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La littératie numérique devient incontournable et il faut préparer la population canadienne

L’étude des emplois affichés au Canada montre que les compétences numériques sont requises partout, tant pour les emplois en technologies que pour les emplois plus « traditionnels ». Cela suggère qu’une littératie numérique est nécessaire pour tous les travailleurs, quel que soit leur emploi. Il est à cet égard impératif d’ajouter les compétences numériques aux compétences plus traditionnellement considérées en éducation.

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Par Benoit A. Aubert, HEC Montréal; Simon Bourdeau, Université du Québec à Montréal (UQAM), et Thierry Warin, HEC Montréal

Le paysage concurrentiel est en constante mutation et le marché du travail est bousculé par l’évolution rapide des technologies (IEEE). Ces technologies forcent les organisations à prendre un virage numérique, au désarroi parfois de leurs employés qui doivent s’adapter rapidement afin d’acquérir des compétences devenues nécessaires.

De plus en plus, on note que ce ne sont plus uniquement les emplois en technologies de l’information (TI) qui demandent de bonnes compétences numériques (CIRANO). La vaste majorité des emplois, quels que soient le secteur ou la fonction, requièrent désormais ces compétences.

Professeurs à HEC Montréal et à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), spécialistes en technologies de l’information et en science des données, nous étudions la présence grandissante des compétences numériques dans le marché du travail et l’importance de leur intégration dans les organisations afin de répondre au défi canadien de la productivité.

L’étude des emplois affichés au Canada montre que les compétences numériques sont requises partout, tant pour les emplois en technologies que pour les emplois plus « traditionnels ». Cela suggère qu’une littératie numérique est nécessaire pour tous les travailleurs, quel que soit leur emploi. Il est à cet égard impératif d’ajouter les compétences numériques aux compétences plus traditionnellement considérées en éducation.

Compétences numériques : une définition

Les compétences numériques englobent un large éventail de savoir-faire. Elles vont de la maîtrise des outils bureautiques de base à des compétences plus avancées comme la programmation, l’analyse de données ou l’utilisation de l’intelligence artificielle.

Dans le cadre de nos recherches pour le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), nous avons récemment publié une analyse approfondie des offres d’emploi au Canada.

Nos résultats démontrent que les compétences en bureautique, telles que la maîtrise de la suite Microsoft Office, sont recherchées dans la vaste majorité des types d’emplois, particulièrement dans ceux liés au service à la clientèle et au soutien administratif. En revanche, les compétences plus avancées comme l’intelligence artificielle et la programmation restent moins demandées de manière générale, bien qu’elles gagnent en importance dans plusieurs secteurs.

Une transformation numérique variable… selon la langue et la région ?

Par ailleurs, il est intéressant de souligner que la demande en compétences numériques varie selon les régions et les langues.

Par exemple, comme illustré à la figure 1, les annonces d’offres d’emplois publiées en anglais tendent à valoriser davantage les compétences numériques que celles en français, tant pour les compétences de base que pour les compétences plus avancées (notamment en bases de données ou avec différents progiciels).

Les emplois annoncés à Montréal touchaient souvent la vision par ordinateur, l’apprentissage automatique et les bases de données. À Toronto, on parlait d’intelligence artificielle, de cas d’utilisation et de bureautique.

Figure 1 : Pourcentage des emplois demandant des compétences numériques.

Les compétences numériques de base sont souvent négligées

L’étude menée met en lumière une vérité souvent négligée : les compétences numériques de base sont essentielles pour un très grand nombre de postes, même ceux qui ne sont pas traditionnellement associés aux technologies de l’information.

Cette observation souligne l’importance de considérer la littératie numérique comme une compétence fondamentale, au même titre que la lecture, l’écriture ou les mathématiques. Ainsi, afin de préparer les employés à accomplir leurs différentes tâches, nonobstant le secteur ou la fonction, il est crucial de renforcer leur maîtrise des outils numériques de base.

On remarque notamment que les emplois en service à la clientèle, qui sont souvent des postes d’entrée dans les organisations et compagnies, demandent des connaissances des outils informatiques, de la bureautique, et des bases de données. Dès lors, l’employabilité d’une personne est grandement tributaire de sa maîtrise des compétences numériques de base (CIRANO).

Défis de la transformation numérique

On voit souvent des articles soulignant l’importance de la transformation numérique pour assurer la survie des organisations. Pour plusieurs d’entre elles, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME), la transformation numérique représente un défi majeur.

Au-delà des guides (très utiles) qui supportent la transformation numérique, il faut réfléchir à qui la mettra en œuvre. Si les employés ne sont pas familiers avec les technologies numériques, il leur sera difficile de les intégrer à leur travail.

Il importe à cet égard de les former adéquatement afin de faciliter toute transformation numérique.

Fossé numérique à combler… des solutions ?

Plusieurs stratégies peuvent être mises en place qui auront pour but de combler le fossé en matière de compétences numériques.

Tout d’abord, il est essentiel de promouvoir le développement de compétences de base aux différents niveaux d’enseignement, du primaire à l’université, ainsi que dans les programmes de formation continue ou en organisation. Il ne s’agit pas simplement de comprendre comment utiliser des outils spécifiques. Il faut comprendre les concepts sous-jacents aux technologies numériques afin de pouvoir évoluer et progresser dans cette nouvelle économie.

Pour les travailleurs et travailleuses déjà en poste, il est crucial de déployer des programmes et des outils de formation pour accroître ou au moins garder à jour leurs compétences numériques.

De plus, des mesures incitatives, telles que des crédits d’impôt pour les organisations qui investissent dans le développement des compétences numériques de leurs employés, peuvent encourager l’adoption de ces programmes de formation.

Enfin, des collaborations avec des organismes publics et privés peuvent aider à développer des programmes d’immigration ciblés pour attirer des travailleurs ayant des compétences numériques recherchées (surtout pour les compétences de pointe).

Une approche pro-active

Les compétences numériques sont devenues indispensables dans presque tous les secteurs et les types d’emplois. Pour rester compétitives et répondre aux exigences du marché du travail moderne, les organisations se doivent d’investir dans le développement des compétences numériques de leurs employés.

Il est crucial de reconnaître l’importance de la littératie numérique de base tout en continuant à promouvoir des compétences plus avancées pour certaines fonctions et secteurs de pointe.

Les travailleurs doivent comprendre que la maîtrise de ces outils n’est plus facultative. Il incombe en contrepartie aux employeurs de faciliter l’acquisition de ces compétences. Il en va de la compétitivité de nos organisations et de la productivité de notre économie.

En adoptant une approche pro-active et en collaborant étroitement avec les secteurs éducatifs et gouvernementaux, nous pouvons assurer une transition numérique fluide et inclusive pour tous les travailleurs et travailleuses, et atteindre ainsi un niveau de productivité suffisant dans un environnement concurrentiel en constante mutation.

Par Benoit A. Aubert, Professeur titulaire en Technologies de l’information, HEC Montréal; Simon Bourdeau, Professor, Université du Québec à Montréal (UQAM), and Thierry Warin, Professor of Data Science for International Business, HEC Montréal

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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