ANNONCE
L'École branchée, un organisme à but non lucratif
ANNONCE

12 conseils concrets pour démarrer dans l’éducation à l’esprit critique

« L’éducation à l’esprit critique n’est pas une éducation au doute, mais à une confiance bien calibrée, ajustée par rapport à la qualité des informations disponibles et aux connaissances. » Voici 12 conseils concrets pour faire de l’éducation à l’esprit critique en classe.

Publié le :

Classé dans :

Attention! Ce contenu a été mis à jour il y a plus de 3 ans. Il pourrait contenir des liens qui ne fonctionnent plus. N'hésitez pas à nous écrire si vous en trouvez!

Le Conseil scientifique du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports en France s’est donné comme objectif de produire des indications pratiques pour l’éducation à l’esprit critique dans les écoles primaires, secondaires et même de l’enseignement supérieur sur son territoire. Au final, 12 conseils sont présentés.

Le document « Éduquer à l’esprit critique – Bases théoriques et indications pratiques pour l’enseignement et la formation », produit par le Conseil scientifique du ministère de l’Éducation nationale, comprend plus d’une centaine de pages. Nous l’avons parcouru afin de relever l’essentiel.

Une définition : l’esprit critique est la capacité à ajuster son niveau de confiance de façon appropriée selon l’évaluation de la qualité des preuves à l’appui et de la fiabilité des sources.

Selon le Conseil scientifique, « l’éducation à l’esprit critique consiste à fournir aux élèves connaissances et critères qui permettent une évaluation plus avancée (sophistiquée et adaptée au contexte) des contenus et des sources d’information. Ceci dans le but d’apprendre à mieux distinguer entre opinions et connaissances, d’identifier les affirmations crédibles, de reconnaître les sources fiables. L’éducation à l’esprit critique n’est pas une éducation au doute, mais à une confiance bien calibrée, ajustée par rapport à la qualité des informations disponibles et aux connaissances. ».

Les critères de l’esprit critique :

·  capacité d’évaluation de la fiabilité des sources;

·  capacité d’évaluation de la plausibilité, de la pertinence des contenus;

·  capacité d’évaluation de la crédibilité des mêmes contenus d’information en termes de preuves à l’appui;

·  capacité d’estimer correctement la confiance que méritent ces mêmes informations ou les décisions associées.

Les 12 conseils

1. Ne pas réduire l’éducation à l’esprit critique à une éducation aux médias et à l’information

Les sciences, l’histoire, toutes les matières et les contenus qui permettent d’acquérir des connaissances solides sont à envisager comme des lieux d’éducation à l’esprit critique.

Faire de l’éducation à l’esprit critique, ce n’est pas faire de l’éducation aux médias et à l’information.

2. Ne pas faire de l’éducation à l’esprit critique une éducation à la méfiance

Miser plutôt sur l’importance de faire le tri entre les sources d’information en mettant l’accent sur les bonnes sources plutôt que de présenter les moins bonnes.

Exercer son esprit critique, ce n’est pas de tout critiquer.

3. Inclure systématiquement l’objectif de favoriser le développement de l’esprit critique dans ses cours et se doter de méthodes appropriées

Le développement de l’esprit critique est une compétence transversale qui peut être abordée dans un grand nombre de cours. Il ne s’agit pas de créer des cours ad hoc, mais d’exploiter toutes les occasions possibles, au sein de tous les enseignements et tout au long du parcours scolaire de l’élève.

Faire preuve d’esprit critique, ce n’est pas uniquement bon quand on navigue sur le web.

4. Faire de l’éducation à l’esprit critique un enseignement assumé

L’enseignant peut structurer son cours pour y introduire les critères de l’esprit critique, en les considérant comme des objectifs à atteindre (et, donc, éventuellement à évaluer). Introduire ces critères signifie les faire vivre par des activités concrètes, mais aussi les rendre explicites pour l’élève. À la fin d’un cours, ce dernier doit savoir sur quels critères il a travaillé, pourquoi et quelle est leur utilité pratique.

5. Faire de l’éducation à l’esprit critique un objectif transdisciplinaire grâce à des enseignements pluridisciplinaires

Les enseignants d’une même école peuvent identifier collectivement les moments dans l’année où certains critères seront travaillés dans différentes disciplines. Les enseignants peuvent alors présenter aux élèves les liens entre les notions qu’ils apprennent dans les disciplines, ce qui fera plus de sens pour eux.

6. Faire de l’éducation à l’esprit critique un objectif durable et évolutif

Évaluer l’expertise d’une source ne se fait pas de la même manière à 7 ou à 15 ans. L’éducation à l’esprit critique doit être adaptée à l’âge de l’élève et monter progressivement en complexité dans les contenus ou les situations présentés.

7. Accepter que l’objectif soit celui de faire mieux, non celui de ne jamais se tromper

Il ne s’agit pas de transformer la manière de penser, le raisonnement, mais de fournir des outils pratiques et des connaissances. L’éducation à l’esprit critique est un investissement sur le long terme.

8. Entraîner les capacités métacognitives

L’enseignant peut exploiter différentes techniques pédagogiques pour amener les élèves à s’interroger sur ce qu’ils savent ou ne savent pas, sur ce qu’ils pensent avoir compris. Cette attitude métacognitive est souvent invoquée pour aider les élèves à prendre le contrôle sur leurs apprentissages et à mieux se réguler.

