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Une vidéo TikTok peut avoir plus de portée qu’un rapport ministériel » : S’outiller pour distinguer le vrai du faux

Devant la montée de l’intelligence artificielle générative et en l’absence de véritable modération sur les plateformes numériques, la désinformation devient un enjeu majeur de société. Lors d’une récente conférence, Martine Rioux, rédactrice en chef de l’École branchée, a invité les participants à mieux comprendre les rouages de ce phénomène, à en reconnaître les formes et surtout, à se doter de stratégies concrètes pour y faire face.
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Table des matières

« La désinformation n’est pas nouvelle, mais elle est aujourd’hui virale. Les fausses nouvelles circulent parfois plus rapidement que les vraies nouvelles et il est difficile de les rectifier. Beaucoup de personnes, jeunes et adultes, se font berner, parfois même sans s’en rendre compte », a-t-elle rappelé, lors d’une conférence donnée à l’occasion de la 12e Journée en éducation financière de l’Autorité des marchés financiers (AMF). De nombreuses organisations offrant des programmes en littératie et culture financière étaient présentes pour partager et réseauter. 

Pourquoi maintenant?

Même si la manipulation de l’information existe depuis très longtemps, elle a pris une nouvelle ampleur avec la popularité des réseaux sociaux et le développement de l’intelligence artificielle (IA). Les réseaux sociaux deviennent la principale source d’information (Académie de la transformation numérique, 2024) et l’IA multiplie les canulars. La désinformation est maintenant susceptible de s’infiltrer dans tous les domaines du quotidien, de la politique à la santé, en passant par les finances personnelles. 

Tout ceci est jumelé au fait que les médias traditionnels traversent une crise (les gens veulent de moins en moins payer pour accéder à l’information) et que l’information fiable peine à rejoindre les citoyens. « Chez les jeunes en particulier, on constate que l’information est souvent consommée à la pièce, dans un fil d’actualité où opinions et faits s’entremêlent. Les sujets sont rarement abordés en profondeur », a illustré la formatrice.

Reconnaître les formes de désinformation

Selon la conférencière, il est nécessaire de distinguer trois grandes formes de manipulation :

  • Mésinformation : information inexacte partagée sans intention de nuire, souvent liée à un manque de connaissances.
  • Désinformation : création ou diffusion volontaire de fausses informations pour tromper.
  • Mal-information : diffusion d’informations vraies, mais sorties de leur contexte ou utilisées de façon malveillante.

Les exemples ne manquent pas : fausses citations, vidéos virales de pseudo-experts, sites imitant des sources fiables, promesses irréalistes d’enrichissement rapide. Certains stratagèmes frauduleux sont récurrents : messages d’urgence affirmant qu’un compte sera supprimé, fausses alertes médicales, usurpation d’autorité ou encore manipulation émotionnelle. Tous ces leviers exploitent la crédulité, l’émotion ou le manque de temps des internautes.

 « Une vidéo TikTok peut avoir plus de portée qu’un rapport ministériel », a-t-elle fait remarquer.

Un impact bien réel

La désinformation a des conséquences directes. « On se retrouve devant une surcharge d’information et on assiste à deux phénomènes : on voit des citoyens qui se mettent à douter de tout ou d’autres qui ont trop confiance en leur capacité de vérification des faits. Devant l’abondance de contenus, certaines personnes renoncent tout simplement à s’informer.

Des facteurs comme les biais de confirmation (croire et consulter uniquement les contenus qui confortent nos opinions) ou la méconnaissance des algorithmes accentuent les impacts de la désinformation.

Des moyens d’agir concrètement

Face à ce constat, plusieurs pistes d’action ont été proposées pour les organisations qui ont à communiquer autant sur les réseaux sociaux que dans les médias traditionnels.

  1. Éduquer, sans moraliser

Il s’agit de former à la pensée critique, de questionner les sources, de reconnaître ses propres biais, de prendre du recul avant de partager une information. Plutôt que de corriger après coup, on gagne à adopter une posture de curiosité. 

« Mieux vaut demander : “Comment as-tu su que c’était vrai?” que de dire : “Voici ce que tu devrais croire.” »

  1. Communiquer efficacement 

Lorsque vous avez à communiquer, soyez cohérents dans vos publications, utiliser des messages courts, clairs, en ayant un vocabulaire constant. Choisissez un élément visuel distinctif qui se retrouvera sur l’ensemble de vos publications. Le storytelling, les émotions et les appels à l’action simples sont d’autres éléments-clés.

  1. Intervenir dans les milieux éducatifs

Dans les milieux scolaires, les enseignants et les bibliothécaires deviennent de précieux alliés pour faire de l’éducation aux médias auprès des jeunes. Plusieurs ressources fiables existent pour les appuyer, comme HabiloMédias, le Centre québécois d’éducation aux médias et à l’information (CQÉMI), Les As de l’info ou Le Curieux. L’École branchée offre aussi des ressources en éducation aux médias (consulter notre trousse à ce sujet). 

  1. Renforcer la confiance 

Derrière chaque message se cachent des humains. Il ne faut jamais l’oublier. Transparence, authenticité, répétition de messages cohérents sont de mise pour gagner la confiance des destinataires. De plus, il peut être judicieux de prévoir un espace où ils et elles pourront poser des questions sans jugement. 

« Si les gens vous font confiance, ils reviendront s’informer auprès de vous. Vous deviendrez une référence en matière d’information fiable. »

Une responsabilité partagée

En conclusion, la lutte contre la désinformation ne peut reposer sur les seuls individus. Elle interpelle aussi les institutions, les milieux éducatifs et les organismes publics. « L’éducation aux médias et l’éducation financière sont des leviers puissants pour renforcer la vigilance et la pensée critique », a conclu la conférencière.

Informer sans alarmer, rapprocher les citoyens des sources fiables, créer des espaces de dialogue, ce sont autant de gestes concrets pour naviguer plus habilement dans l’océan d’informations numériques.

Si vous désirez mieux former vos équipes face à la désinformation, communiquez avec nous pour accueillir notre conférencière. 

Références et compléments : 

Conseil des ministres de l’Éducation (Canada). (2024). PISA 2022: Résultats canadiens en littératie financière. 

Dubuc, A. (2025, 18 mai). Une matière à enseigner. La Presse. 

Lajeunesse, C. (s. d.). Faire ses propres recherches? Oui, mais avec méthode. Agence Science-Presse. 

Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique (OBVIA). (2024). Éduquer contre la désinformation amplifiée par l’IA et l’hypertrucage : une recension d’initiatives de 2018 à 2024. 

Réseau de recherche en transformation numérique. (2024). Actualités en ligne et réseaux sociaux : Perceptions et comportements des Québécois·es – NETendances 2024. 

École branchée. (2024, 30 avril). Sensibilisation aux fraudes en ligne : une conférence pour éduquer les jeunes. 

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