fragiles.

Il est à noter que le Chromebook, considéré comme un ordinateur portable, offre aussi les caractéristiques énoncées ci-dessus.

Photo : Pixabay

Quelques inconvénients aussi

Évidemment, il n’y a pas que des avantages aux tablettes électroniques. D’ailleurs, plusieurs enseignants regrettent l’absence d’un clavier physique. Si, a priori, les élèves semblent peu enclins à taper sur de tels claviers, en revanche, ils semblent bien s’accommoder des claviers virtuels offerts par l’interface des tablettes. Il y aurait lieu de présumer que ce sont surtout les adultes qui regrettent l’absence d’un clavier conventionnel.

De plus, les tablettes sont entièrement dépendantes d’un réseau sans-fil (Wi-Fi) qui doit être robuste. Un réseau défaillant peut devenir un réel frein à l’exploitation du plein potentiel de l’appareil. Nous y reviendrons dans le chapitre consacré au déploiement du iPad au secondaire.

Sur plusieurs tablettes, dont l’iPad, il n’y a aucune prise pour une clé USB ou des périphériques. Cela pourrait en agacer certains qui préfèrent utiliser le stockage de masse plutôt que les espaces infonuagiques (stockage en ligne).


Implanter l’iPad à l’école : par où commencer?

Vous souhaitez implanter l’iPad dans votre école et vous ne savez pas par où commencer? Ne faites pas l’erreur que trop d’écoles et de commissions scolaires ont commise : consultez les enseignants dans un premier temps, les parents et les élèves par la suite!

D’abord, consulter les enseignants

En effet, l’iPad a un potentiel pédagogique disruptif. Implanter un tel appareil dans une classe a plusieurs implications pour l’enseignant. En voici quelques-unes :

    • Changement de la dynamique du groupe;
    • Nécessité d’adopter de nouvelles stratégies de gestion de classe;
    • Réorganisation physique de la classe à prévoir;
    • Révision possible de la séquence pédagogique (classe inversée, apprentissage hybride…)
    • Possible augmentation des problèmes liés à la gestion de l’image et à celle de la propriété intellectuelle dans la classe;
    • L’enseignant doit circuler davantage dans la classe;
  • Etc.

Bref, il ne faut pas hésiter à parler d’une redéfinition du rôle de l’enseignant dans sa nouvelle classe branchée.

De plus, les médias tirent souvent un portrait négatif de la présence des tablettes en classe : cyberintimidation, jeux vidéo, temps passé devant un écran, diminution du temps de sommeil à cause du rétroéclairage, abondance des distractions, etc. Les technologies ont donc souvent mauvaise presse et il semble important de se baser sur les différents moyens à mettre en place pour en éviter ou, à tout le moins, amoindrir les désagréments. Nous y reviendrons dans la section consacrée à Transformer les craintes en implantation réussie. Une chose est certaine, il y a beaucoup d’appréhension lorsqu’il est question d’intégrer les technologies en classe, et l’iPad n’y fait évidemment pas exception.

Partager les réussites entre collègues pour favoriser l’ouverture

En consultant les enseignants, il faut que ces derniers s’engagent à l’utiliser pour atteindre un sain équilibre entre les divers outils didactiques mobilisés. Dans plusieurs cas, ils doivent être convaincus de la pertinence pédagogique de l’outil. Sachant qu’il est pratiquement impossible de rallier tout le personnel enseignant à cette vision, il y a néanmoins moyen de partager des réussites. Par exemple, il est souhaitable de faire appel à d’autres enseignants qui ont vécu cette implantation et qui sont ouverts à partager leur témoignage. Si possible, même, divisez vos enseignants en équipes-matières et trouvez un enseignant spécialisé qui peut parler de son expérience et de l’utilisation qu’il en fait. Lorsque les réussites sont partagées par un collègue à qui l’enseignant peut s’identifier, une belle ouverture se crée. Ce dernier est en bonne position pour démystifier certaines appréhensions. Les approches sont personnalisées, les questions sont posées sans détour et les réponses sont honnêtes.

Photo : Pixabay

Ensuite, consulter les parents et les élèves

Idem pour les parents. Ils doivent être consultés, ne serait-ce que parce qu’ils seront ceux qui pourraient devoir en assumer la facture! Sans blague, au-delà du soutien financier à espérer, ils doivent aussi en anticiper les bénéfices. Le comité de parents doit donc être un solide allié au projet.

