Lors du 76e congrès de l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF), qui s’est déroulé les 19 et 20 octobre 2023 à Winnipeg, au Manitoba, Véronique Corbeil, conseillère pédagogique au Centre de services scolaire des Laurentides, a présenté l’atelier « Interdisciplinarité : de la classe à la communauté ».
D’abord, un peu de vocabulaire :
Multidisciplinaire : Utiliser une thématique pour regrouper les connaissances de plusieurs disciplines. Aucun objectif précis ne lie les disciplines et il y a peu d’intégration des matières.
Exemple : Animer un kiosque sur le thème du mimétisme :
- Fabriquer l’insecte (arts)
- Créer une affiche décrivant les caractéristiques (français)
- Repérer le milieu de vie de cet insecte (géographie)
Pluridisciplinaire : Choisir un thème et y associer des travaux reliant plusieurs disciplines. L’élève forme sa compréhension du sujet à travers ses travaux.
Exemple : Demander à un groupe de travailler sur les boissons énergisantes :
- Identifier les effets sur la santé (sciences)
- Produire un graphique sur l’évolution de la consommation par groupes d’âge (mathématiques)
- Analyser l’interdiction de vente de certains produits versus les droits du consommateur (éthique)
Transdisciplinaire : Transférer un concept, une méthode d’une discipline à l’autre. L’ancrage peut être solide, mais dans un cadre restreint.
Exemple : Apprendre au sujet des boussoles de l’école à la maison :
- Fabriquer une boussole (sciences)
- S’orienter dans un parcours (éducation physique)
- Utiliser sa boussole lors d’une marche en forêt avec ses parents (exploiter l’information)
Interdisciplinaire : Organiser les apprentissages par projet en visant une collaboration étroite entre des disciplines distinctes, tellement que les frontières entre les disciplines disparaissent et de même que le concept de période scolaire. Les élèves abordent un problème de manière plus complète et holistique. C’est ce qui sera détaillé dans la suite!
L’approche interdisciplinaire en 4 étapes
1- Cibler un besoin ou un enjeu;
2- Créer un scénario d’apprentissage authentique sous forme de résolution de problème;
3- Associer les disciplines (entre 2 et 4) du programme pédagogique;
4- Prévoir un projet échelonné sur quelques périodes, voire quelques semaines.
« L’interdisciplinarité permet d’arrêter de compartimenter les matières. La vraie vie n’est pas compartimentée. Cette approche permet de travailler en projets avec les élèves, de donner plus de sens aux apprentissages et même d’ouvrir les portes de la classe à de nouveaux partenaires issus de la communauté. Les apprentissages s’ancrent dans le concret et la réalité de leur milieu », explique Véronique.
Selon elle, l’interdisciplinarité rend plus facile le développement des compétences transversales comme la résolution de problèmes, la communication, la collaboration, l’esprit critique. Cette approche permet aussi de donner plus de place aux élèves éprouvant des difficultés puisque chacun peut faire valoir ses forces à différents moments de la réalisation des projets.
Des enjeux de la communauté
Généralement, Véronique Corbeil part d’un enjeu vécu dans la communauté pour attirer l’attention des élèves. Elle a donné deux exemples.
Création d’un minigolf
- Contexte : La mairesse de la ville sonde la population afin de connaitre leurs intérêts en vue de la création d’un centre sportif.
- Déclencheur en classe : Questionner les élèves au sujet de leurs intérêts sportifs, mais aussi dans le but de connaitre leur opinion sur la construction de ce centre. Les élèves se mettent d’accord sur le fait qu’il devrait y avoir un minigolf parmi les installations sportives.
- Activités vécues :
- Écrire à la mairesse de la municipalité pour faire valoir les avantages d’inclure un minigolf;
- Construire un prototype pour vanter l’idée et le présenter au conseil municipal;
- Faire des recherches sur l’histoire du golf.
La mine
- Contexte : Une petite ville voisine possède une mine inexploitée depuis 1940. Le territoire n’a toujours pas été restauré.
- Déclencheur en classe : Aborder les savoirs au sujet des roches et minéraux avec la littérature jeunesse, puis, faire le lien avec la situation du village voisin. Amener les élèves à se questionner sur les minéraux canadiens, les étapes d’exploitation d’une mine, les lois protégeant les territoires exploités.
- Activités :
- Découvrir un minerai mystère par le biais d’ateliers de manipulation;
- Faire des recherches sur le territoire canadien et produire une brochure publicitaire pour inciter les gens à y investir et/ou y travailler;
- Construire une maquette en respectant les critères scientifiques et mathématiques : mine à ciel ouvert ou mine souterraine;
- Élaborer un plan de restauration du territoire, selon les lois de sa province;
- Choisir un site minier canadien à restaurer et écrire une lettre au ministère des Ressources naturelles et des forêts afin de l’inciter à remettre ce territoire à son état naturel. Proposer des pistes de solutions.
En terminant sa présentation, Véronique Corbeil a rappelé que, pour elle, l’interdisciplinarité offre une occasion de plonger les élèves dans des projets concrets et réels. En adoptant cette approche, elle a constaté qu’il était plus facile d’engager les élèves dans leurs apprentissages, ils trouvent réponse au fameux « pourquoi » que certains élèves demandent parfois.
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Nous tenons à remercier le Programme d’appui à la francophonie canadienne – Secrétariat du Québec aux relations canadiennes pour son soutien financier à l’occasion de notre participation au congrès 2023 de l’ACELF, à Winnipeg.