9. Ne pas renoncer aux connaissances

Faire preuve d’esprit critique est une compétence qui va au-delà de « bien penser ». Il s’agit plutôt d’évaluer des contenus et des sources d’information. C’est pourquoi l’éducation à l’esprit critique ne peut pas être dissociée de l’acquisition de connaissances factuelles qui sont scientifiquement validées sur le monde physique, biologique, social, historique, etc.

10.  Inviter à débattre et à argumenter, mais en prenant des précautions

Il est intéressant de susciter des situations d’apprentissage où les élèves sont amenés à débattre et à argumenter. Cependant, placer les élèves en position de débat se prépare et s’accompagne. Le but n’est pas d’amener les élèves à échanger librement et de manière ouverte sur tous les sujets, mais de leur apprendre à distinguer préférences, opinions, connaissances, faits et preuves de différents niveaux.

11.  Ne pas se limiter à des thèmes « chauds »

Ces thèmes de discussion peuvent traduire l’appartenance des élèves à un groupe social et il est particulièrement difficile de se départir des certaines idées reçues « à chaud ». Cela pourrait conduire à des échanges contre-productifs. Il faut aussi se rappeler qu’il vaut mieux détenir de solides connaissances sur un thème pour en discuter.

12.  Ne pas limiter l’enseignement de l’esprit critique à la connaissance des biais cognitifs et éviter les listes de biais

L’effort pédagogique à mener ne consiste pas à donner une liste de toutes les catégories d’erreurs que les élèves peuvent commettre, mais plutôt à leur faire prendre conscience que certaines disciplines ou certaines situations les font mal juger de la qualité d’une information et qu’il est important d’apprendre à mieux identifier ces cas.

Le Conseil scientifique conclut son document en rappelant l’importance de la formation et du développement professionnel pour les enseignants : « La formation initiale et continue des enseignants est une condition fondamentale pour que l’éducation à l’esprit critique puisse devenir non seulement une préoccupation diffusée, mais une réalité éducative ».

Au Québec, le Programme de formation de l’école québécoise compte neuf compétences transversales, dont Exercer son jugement critique, qui est l’équivalent de ce que le ministère de l’Éducation français nomme l’esprit critique.

Le service national du RÉCIT du développement de la personne offre plusieurs ressources, dont ce dossier sur la pensée critique et une activité sur le jugement critique face à nos découvertes sur le Web.

À propos de l'auteur

Martine Rioux
Martine Rioux
Martine Rioux est rédactrice et gestionnaire de projets d’éditions numériques. Au fil de ses expériences, elle a développé une solide expertise en lien avec la transformation numérique dans divers secteurs d’activités (éducation, culture, administration publique, etc.). Elle maîtrise les subtilités de l’univers numérique, ses enjeux, ses possibilités et sait les vulgariser en deux clics de souris. Elle est notamment rédactrice en chef des médias de l’École branchée. Son rêve : que chacun ait accès à la technologie et puisse l'utiliser comme outil d’apprentissage et d’ouverture sur le monde.

Commentaires, reproduction de textes et usage de l'intelligence artificielle

Pour commenter un article et y ajouter vos idées, nous vous invitons à nous suivre sur les réseaux sociaux. Tous les articles y sont publiés et il est aussi possible de commenter directement sur Facebook, X, Instagram, Bluesky ou LinkedIn.

Sauf dans les cas où la licence est expressément indiquée, il n'est pas permis de reproduire les articles de l'École branchée. Toute demande de reproduction doit être adressée directement à l'organisme.

Dans son processus éditorial, notre équipe fait appel à des technologies intégrant l'intelligence artificielle pour améliorer les textes, entre autres par la reformulation de passages, la révision linguistique, la traduction et la synthèse des idées. Tous les textes sont révisés par des humains avant leur publication.

Recevez l'infolettre Hebdo

Recevez l'infolettre Hebdo mardi #Actu et vendredi #DevProf pour ne rien manquer des nouveautés de l'École branchée!


Faites briller vos projets pédagogiques et pratiques gagnantes!

Chaque histoire positive a le potentiel d'inspirer d'autres acteurs de l'éducation à innover pour améliorer la réussite éducative! L'École branchée vous offre ses pages pour faire circuler l'information dans le milieu scolaire, alimenter la veille professionnelle et valoriser les initiatives émanant du terrain. Allez-y, proposez-nous un texte! >

À lire aussi

(France) Les Petits Molières 2024 : un concours qui invite les élèves à réécrire le monde

La troisième édition du concours d’écriture Les Petits Molières, organisée par Plume en partenariat avec Pilot Pen France, invite les élèves du CP à la 3ᵉ (1ʳᵉ année du primaire à la 3ᵉ secondaire) à se pencher sur un thème à la fois ambitieux et inspirant : Refaire le monde. Ce concours, qui célèbre la créativité et l’engagement des jeunes, offre une occasion de s’initier à l’écriture engagée et de réfléchir aux grands enjeux de société.

RIDISI : Un traitement de texte innovant au service de l’apprentissage de la lecture

Trois enseignants français ont créé un nouvel outil pour accompagner les élèves dans l'apprentissage de la lecture. Constatant son efficacité auprès de leurs élèves, ils cherchent maintenant à le commercialiser. Leur application a attiré l’attention du ministère de l’Éducation nationale en France… et l’un des concepteurs nous a contactés pour nous la faire découvrir.

L’intelligence artificielle accompagnera les élèves français

La France deviendra le premier pays à généraliser l’usage d’une intelligence artificielle à tous les élèves d’un même niveau pour les accompagner dans leur progression scolaire. L’outil sera offert à tous les élèves de seconde (environ 15 ans) à partir de la rentrée 2024. Le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Gabriel Attal, en a fait l’annonce en décembre 2023.