En ce qui concerne les élèves, on serait porté à croire qu’ils seront automatiquement enchantés de cette possibilité… Détrompez-vous! Des élèves ont également des craintes, notamment en regard des possibilités de distraction et de la potentielle diminution du temps de rapports sociaux de qualité avec leurs pairs. Ne soyez pas surpris s’ils réclament eux-mêmes un meilleur encadrement et une modification de leurs règles de vie! D’ailleurs, à cet égard, pourquoi ne pas créer un comité étudiant ou encore consulter le conseil étudiant au regard des éventuelles modifications à faire au code de vie?


Déployer l’iPad au secondaire : du soutien technique à la conseillance pédagogique

La première chose à mettre en place pour accueillir une flotte d’appareils portatifs est certainement de s’assurer de la robustesse du réseau sans fil. Ensuite, il ne faut pas négliger l’aspect humain, accompagner le changement afin que celui-ci soit harmonieux.

Le réseau : pierre angulaire du déploiement pédagonumérique réussi

La robustesse du réseau s’exprime essentiellement de trois façons :

    1. Une bande passante minimale de 300 mo/seconde pour une école secondaire de petite taille doit nécessairement être envisagée, avec une connexion garantie.
    1. Une connexion non garantie en redondance pour que, si la connexion garantie venait à tomber, un plan B soit en place pour la durée du temps de la panne.
  1. Les points d’accès sur lesquels les appareils iPad se branchent sans fil doivent être répartis stratégiquement dans l’école. Bien que cela dépende grandement des appareils, prévoyez un maximum de 120 tablettes par point d’accès.

Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’un problème d’accès au réseau devient souvent un drame dans l’école!  

Avoir le bon matériel disposé aux bons endroits est certainement gage de réussite. Dans ce genre de déploiement, il ne faut pas lésiner sur les moyens! Mieux vaut avoir une plus grande bande passante et plus de points d’accès que nécessaire. Pourquoi? Parce que ce que vous prévoyez comme étant nécessaire le premier mois ou la première année d’implantation ne le sera plus, et ce, bien plus rapidement que vous ne le croyez! Si l’iPad implanté en classe soulève des inquiétudes au début, rapidement, il devient incontournable et ceci se traduit par une utilisation intensive, monopolisant de façon croissante la bande passante disponible. Bien franchement, la dernière chose que vous voulez, c’est que l’implantation d’outils technologiques puisse être ralentie par des choses qui relèvent davantage de l’architecture du réseau…

Le réseau est certainement la pierre angulaire du déploiement de votre flotte d’iPad en milieu scolaire. En fait, il est la pierre angulaire de tout le déploiement informatique en soutien aux activités pédagonumériques.

Cette image de la version « moderne » de la pyramide des besoins de Maslow, aperçue sur Twitter ou ailleurs sur le Web le représente bien.

Adaptation intégrant le Wi-Fi : source inconnue. Lisette-mag.com

Le conseiller pédagogique : ce mentor indispensable

Au-delà de l’aspect matériel du fameux déploiement, il y a l’humain. C’est dans cette optique que le conseiller pédagogique prend toute sa pertinence. En effet, les récentes recherches menées par Theodore J. Kopcha, de l’Université de la Géorgie, démontrent qu’il y a une façon encore plus efficace d’inciter les enseignants à changer leurs stratégies d’enseignement en intégrant les technologies : le mentorat. Lorsque des spécialistes ou des enseignants d’expérience sont disponibles pour aider leurs collègues, sur une base individualisée, les résultats sont encourageants. En effet, Kopcha en vient à plusieurs constats, dont certains démontrent que le mentorat :

    1. Stimule la confiance en soi, tout au long du processus de changement et d’intégration des technologies à la pédagogie;
    1. Donne l’impression d’un support immédiat, concret, accessible et convivial;
    1. Suscite l’établissement d’attitudes positives face à l’intégration des technologies à la pédagogie;
    1. Encourage l’adoption de stratégies pédagogiques centrées sur l’élève plutôt que sur le confort de l’enseignant;
    1. Favorise un changement profond et durable des perceptions des mentorés face à l’intégration des technologies à la pédagogie;
  1. Promeut le réinvestissement et la contagion positive. Le mentoré agit, à son tour, en tant qu’agent multiplicateur.

De plus, idéalement, le conseiller est un premier rempart entre les techniciens en informatique et les enseignants, lesquels parlent souvent deux langages complètement distincts : « l’informatique » et « la pédagogie »! Ce lien permet sans aucun doute de favoriser un arrimage entre ceux qui bénéficient du réseau et ceux qui l’entretiennent.

