par Audrey Miller
En milieu francophone minoritaire, intéresser les jeunes au français et à la culture francophone est un défi de taille qui caractérise le quotidien des écoles. L’une des clés pour y parvenir est le choix des référents culturels employés. Lors du congrès annuel de l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF), un atelier sur le sujet a offert aux éducateurs présents des clés pour actualiser leurs référents culturels en classe afin de favoriser l’engagement des élèves.
Intitulé Actualisez vos référents, engagez vos élèves, l’atelier était animé par Marina Beaulieu-Chabot, animatrice culturelle responsable du dossier « Voix des élèves » au Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE), et Denis Fugère, enseignant en affectation spéciale en construction identitaire dans ce même conseil scolaire en Ontario.
Tisser des liens durables avec la culture des jeunes
À travers des réflexions basées sur leur expérience et des exemples concrets, les animateurs ont rappelé à quel point il est précieux, pour les adultes œuvrant en milieu scolaire, de reconnaître et de s’intéresser à ce qui fait vibrer les jeunes. Ils ont utilisé la musique comme trame de fond, puisque « la musique, c’est universel », tout en mentionnant qu’au-delà des préférences personnelles, les médias, la littérature, le cinéma et les plateformes numériques sont autant de vecteurs culturels à explorer.
L’objectif? Créer des occasions authentiques de partage culturel qui permettent aux jeunes de se sentir vus, entendus et valorisés. Et pour cela, il faut parfois sortir de sa zone de confort. « Ce qu’on aime comme adulte ne résonne pas nécessairement chez les jeunes », ont rappelé les animateurs, en ajoutant que même d’une province à l’autre, les références peuvent varier grandement.
Une posture d’ouverture et de curiosité
Les jeunes n’écoutent plus autant la radio ni ne découvrent leurs chansons préférées sur des CD! Leurs références culturelles viennent d’ailleurs, souvent de TikTok, de YouTube ou de plateformes de diffusion en continu. Pour créer un pont entre les contenus pédagogiques et l’univers culturel des élèves, il faut faire preuve d’ouverture, sans renier pour autant les classiques. Il s’agit plutôt de ne pas ignorer ce qui fait partie de leur quotidien.
Un exemple frappant : lorsqu’un artiste émergent reprend une vieille chanson – comme Dans les yeux d’Émilie de Joe Dassin reprise par le Collectif Métissé – cela devient une occasion inestimable de faire le lien entre les générations, tout en alimentant l’intérêt des élèves.
L’adolescence, une étape à vivre pleinement
Marina Beaulieu-Chabot a insisté sur le fait que les adolescents ne sont pas que les « leaders de demain » : « Ils sont déjà les leaders d’aujourd’hui ». Il est donc essentiel de reconnaître et de valoriser, cette période de leur vie, en les considérant comme des partenaires à part entière du processus éducatif.
Elle a aussi illustré cette idée par une analogie simple : lorsqu’on voit un jeune enfant porter un chandail à l’effigie de Flash McQueen, on se place spontanément à sa hauteur et on lui demande si c’est son personnage préféré. Pourquoi ne pas faire de même avec les adolescents et s’intéresser à leurs propres codes culturels?
Pour y parvenir, les animateurs ont suggéré de recourir à l’occasion à l’intelligence artificielle (IA) générative pour enrichir sa banque de référents culturels, en posant des requêtes précises comme : « Quels sont les artistes francophones du Canada qui ressemblent à (ajouter le nom d’un artiste anglophone adulé) ». Cet usage ciblé de l’IA peut devenir un allié précieux dans une démarche pédagogique actualisée.
Ils ont aussi proposé ce modèle pour guider les choix :

Source : Support de présentation de l’atelier
Un message central
En conclusion, l’atelier a mis en lumière une idée forte : prendre le temps de connaître ses élèves est sans doute l’un des gestes pédagogiques les plus puissants. C’est en tissant des liens sincères et en valorisant leur culture actuelle que l’on parvient à stimuler à la fois leur engagement intellectuel, émotionnel et social.
Et le plus beau, c’est que cela rend service non seulement à la construction identitaire, mais à la réussite éducative en général.
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Nous tenons à remercier le Programme d’appui à la francophonie canadienne – Secrétariat du Québec aux relations canadiennes pour son soutien financier à l’occasion de notre participation au congrès 2025 de l’ACELF, à Markham.






