En 2008, John Hattie a publié « Visible Learning », une étude basée sur 800 méta-analyses qui ont compilé les résultats de plus de 50 000 études plus petites. L’objectif de cette étude était d’identifier les facteurs ayant le plus grand impact sur l’apprentissage des étudiant·es.
À l’époque, il s’agissait de la plus grande étude basée sur des données probantes. Hattie a utilisé une technique statistique appelée « taille de l’effet » pour mesurer l’impact de différents facteurs. Les résultats de son analyse ont révélé que parmi les six groupes influençant la réussite de l’apprentissage à l’école (à savoir la personne apprenante, la maison, l’établissement scolaire, l’enseignant·e, les programmes et l’enseignement), les enseignant·es semblaient avoir l’effet le plus important.
« Mon livre Visible Learning: The Sequel fait passer la discussion sur l’enseignement vers la discussion sur l’apprentissage. Nous devons amener les enseignant·es à travailler ensemble pour diagnostiquer, évaluer et réfléchir tout haut afin de combler ces lacunes par leur expertise. »
John Hattie
« Nous devons cesser de nous contenter d’examiner les stratégies utilisées par les enseignant·es et nous intéresser de plus près à l’impact que nous avons sur les élèves, à la fois sur leur connaissance du contenu et sur leur connaissance profonde, sur le transfert de connaissances et sur la manière dont ils apprennent le mieux. »
« Visible Learning : The Sequel » (2023)
Quinze ans se sont écoulés depuis la première publication et beaucoup de choses ont évolué dans le milieu de l’éducation. De nouvelles méta-analyses ont été produites et la COVID-19 a bouleversé les écoles à travers le monde. De plus, 100 000 enseignants ont utilisé les résultats de 2008, ce qui a également permis de tirer de nombreuses autres conclusions.
Dans sa nouvelle publication intitulée « Visible Learning : The Sequel » (2023), Hattie s’appuie désormais sur plus de 2 100 méta-analyses portant sur les résultats scolaires, provenant de plus de 130 000 études. Elles ont été réalisées avec la participation de plus de 400 millions de jeunes âgés de 3 à 25 ans, principalement dans les pays développés.
Il met en évidence une série de facteurs qui améliorent les performances des personnes apprenantes, notamment :
- Le tutorat informatique qui fournit une rétroaction immédiate, en particulier lorsque l’intelligence artificielle est utilisée.
- La « classe inversée », qui consiste à fournir le contenu de la matière enseignée avant de venir en classe.
- Les personnes enseignantes qui récapitulent et résument le matériel d’apprentissage.
- Les personnes étudiantes qui apprennent à répéter et mémoriser les contenus.
- La conscience phonologique qui consiste à enseigner aux jeunes élèves à reconnaître et à manipuler les parties de phrases et de mots lorsqu’ils apprennent à lire.
- L’analyse cognitive des tâches qui consiste à enseigner aux personnes étudiantes comment réfléchir à la manière de résoudre des problèmes.
- La « méthode Jigsaw » qui est une technique d’apprentissage coopératif qui implique un apprentissage à la fois individuel et collectif pour résoudre un problème.
L’importance des enseignant·es
« Les élèves ont des attentes et le rôle de l’enseignant·e est de les aider à dépasser ce qu’ils pensent être leur potentiel. Il faut apprendre aux élèves à relever des défis, avec des filets de sécurité en cas d’échec. »
« L’une des nouvelles priorités dans Visible Learning: The Sequel est l’alignement des intentions pédagogiques pour les choix des stratégies, les choix dans la rétroaction, le choix des évaluations, le choix des devoirs. Il faut s’assurer que les étudiants réalisent que nous valorisons aussi bien le contenu, les concepts et les faits, que nous valorisons la réflexion approfondie, la résolution de problèmes et le transfert de connaissances. »
John Hattie
- Le corps professoral doit maintenir des attentes élevées envers les personnes apprenantes. Il ne faut pas les étiqueter (comme personnes « brillantes », « en difficulté », « TDAH » ou « autistes »), car cela peut conduire à réduire les attentes.
- Les enseignant·es doivent être très clairs sur le contenu et les objectifs des apprentissages à atteindre.
- Les enseignant·es doivent collaborer ensemble pour voir les différents aspects de leur impact et les différentes façons dont ils peuvent réussir dans leur enseignement.
- Il y a souvent un débat entre les adeptes d’un enseignement « riche en connaissances » (centré sur le contenu) et les personnes qui prônent plus « d’apprentissage par la découverte basé sur les problèmes » (enseignement de la manière de découvrir des idées). Cependant, il n’est pas question de choisir entre les deux. Il faut exploiter les deux critères de réussite (l’un portant sur le contenu, l’autre sur l’apprentissage en profondeur), deux évaluations, deux activités pour qu’il soit clair que nous voulons à la fois les connaissances et les relations entre les idées.
- Les enseignant·es doivent préconiser un modèle d’alignement de leurs intentions pédagogiques. En d’autres termes, les enseignant·es doivent consciemment aligner leurs méthodes d’enseignement, leurs activités, leurs évaluations et leurs rétroactions sur l’acquisition de connaissances ou la découverte d’idées.
Qu’en est-il de l’impact de la technologie ?
« Je reste stupéfait par l’excellence de nos écoles et fasciné par le fait que nous ne soyons pas aussi compétent·es et concentré·es sur la réussite, mais que nous aimions plutôt nous concentrer sur les échecs scolaires. »
John Hattie
Selon Hattie, cela fait 50 ans que l’on nous dit que la technologie est la réponse à nos problèmes d’enseignement, mais son analyse montre encore que les effets globaux restent faibles. L’énorme quantité d’études sur la technologie contient des messages importants notamment : l’importance pour les étudiant·es d’apprendre les uns des autres par le biais de la technologie et la valeur de la technologie pour offrir de multiples possibilités d’apprentissage.
Les médias sociaux sont également un moyen important pour les enseignant.es d’entendre ce que pensent les étudiant·es. Plusieurs parleront de leur façon de penser, de leurs difficultés et poseront des questions sur leur travail en utilisant les médias sociaux, ce qu’ils ne feront pas verbalement, même lorsque leur enseignant·e ou leurs camarades se trouvent à leurs côtés.
Ce billet est adapté de l’article original :
Hattie, J. (2023, 29 mars). Education expert John Hattie’s new book draws on more than 130,000 studies to find out what helps students learn. The Conversation. https://theconversation.com/education-expert-john-hatties-new-book-draws-on-more-than-130-000-studies-to-find-out-what-helps-students-learn-201952
L’article John Hattie… la suite « Visible Learning : The Sequel » a été publié pour la première fois sur LeCollimateur, un site de veille pédagogique et pédagonumérique en enseignement supérieur de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Il est reproduit avec la permission de l’équipe.