Des échanges entre leaders féminins de partout dans le monde ont mené au lancement de « WomenEd Canada » le 9 avril dernier dans le cadre de uLead 2017, un sommet international sur le leadership en éducation. L’instigatrice nous en parle.
texte par Marie-André Croteau
Hannah Wilson a d’abord enseigné dans des écoles en plein coeur de milieux défavorisés d’Angleterre et a évolué au fil des ans vers un poste de direction. Sa plus récente fierté : son école est maintenant en construction à Oxford, où les futurs élèves feront leur première rentrée en septembre 2017.
Nous l’avons rencontrée à l’occasion du sommet uLead 2017, en avril dernier, à Banff. Dans cet entretien audio, elle nous parle de la naissance de WomenEd, un mouvement donnant la parole aux femmes leaders en éducation. Bien plus qu’une occasion d’échanges, cette organisation met en place des systèmes de mentorat, de conseils, de partage, de réseautage, d’ateliers et d’autres outils pour faire la lumière et améliorer la place des femmes dans le milieu de l’éducation. WomenEd représente donc un mouvement qui permet à des femmes leaders ou à des aspirants leaders en éducation de réseauter.
Le déclencheur du mouvement WomenEd
Hannah Wilson, l’une des instigatrice du mouvement au Canada, explique qu’il y a deux ans un article est paru dans la presse nationale d’Angleterre intitulé What Glass Ceiling!? (Quel plafond de verre?) Cet article, rédigé par une enseignante, a provoqué une certaine controverse. La réalité qu’elle décrivait était celle des femmes qui ne pouvaient pas atteindre le même niveau de succès que les hommes en éducation parce qu’elles se fixaient elles-mêmes des limites. Elle insistait sur le fait qu’un tel plafond de verre n’existait pas vraiment et que les femmes pouvaient atteindre les plus hauts sommets si elles le souhaitaient vraiment.
Plusieurs femmes oeuvrant dans le milieu de l’éducation ont été indignées par de tels propos, clamant qu’ils ne représentaient pas le milieu dans lequel elles évoluaient. De bouillantes discussions ont suivi sur les médias sociaux et ont mené à une rencontre de sept personnes du milieu scolaire pour voir comment elles pourraient mobiliser les gens autour de cette réalité qu’elles vivaient. Elles ont commencé à bloguer et, rapidement, des gens se sont joints aux discussions.
Après quelques semaines, un évènement fût mis sur pied, grâce à la généreuse contribution de Microsoft, dont l’un des représentants avait pris connaissance des échanges sur les médias sociaux. Pas moins de 220 éducateurs se sont alors rejoints pour des conférences, des ateliers et des moments d’échanges très constructifs. Le mouvement a ensuite pris de l’ampleur à un rythme impressionnant. 43 représentants régionaux se sont proposés bénévolement pour faire évoluer le discours et élargir le champ d’action. Des blogues, des gazouillis, des réunions régionales se sont succédé depuis. Un espace virtuel de mentorat entre femmes a même été mis de l’avant.
La situation actuelle
Les valeurs à la base du mouvement sont apparues d’elles-mêmes à travers les échanges des six premiers mois : la clarté, la communication, la confiance, la collaboration, la communauté, le changement, le défi, le réseautage. Le contexte pouvant varier d’un pays à un autre, d’une province à une autre dans notre cas, l’impact et l’apport d’un tel mouvement peut prendre un visage différent. Si, au Québec, on parle beaucoup d’équité salariale et on retrouve plusieurs femmes dans les comités de direction d’école, ailleurs au Canada la situation est toute autre.
Des échanges entre leaders féminins de partout dans le monde ont mis la table, entre autres, pour le lancement officiel de « WomenEd Canada » le 9 avril dernier à Banff, dans le cadre de uLead 2017, un sommet international sur le leadership en éducation.
L’étape suivante
Le questionnement s’étend maintenant à une perspective plus globale de la place des femmes, au-delà du milieu de l’éducation. Les barrières peuvent-elles être levées? La rhétorique soutenue par le mouvement doit évoluer et maintenant passer du soulèvement des problématiques aux propositions de solutions. Il y a effectivement plusieurs défis à relever, mais il est maintenant important, selon Mme Wilson, de générer un dialogue ouvert exigeant une réflexion profonde et menant à des scénarios de solutions positives à ces difficultés soulevées. Le groupe doit regarder vers l’avenir et se centrer sur le modelage de bonnes pratiques pour arriver à les surmonter, petit à petit.