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Il y a toutefois une chose sur laquelle s’entendent les experts : il ne s’agit pas juste d’un phénomène de surdiagnostic. Certes, on repère plus souvent les troubles de santé mentale (troubles anxieux, dépression, TDAH, etc.) qu’il y a quelques décennies, mais il y a aussi bel et bien une croissance chez les moins de 25 ans, depuis la fin des années 2000.
C’est ce qui se dégage d’une série d’études et d’analyses regroupées dans une édition spéciale de la revue The Lancet Psychiatry. « Une accumulation de données de recherches indique que, dans plusieurs pays, la santé mentale des adultes en émergence a décliné régulièrement au cours des deux dernières décennies. » Cette tendance est « alarmante », écrivent les experts dans leur introduction.
Il est impossible de pointer un seul coupable. En dépit de tous les risques, connus et inconnus, sur l’omniprésence des écrans dans la vie des jeunes, et en dépit des expériences sur une diminution du temps d’écran, les données ne permettent pas d’établir une relation de cause à effet.
Plutôt que les écrans au sens large, on pourrait pointer spécifiquement les réseaux sociaux, qui jouent un rôle dans le façonnement de l’image négative qu’ont certains adolescents d’eux-mêmes. Mais en même temps, des études ont montré que Facebook et Instagram pouvaient avoir un impact positif sur la socialisation.
Le confinement pendant la pandémie et le retour à la normale ont certainement été un facteur. Une récente étude en Italie a par exemple révélé une hausse des problèmes psychiatriques chez les enfants et les adolescents au moment du retour à l’école : il s’avère que pour des enfants souffrant de troubles d’anxiété, le confinement était bienvenu, et le retour en classe n’en a été que plus pénible.
Et il y a l’écoanxiété : une recherche récente de l’Université Stanford a conclu qu’en Californie, chez les adultes, les plus jeunes étaient plus susceptibles d’avoir des symptômes de troubles de santé mentale associés aux changements climatiques. Et ce n’est pas juste une appréhension face à ce qui va arriver : une étude en 2023 concluait que le fait d’avoir été exposé à un jeune âge à des canicules extrêmes avait un impact mesurable sur le développement de la substance blanche du cerveau.
En termes statistiques, on parle de 17 % des Canadiens de moins de 18 ans qui disaient en 2019 avoir une santé mentale « mauvaise » ou « passable ». En Grande-Bretagne, ils étaient 13 % en 2017, mais ce taux était passé à 20 % en 2023 (l’étude couvrait les 8 à 16 ans). Plus grave encore, est la hausse des tentatives de suicide chez les jeunes adultes, et chez les adolescentes. Au Québec par exemple, une enquête de l’Institut national de la santé publique parue en 2023 concluait que ce taux avait plus que doublé en 10 ans chez les jeunes filles âgées de 10 à 14 ans.
L’urgence de mieux identifier les facteurs en cause est donc une évidence, notent les auteurs derrière cette édition spéciale du Lancet Psychiatry. Mais plus encore, c’est une urgence sociale, si l’on veut freiner cette « crise de santé publique ».
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