Photo : Pixabay


Transformer les craintes en implantation réussie

Cette liste est non exhaustive et elle a été constituée à partir de discussions tenues avec des enseignants, des parents, des élèves et, aussi, à partir d’une revue personnelle de médias ayant cours dans le cadre d’une veille pédagogique et numérique.

Première crainte : la cyberdépendance

Les parents mentionnent souvent qu’ils sont inquiets, car leur enfant passe déjà beaucoup de temps devant un écran : ordinateur, télévision, iPod, etc. L’iPad à l’école ne ferait qu’ajouter du temps supplémentaire devant un autre écran. Ces craintes sont fondées. Or, faudrait-il encore mentionner que les élèves passent déjà beaucoup de temps devant un écran fixe ou un TNI en classe! Il faut considérer que ce temps d’exposition pourrait être redirigé vers l’iPad, un peu comme si le TNI se fractionnait pour se retrouver dans les mains des élèves. De plus, la puissance des tablettes numériques permet aux élèves de mieux collaborer et d’échanger entre compagnons de classe (souvent pour le meilleur, parfois pour le pire!).

Bref, entre laisser l’élève devant un TNI et agir en tant que consommateur de contenus pédagogiques ou le placer en position de créateur actif de contenus à partager et à consommer, le choix semble facile, non?

Il ne faut pas oublier deux choses que ce dialogue permet d’entrevoir avec les parents :

    • Distinguer la durée de temps que l’élève passe devant un écran dans un contexte pédagogique vs de divertissement : là semble être la vraie question.
  • L’iPad est dans la classe, certes, mais les élèves n’ont pas le nez collé dessus du début à la fin de tous les cours! Selon les activités, les enseignants insistent pour que ces appareils demeurent fermés ou dans le sac de l’élève.

Deuxième crainte : les effets sur le sommeil

Des recherches démontrent que la lumière bleue, comme celle projetée par un écran de tablette numérique, peut avoir une incidence négative sur le sommeil des humains. Bien que les effets globaux n’aient pas tous été étudiés, puisque les technologies progressent beaucoup plus rapidement que les recherches scientifiques, il n’en demeure pas moins qu’il est effectivement avisé d’éviter l’usage des tablettes au moins une heure avant de se coucher.

Certains fabricants d’appareils électroniques offrent une fonction transformant le rétroéclairage avec des couleurs plus chaudes. Il est trop tôt pour déterminer si cela a un quelconque effet sur le sommeil, mais il serait sage d’activer cette fonction.

Troisième crainte : la cyberintimidation

L’intimidation en milieu scolaire a malheureusement toujours existé. Par contre, ce qui est nouveau, c’est la façon dont la situation se manifeste au 21e siècle : elle se transpose dans les médias sociaux. La cyberintimidation est donc plus insidieuse, certes, et elle est plus difficile à cerner.

Dans un premier temps, il ne faut pas oublier que toutes les écoles doivent avoir un plan de lutte contre l’intimidation depuis quelques années, comme prescrit par la Loi sur l’instruction publique (article 75). Ce plan est disponible à la communauté scolaire et il indique les moyens de dénonciation et les sanctions applicables.

L’iPad n’exacerbe pas l’intimidation; c’est un comportement humain qui existait bien avant l’avènement des technologies en éducation. Il peut cependant en faciliter les manifestations. D’où l’importance de garder les canaux de communication ouverts avec les jeunes pour qu’ils puissent facilement se confier s’ils sont victimes d’intimidation, de violence ou qu’ils sont témoins de tels comportements.

Quatrième crainte : la disparition de l’écriture manuscrite

Il existe un débat sur l’importance de l’écriture manuscrite, surtout au primaire. Est-elle menacée ou non? Disparaîtra-t-elle? Attention, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. L’apprentissage de l’écriture manuscrite est lié au développement cognitif des enfants et il ne faut certainement pas que l’invasion technologique vienne entraver ce développement. Le but de l’intégration du iPad est d’explorer de nouvelles avenues pédagogiques, certes, mais il n’est pas question que cet outil entrave, par exemple, l’apprentissage du calcul mental, de la calligraphie, de l’orthographe, etc.

Peut-être est-ce nécessaire de s’assurer que certaines bases soient bien acquises avant d’implanter l’iPad au primaire? Mais encore là, rappelons que l’objectif n’est pas que les élèves soient devant l’appareil toute la journée, mais bien qu’il apporte une plus-value pédagogique ou permet de réaliser une tâche plus efficacement.

