Le gouvernement présentera sous peu un plan pour le retour en classe des élèves. Nous sommes conscients que ce ne sera pas un retour à la normale et qu’il est fort possible qu’un certain nombre d’élèves ne se présentent pas en classe, pour des raisons liées à leur santé ou à celle de leur entourage.
Durant les dernières semaines, les écoles privées québécoises ont pu vivre l’expérience de l’enseignement à distance, comme ce fut le cas dans d’autres réseaux scolaires de différents pays et d’autres provinces canadiennes. Nous avons pu en tirer certains constats que nous désirons partager pour assurer une continuité positive de l’éducation de nos enfants pour les semaines et possiblement, les mois à venir. Nous considérons que l’éducation est un service essentiel dans notre société et qu’il est indispensable de trouver des moyens d’en assurer sa continuité, même lorsqu’elle doit se faire à distance.
Tout d’abord, nous avons constaté que la clé de la réussite d’un apprentissage à distance, au- delà de la disponibilité des ressources technologiques, est le maintien de la relation maître- élève. Cette relation est toujours la pierre angulaire de la réussite des élèves au préscolaire, au primaire et au secondaire et doit continuer d’être prioritaire, surtout dans un contexte d’enseignement à distance. Il est primordial que les enseignants soient en contact direct avec leurs propres élèves, qu’ils enseignent les contenus essentiels et qu’ils proposent des travaux dans le but non seulement de consolider et poursuivre leurs apprentissages, mais aussi d’amasser des traces pour évaluer si les élèves sont sur la bonne voie.
De plus, il faut éviter de rendre l’éducation facultative, tout en étant compréhensifs et souples à l’égard des élèves qui, pour toutes sortes de raison, ne pourront pas tout faire ce qui leur est demandé. Tout d’abord, le fait de rendre l’éducation facultative est une source de démotivation pour les enfants et les familles qui rend le succès de l’enseignement à distance difficile. De plus, cela envoie un mauvais signal quant à l’importance de la fréquentation scolaire, que les élèves soient sur place à l’école ou à la maison. En temps de pandémie, il faut continuer à toujours encourager la persévérance scolaire.
Finalement, il faut porter une attention particulière à tous les élèves vulnérables et en difficulté scolaire. Même en temps normal, ces élèves ont besoin d’un accompagnement individualisé pour actualiser leur potentiel et les amener vers la réussite éducative. En situation d’apprentissage à distance, il faut mettre à profit les techniciens en éducation spécialisée, les orthopédagogues et tous nos les professionnels pour continuer cet accompagnement par des contacts fréquents et des rencontres virtuelles.
Peu importe les scénarios qui seront retenus pour le retour à l’école, tous les acteurs de du milieu de l’éducation, directions, enseignants, professionnels et personnel de soutien, doivent se mobiliser pour construire rapidement un nouveau modèle d’organisation scolaire. Si le retour est graduel, il faut continuer à accompagner et à procurer un enseignement aux élèves qui demeureront à la maison. Il est certain que dans certains milieux, l’accès au matériel technologique est difficile pour les familles. Cela n’est pas une raison pour renoncer à enseigner aux élèves à la maison ; il faut plutôt tout faire pour fournir l’accès à ces familles de façon prioritaire.
L’éducation est un droit et un service essentiel. En cette période de crise, le monde de l’éducation doit plus que jamais se mobiliser pour soutenir la persévérance scolaire des jeunes Québécois et leur fournir le soutien nécessaire et un encadrement bienveillant. Nous devons être créatifs et proactifs pour contrer le décrochage scolaire, et éviter que la réussite éducative et la persévérance scolaire deviennent des victimes collatérales de cette crise.
Nous offrons notre entière collaboration à tous les acteurs de l’éducation pour la réussite des jeunes Québécois. Nous sommes convaincus que nous pouvons tous apprendre les uns des autres, peu importe que nous provenions du réseau public ou privé. Si l’expérience que nous vivons depuis le début de la crise par rapport à l’enseignement à distance peut être mise à profit pour tous, nous en serons heureux.
David Bowles, président
Fédération des établissements d’enseignement privés (FÉEP)