Le 14 novembre avait lieu à Québec la 39e édition de la JIQ (#JIQ2017), un événement regroupant la communauté d’affaires et TI. Retour sur le panel à propos du numérique en éducation.
Le Réseau Action TI organisait les 13 et 14 novembre son événement annuel, la JIQ, destiné au milieu des affaires en technologies de l’information (TI). Cette année, un volet était consacré à l’industrie du numérique en éducation, aussi appelée « edtech ». Pour l’occasion, un panel a permis d’échanger sur la place du numérique en éducation avec quelques 200 personnes dans la salle.
Le panel était animé par Carl Malartre, président de Scolab, l’entreprise derrière Netmath. M. Malartre est aussi président de la toute nouvelle Association EDTEQ, qui regroupe les entreprises oeuvrant dans le numérique éducatif au Québec. Les panélistes étaient :
- Karine Riley, cofondatrice de la plateforme Mots-Clés et enseignante au primaire;
- André-Marc Goulet, directeur des services éducatifs des jeunes à la Commission scolaire de la Capitale;
- Shawn Young, cofondateur de Classcraft et vice-président de l’Association EDTEQ.
Les panélistes étaient tous en faveur du numérique à l’école, et chacun pouvait apporter son point de vue pour répondre aux questions des gens sur place, qui en plus d’être des gens d’affaires, étaient aussi pour plusieurs des parents.
Pourquoi le numérique en éducation?
Selon André-Marc Goulet, l’école a le choix de faire fi de son existence, mais ce faisant, on creuse l’écart entre l’école et la société. Shawn Young ajoute qu’il ne faut cependant pas l’intégrer à tout prix. Par exemple, il fait un parallèle avec nos voisins du sud, qui sont en avance côté équipement, mais en retard sur l’aspect pédagogique. Karine Riley renchérit : si le numérique n’apporte rien de plus par rapport aux moyens traditionnels, il n’est pas intéressant du point de vue pédagogique.
Du côté administratif, M. Goulet rappelle qu’il y a 20 ans, faire les horaires et les agendas des élèves et du personnel enseignant était un véritable casse-tête, alors qu’aujourd’hui, les ordinateurs se chargent du plus gros du travail en un rien de temps. Au niveau administratif, le numérique est tout simplement essentiel.
Et l’omniprésence des écrans?
Quelqu’un dans la foule a souhaité connaitre l’avis des panélistes à propos de la surconsommation d’écrans des jeunes, s’inquiétant par le fait même de cet ajout dans les salles de classe. À cela, Mme Riley est convaincue que justement, la pertinence des écrans est plus grande à l’école qu’à la maison. Après tout, elle rappelle qu’en classe, les jeunes ne jouent pas et ne sont pas constamment rivés sur leur tablette lorsqu’ils l’utilisent. Ils ne sont pas passifs devant l’écran, mais en action pour une tâche spécifique. « En tous cas, dans ma classe, ils ne sont jamais laissés à eux-mêmes devant l’écran », précise-t-elle.
Les défis et avantages du numérique en éducation
Pour les panélistes, il va sans dire que le numérique facilite une pédagogie des compétences versus une pédagogie des connaissances. M. Goulet pose la question à la foule de gens d’affaires : « cherche-t-on, dans vos milieux, des gens qui ont des compétences ou des connaissances? ». Mme Riley ajoute : « en tant qu’enseignants, on ne veut pas remplir des vases, on veut que nos élèves sachent appliquer des stratégies, donner leurs idées, etc. ». M. Goulet poursuit : « De quel prof vous souvenez-vous de votre passage à l’école? De celui qui vous a inspiré, poussé à vous dépasser! » Il rappelle d’ailleurs qu’on peut être créatif, mais aucunement innovant. Innover, pour lui, passe par la possibilité de répondre à un besoin. Ici, il fait un lien avec la culture entrepreneuriale : répondre au besoin de quelqu’un, d’une communauté, suscite beaucoup plus de motivation à faire un travail chez l’élève que lorsqu’il le fait uniquement pour son enseignant. Et il estime que le numérique favorise tout cela.
Le panel discute ensuite des possibilités de mettre en place des situations d’apprentissage authentiques qu’apporte le numérique. Mme Riley explique par exemple que dans sa classe, certains élèves font spontanément des « booktubes » comme production finale de leur travail de critique littéraire. « Je ne leur ai pas imposé », explique-t-elle.
M. Young exprime aussi le double défi du milieu scolaire de connaitre, d’une part, ce qui est possible de faire avec le numérique, et d’autre part, ce qui est réellement souhaitable. Par exemple, remplir des notes trouées sur un PDF n’est pas un exemple d’utilisation judicieuse du numérique.
Lisez demain la suite du compte-rendu, dans lequel on traite des façons de soutenir le changement de mentalité du corps enseignant.