Cinquième crainte : les pertes de temps en classe

Vous étiez de ceux qui envoyaient des petits papiers en classe lorsque vous étiez jeunes? Votre agenda et vos cahiers de notes ressemblaient à des murs de graffitis? Autrement dit, vous avez déjà perdu votre temps en classe? La génération d’élèves actuelle n’est pas en reste. La seule différence est certainement qu’elle a un univers virtuel accessible au bout des doigts! Le potentiel de distraction en classe n’a pas changé; ce sont les avenues d’évasion de l’esprit qui se sont multipliées!

Heureusement, l’application « En classe » d’Apple contribue à ramener tous nos rêveurs à l’ordre! Il s’agit d’une application qui regroupe les images de tous les élèves de la classe sur l’écran de l’enseignant. Sur chacun des avatars des élèves, une bulle est indiquée avec le logo de l’application qu’il utilise. Par exemple, si ces derniers doivent être en train de lire un texte sur iBooks ou travailler dans Notability et que l’icône d’un élève indique YouTube, l’enseignant peut ainsi :

    • le rappeler à l’ordre;
    • afficher son écran sur le TNI;
  • bloquer son iPad et le rendre inutilisable pour une durée déterminée (intervention pour les récidivistes).

« En classe » permet également à l’enseignant d’envoyer un lien Web à tous les élèves ou de leur partager un document simultanément, en temps réel. L’application permet aussi d’ouvrir une application donnée sur toutes les tablettes iPad en même temps. Voilà donc un pas de plus pour faciliter la gestion de la classe et rassurer autant l’enseignant que les parents!


Déployer l’iPad à l’école : quelques pratiques gagnantes

Des attentes réalistes

Vous avez déjà entendu parler de « l’effet WOW »? C’est une stratégie qui vise à ne pas fixer d’attentes trop élevées pour éviter des déceptions. Il ne s’agit pas non plus de fixer des attentes ridiculement basses, mais plutôt de voir à ce qu’elles soient réalistes. Le message à lancer, dans le cas qui nous intéresse, est certainement que tout est mis en œuvre pour que la démarche se fasse en douceur, mais qu’il y aura invariablement des imprévus, lesquels pourront être gérés en cours de route. Bref, il s’agit de prévoir minutieusement ce qui peut être prévu.

Des plans B (ou C, ou D…)

Malgré toute cette bonne volonté et ces précautions, tous les enseignants devraient avoir un plan B (ou C, ou D…) au cas où le réseau flancherait ou qu’il y ait une panne de service chez Dropbox, Google ou Office 365, par exemple. Il est difficile de prévoir l’imprévisible, mais parfois, on peut anticiper les problèmes.

Photo : Audrey Miller

Des questions à répondre d’avance

Comme expliqué à plusieurs reprises, les enseignants et les parents ont besoin d’être rassurés. Qu’est-ce qui sera mis en place comme soutien quotidien? Quelles formations seront offertes par l’employeur? Quels ajustements seront nécessaires aux règles de vie? La politique pour contrer l’intimidation en milieu scolaire sera-t-elle revue? Qu’en est-il de la citoyenneté numérique? Voilà qu’un petit échantillon de questions communes et de craintes complètement justifiées.

La formation : pour les enseignants, les élèves et leurs parents

La formation joue définitivement un rôle important dans le succès du déploiement à long terme. Il ne suffit pas d’offrir uniquement des formations techniques aux enseignants, mais bien de leur fournir des idées pédagogiques d’utilisation des applications disponibles. Dans la mesure du possible, il faut que ces formations se déroulent sur une base volontaire et, surtout, il est important qu’elles soient collées aux besoins des enseignants.

Il en va de même pour les élèves. Nous tenons souvent pour acquis qu’ils en connaissent plus que leurs enseignants. Or, c’est faux. Ce qui est vrai est qu’ils en connaissent probablement plus que leurs enseignants lorsqu’il est question de médias sociaux ou de jeux vidéo, mais il ne faut pas oublier qu’ils ne connaissent absolument rien en pédagogie. Ils doivent donc être éduqués à une utilisation pédagogique de la tablette numérique et ceci est la responsabilité de l’école de les aider en ce sens.

Pour les parents, il est généralement apprécié que l’école offre des formations leur étant destinées. Prenez le temps de leur montrer comment fonctionne l’appareil que leur enfant a entre ses mains. Comment fonctionne le gestionnaire de la flotte d’appareils piloté par l’école? Comment les parents peuvent-ils connaître le temps d’utilisation des médias sociaux sur l’appareil de leur enfant? Comment peuvent-ils gérer sa connexion Wi-Fi à la maison? Il existe d’ailleurs un excellent livre à suggérer aux parents, Les technologies de l’école à la maison. On y trouve, en outre, divers conseils pour aider les parents à gérer l’appareil scolaire une fois qu’il franchit le seuil de la porte du foyer familial.

