Quelles sont vos meilleures idées pour changer (dans le sens d’améliorer, bien sûr!) l’éducation? Une vingtaine d’experts les ont exposées lors d’un « think tank » (laboratoire d’idées) dédié à l’éducation.
Le tout premier forum EducaTank s’est tenu en mai 2014 à Marrakech au Maroc. Cette année, pour la 2e édition, une vingtaine d’experts en éducation se sont réunis en France, sur le Plateau de Beille dans les Pyrénées, juste avant l’ouverture de la 13e édition de l’université d’été Ludovia. Ils provenaient entre autres de la France, de la Belgique, de la Suisse et du Canada.
À cette occasion, chacun des participants fut amené à proposer et défendre « son idée pour changer l’éducation ». Voici un bref résumé des propositions de certains d’entre eux. Pour en savoir plus, cliquez sur le nom du proposant.
Changer en utilisant des robots
Christophe Batier : L’informatique (années 1980), le cédérom éducatif (années 1990), la démocratisation d’Internet (années 2000), les réseaux sociaux (années 2010)… M. Batier prévoit pour les années 2020 une présence accrue de robots et autres objets connectés en éducation, qui interviendront dans plusieurs scénarios pédagogiques. La tendance semble être au petit, et moins cher, auquel on peut ajouter des fonctions. En plus des robots programmables, on retrouve des robots compagnons qui aident les élèves, ainsi que des robots de téléprésence semblables à Jarvis, celui de Cadre21.
Changer pour faire mentir Raymond Lévesque
Jean-François Cerisier : Il se permet de rêver et tente de faire mentir le poète québécois Raymond Lévesque (auteur de la chanson « Quand les hommes vivront d’amour ») afin que « dans la grande chaîne de la vie », il ne soit pas nécessaire qu’il y ait « toujours quelques perdants ». Pour ce faire, il rêve d’une transformation de l’école grâce à l’élaboration d’une politique générale de l’État au service d’un véritable projet de société.
Changer en maisons de la connaissance
Bruno Devauchelle : Il propose de transformer les écoles en « maisons de la connaissance ». Ces nouveaux lieux de construction des savoirs seraient décloisonnés, ouverts du plus grand au plus petit. Plus particulièrement, il propose différents espaces dans chaque maison :
- L’espace du désir d’apprendre;
- L’espace de la rencontre avec le savoir;
- L’espace de la construction des savoirs;
- L’espace de la confrontation des savoirs.
Changer pour un développement professionnel épanouissant
Régis Forgione et Fabien Hobart : Ils conseillent une conversion au lieu d’une transformation drastique, une hybridation au lieu d’un changement. « Partir de l’existant en lui apportant une dimension numérique. » Une expérience qui faciliterait une sortie en douceur de l’enseignant de sa zone de confort, un pas à pas qui l’accompagnerait dans une conversion volontaire vers un épanouissant développement professionnel.
Changer pour un cartable (ou sac à dos!) numérique
Jean-Marie Gilliot : Il met de l’avant l’idée d’un cartable numérique, car le cartable (ou sac à dos) est l’espace personnel de l’écolier à l’école, rappelle-t-il. Cette idée est liée à ses réflexions dans le cadre de son travail de recherche autour des données d’apprentissages. En effet, le cartable numérique permet de construire sur les acquis, non seulement sur l’atteinte des objectifs. Il permet de passer d’un sujet à l’autre et encourage l’échange sur les sujets au choix de l’apprenant. De plus, comme on apprend tout au long de la vie, cet espace numérique personnel permet de passer d’un établissement ou d’un employeur à l’autre en conservant ses données.
Casser les murs!
Caroline Jouneau-Sion : Elle veut casser les murs! Mais n’ayez crainte : il s’agit de les casser de façon virtuelle. Tout comme chez nous, les écoles françaises sont un cadre physique auquel il est très difficile d’échapper : portes et clôtures cadenassées, accès et sorties impossibles sans invitations ou autorisations préalables. Évidemment, la sécurité des enfants prime. Pourtant, elle soutient qu’il faut aussi savoir faire confiance aux élèves et aux gens qui ne leur veulent que du bien. Ceci facilite le dépassement du cadre disciplinaire et de la rigueur des programmes, ainsi que la mise en relations de concepts, la transdisciplinarité.
Changer pour ne jamais s’adresser à la classe entière
François Jourde : Pour sa part, il propose de quitter le mode de communication « radio », où l’enseignant-émetteur est entouré de ses élèves-récepteurs. Il faut à son avis construire une classe en réseau dans laquelle chaque participant peut émettre et recevoir, faire de la pédagogie et construire des situations d’apprentissage. « Il ne s’agit toutefois pas de supprimer complètement le cours magistral, mais de choisir en fonction de l’enjeu de l’apprentissage. »
Changer en, simplement, améliorant l’école
Laurence Juin : Elle offre simplement d’améliorer l’école. Elle travaille en lycée professionnel, l’équivalent d’un cégep professionnel. Chez eux, c’est la même équipe qui suivra les étudiants pendant les trois ans de leur formation. Le groupe-classe ne change pas et les étudiants ont le même professeur principal. Ce type d’organisation a l’avantage d’améliorer le climat scolaire, d’assurer le continuité pédagogique ainsi que de favoriser les relations école-parents, donc de changer l’école avec le temps. Enseignants et élèves gardent toutefois la possibilité de changer de groupe.
C’est en forgeant qu’on devient forgeron
Ninon Louise Lepage (c’est moi!) : L’idée que j’ai partagée est de faire certains changements au moment de la formation des enseignants au baccalauréat en didactique des sciences. Je propose qu’un local soit dédié à la réalisation des manipulations, expériences et montages, bref toutes ces démarches concrètes d’apprentissage qu’on aimeraient qu’ils fassent avec leurs élèves afin qu’ils puissent les expérimenter eux-mêmes.
Plusieurs autres éducateurs ont participé aux discussions où les idées des uns et des autres sont comme de petites semences qui sauront croître et, avec le temps, changeront l’école.
Et vous, quelles sont vos meilleures idées pour changer l’éducation?