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Des chercheurs de l’Université de Sherbrooke et de l’UQAM s’attaquent à la baisse d’intérêt des élèves pour les sciences et la technologie

Cette enquête jette un éclairage d'une ampleur inédite sur les facteurs qui influencent l'intérêt des élèves du primaire et du secondaire envers les S&T à l'école.

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SHERBROOKE, QC, le 16 oct. 2015 /CNW Telbec/ – Au Québec comme ailleurs en Occident, les élèves du primaire et du secondaire sont de moins en moins enclins à choisir les études menant à des métiers en sciences et en technologie (S&T). Cette lacune dans le développement de la culture scientifique, au moment même où la demande pour la connaissance dans ces domaines est de plus en plus vive dans la société, est un constat inquiétant pour la progression économique et sociale du Québec. Une enquête coréalisée par des chercheurs de l’Université de Sherbrooke et de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) jette un éclairage d’une ampleur inédite sur les facteurs qui influencent l’intérêt des élèves du primaire et du secondaire envers les S&T à l’école. Ses résultats permettent déjà aux chercheurs de concevoir des outils et d’accompagner les enseignantes et les enseignants dans la recherche de solutions pour renverser la tendance.

Portrait multidimensionnel de l’intérêt des élèves face aux S&T

L’enquête réalisée par la Chaire de recherche sur l’intérêt des jeunes pour les sciences et la technologie (CRIJEST) auprès de 2 571 élèves répartis dans 40 écoles de huit commissions scolaires du Québec, a dressé un portrait détaillé des perceptions des élèves et de l’importance qu’ils accordent aux S&T.

Plusieurs aspects étudiés par l’enquête ont obtenu des résultats globalement élevés, dont les dimensions « intérêt pour les S&T à l’école », « intérêt pour les S&T dans la société » et « sentiment d’efficacité »1. Les matières en S&T arrivent au 4e rang de celles considérées comme les plus importantes, les plus faciles, les « préférées » et celles dont les parents parlent le plus aux élèves à la maison.

De plus, les chercheurs constatent que les études nécessaires pour accéder à un métier en S&T sont perçues comme « difficiles » et « non accessibles à n’importe qui ». Ainsi, moins de la moitié des élèves interrogés par l’enquête ont affirmé avoir l’intention de faire des études menant à un métier lié aux sciences et à la technologie.

La recherche a notamment permis de décrire une tendance à la perte d’intérêt face aux S&T, lors de la transition primaire-secondaire, pour la plupart des éléments de l’enquête. On constate également une perte progressive de la préférence relative accordée aux mathématiques.

Fait intéressant, on remarque que dans la majorité des aspects pris en compte dans l’étude, les différences entre les garçons et les filles sont généralement marginales, à l’exception de certains angles précis (« sentiment d’efficacité en S&T1 »; « perception de facilité de la physique-chimie, technologie, et sciences de la Terre »). « Nos résultats comparatifs en fonction du genre indiquent des différences garçons/filles beaucoup moins marquées que celles d’autres études internationales », explique le professeur Patrice Potvin, de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM, cotitulaire de la CRIJEST.

L’engagement intellectuel de l’élève au cœur de son parcours en S&T

L’enquête a permis de dégager plusieurs prédicteurs dont l’influence sur le niveau futur d’intérêt de l’élève a été confirmée. La qualité des démarches d’enseignement est bien sûr un de ces prédicteurs, mais on comprend désormais beaucoup mieux le rôle d’autres facteurs comme la participation en famille à des activités de culture scientifique, la perception de l’élève des S&T par rapport aux autres disciplines, etc.

Ainsi, une des conclusions les plus prometteuses de l’enquête concerne les approches qui engagent l’élève intellectuellement. « Notre constat le plus intéressant, c’est que parmi toutes les méthodes qui cherchent à stimuler l’intérêt de l’élève pour les S&T, les plus efficaces semblent être celles qui font émerger un engagement intellectuel avant le début des activités d’enseignement », explique le professeur Abdelkrim Hasni, de la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke, cotitulaire de la CRIJEST. Autrement dit, on doit créer une attitude de curiosité et d’ouverture envers les sciences avant ou dès le début du programme scolaire, et avant les démarches d’expérimentation et de manipulation. L’effet limité de ces dernières, en l’absence d’engagement intelle! ctuel préalable de l’élève, doit d’ailleurs être souligné. On voit ici le rôle clé des parents et du recours à un enseignement contextualisé permettant de lier les apprentissages à la vie et à l’entourage de l’élève. »

Outiller enseignants et décideurs

Ce rapport s’adresse à tous les acteurs concernés par l’éducation scientifique et technologique à l’école. La problématique qu’il développe et les résultats qu’il présente permettent de guider les interventions des acteurs scolaires (enseignants, conseillers d’orientation, conseillers pédagogiques, directions d’écoles, etc.) et des parents auprès des élèves. Les résultats seront aussi utiles pour les décideurs locaux (commissions scolaires) ou provinciaux, et pourront éclairer les décisions relatives à l’enseignement de ce champ disciplinaire.

Quant à eux, les chercheurs et leurs équipes sont déjà de retour sur le terrain, où ils outillent des enseignants, observent le déroulement des activités et mesurent l’efficacité des démarches mises en œuvre dans les classes. Des formations de deuxième cycle sur des pratiques pédagogiques susceptibles d’avoir un effet sur l’intérêt des élèves sont déjà offertes aux enseignantes et aux enseignants. Les résultats sont extrêmement prometteurs.

« La formation aux sciences et à la technologie comporte des enjeux aux vastes répercussions pour les sociétés modernes, concluent les chercheurs. En Occident comme dans les pays en développement, la présence d’une riche culture scientifique facilite l’exercice d’une citoyenneté éclairée et sous-tend le progrès social au même titre que les progrès technologiques, industriels et commerciaux. D’où l’importance que nous devons accorder collectivement aux questions touchant l’éducation scientifique et technologique à l’école. Dans le contexte démographique que nous connaissons désormais, cela est un enjeu qui nous concerne tous. »

À propos de la Chaire de recherche sur l’intérêt des jeunes à l’égard des sciences et de la technologie (CRIJEST)

La création de la Chaire de recherche sur l’intérêt des jeunes à l’égard des sciences et de la technologie (CRIJEST) a été financée et appuyée par la Commission scolaire des Grandes-Seigneuries, la Commission scolaire des Hauts-Cantons, la Commission scolaire des Hautes-Rivières, la Commission scolaire Marie-Victorin, la Commission scolaire de Montréal, la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke, la Commission scolaire de la Rivière-du-Nord et la Commission scolaire des Sommets.

Les résultats de l’enquête sont disponibles sur le site web de la CRIJEST : www.crijest.org

1. Par sentiment d’efficacité, on entend : jusqu’à quel degré les élèves considèrent-ils qu’ils sont « bons à l’école » en général et en S&T en particulier? Jusqu’à quel degré les élèves considèrent-ils qu’ils comprennent facilement les S&T?

 

                                                            

SOURCE Université de Sherbrooke

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