Établir des canaux de rétroaction

Dans la même veine, il est pertinent d’établir des canaux de rétroaction avec ceux qui sont à pied d’œuvre sur le terrain. Comment vivent-ils leur expérience? Quelles sont les difficultés auxquelles ils font face? Quelles améliorations proposent-ils? Pour les enseignants, ces discussions peuvent avoir lieu de façon formelle, soit pendant des rencontres en comité durant les heures de travail ou, encore, elles peuvent se dérouler de façon informelle, lors de rencontres impromptues dans des cadres de porte ou grâce à des échanges de courriels, par exemple.

Pour les élèves, il faut davantage aller chercher l’information et leur poser des questions précises afin qu’ils s’ouvrent pour ainsi partager leurs impressions sur leur expérience pédagogique et surtout, selon eux, quels sont les effets bénéfiques ou néfastes de l’implantation du iPad sur leur démarche d’apprentissage.

Un programme de citoyenneté numérique

Un programme de citoyenneté numérique à l’école doit aussi être implanté. Il est important de sensibiliser les élèves à leur empreinte numérique et aux impacts possibles des traces qu’ils laissent derrière eux dans l’immensité virtuelle. Ils doivent être sensibilisés au droit à l’image, à la consommation responsable en ligne, aux métadonnées, aux témoins (cookies), à la publicité, etc. Ils doivent discerner ce qui est acceptable de ce qui ne l’est pas. D’ailleurs, au niveau de l’inacceptable, ils doivent comprendre quelles sont les conséquences que pourraient avoir leurs propres gestes. C’est pour cette raison que, dans une moindre échelle, il est incontournable d’adapter le code de vie de l’école pour baliser les comportements et identifier quelles sont les conséquences possibles d’un écart de conduite.

Les tablettes comme levier de développement des compétences du 21e siècle

Enfin, il apparaît important de situer le déploiement des tablettes iPad comme l’une des étapes menant au développement des compétences du 21e siècle. En effet, l’outil constitue un puissant levier permettant le développement de la collaboration, de la créativité, de la résolution de problèmes complexes et du développement de la pensée informatique. Bref, l’iPad n’est pas une mode et encore moins une fin en soi. L’objectif ultime est et sera toujours de contribuer à l’enrichissement de l’expérience éducative de l’élève et sa préparation à jouer un rôle prépondérant dans la société de demain.


Conclusion et ressources complémentaires

L’iPad offre des avantages indéniables pour l’apprentissage, entre autres par son accessibilité, sa rapidité et sa facilité d’utilisation. Son usage nécessite un réseau sans fil indéfectible. Pour tirer profit des avantages du iPad, l’enseignant est l’acteur-clé, mais ce dernier doit être accompagné car l’usage des technologies amène souvent des changements de pratique. Avec ces conditions, l’implantation du iPad à l’école sera en voie de réussite.

Ressources complémentaires

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Marc-André Girard
Marc-André Girard est détenteur d’un baccalauréat en enseignement des sciences humaines (1999), d’une maitrise en didactique de l’histoire (2003), d’une maitrise en gestion de l’éducation (2013) et d’un doctorat en éducation (2022). Il s’est spécialisé en gestion du changement en milieu scolaire ainsi qu’en leadership pédagogique. Il s’intéresse également aux compétences du 21e siècle à développer en éducation. Il occupe un poste de direction dans une école publique et donne des conférences sur le leadership en éducation, les approches pédagonumériques, le changement en milieu scolaire ainsi que sur la professionnalisation de l’enseignement. Il a participé à des expéditions pédagogiques en France, en Finlande, en Suède, au Danemark et au Maroc. En septembre 2014, il a publié le livre « Le changement en milieu scolaire québécois » aux Éditions Reynald Goulet et, en 2019, il a publié une trilogie portant sur l'école du 21e siècle chez le même éditeur. Il collabore fréquemment à L’École branchée sur les questions relatives à l’éducation. Il est très impliqué dans tout ce qui entoure le développement professionnel des enseignants et des directions d'école ainsi que l’intégration des TIC à l’éducation. En mars 2016, il a reçu un prix CHAPO de l’AQUOPS pour l’ensemble de son implication. Il est récipiendaire de la bourse Régent-Fortin 2022 octroyée par l’ADERAE pour la contribution importante de ses études doctorales au développement de la pratique et des savoirs en administration de l’éducation.