Selon l’UNESCO, 1,3 milliard de jeunes, soit près de 74 % de la population étudiante, est confinée à la maison. Depuis déjà quelques semaines, les enseignants du Québec tentent tant bien que mal de pallier la situation. Zoom, téléphone intelligent, courriel, Google Drive, Facebook, etc., tous les moyens sont bons pour rejoindre les élèves confinés. Cette situation temporaire se prolongera jusqu’en juin avec l’annonce de la fermeture des écoles secondaires et le soutien accru aux élèves du primaire qui demeureront à la maison. Or, enseigner à distance ne s’improvise pas.
En lien avec la situation que nous vivons, certains parlent « d’enseignement à distance d’urgence » (emergency remote teaching), comme ce fut le cas pendant des années en Afghanistan, par exemple. Effectivement, la situation de crise actuelle ressemble davantage à un accompagnement des élèves à distance pour assurer un maintien des acquis et un apprentissage minimal. Ce ne sont pas précisément des conditions de formation à distance (FAD). En effet, il ne suffit pas de rendre disponibles notes de cours et exercices sur le Web pour que les élèves fassent des apprentissages. En effet, transposer un cours traditionnel en cours à distance exige du temps ainsi que des aménagements pédagogiques et technologiques qui ne sont tout simplement pas disponibles, particulièrement au niveau primaire et secondaire.
En temps normal, la FAD convient mieux aux étudiants du postsecondaire qu’aux élèves du primaire et du secondaire. Mais les circonstances ne sont pas ordinaires et l’anxiété et l’isolement ne favorisent pas les apprentissages. Suivre des cours à distance exige une autonomie, une autogestion et une organisation qui ne sont pas présentes chez tous les élèves. Quant aux élèves du primaire, l’apprentissage se fait en grande partie par le jeu et les interactions avec les autres jeunes, ce qui rend la FAD impossible sans l’aide précieuse des parents.
Malgré tout, il faut bien faire quelque chose, aussi imparfaite soit la solution. Alors comment l’enseignant peut-il soutenir ses élèves alors qu’il est lui-même confiné et, dans certains cas, doit lui-même faire l’école à la maison? Dans son éditorial, Stéphanie Carle, rédactrice en chef de la revue Pédagogie collégiale, propose 5 éléments essentiels à retenir.
La sécurisation
Avec la COVID-19, les élèves sont confrontés à des circonstances exceptionnelles et difficiles. Puisque l’apprentissage est intimement lié à l’affectif, on ne peut ignorer le sentiment collectif d’isolement et d’anxiété. Dans ce contexte, faire preuve d’empathie, communiquer régulièrement et maintenir un lien avec les élèves semble les premières choses à faire, avant même de penser aux apprentissages.
La brièveté
Puisqu’il sera impossible de couvrir entièrement le programme de formation, il faut donc cibler l’essentiel, les concepts-clés pour l’année suivante. Adapter son matériel didactique existant et planifier l’apprentissage en petites bouchées sont des approches recommandées, tout comme faire des rappels fréquents sur les apprentissages réalisés et avoir des attentes réaliste. De plus, en direct comme en différé, les capsules vidéo ne devraient pas dépasser 10 minutes au secondaire.
La simplicité
Pour ménager ses énergies, mieux vaut s’en tenir à ce qui est connu. Il faut minimiser la production de nouveau matériel didactique. Les exercices de votre maison d’édition sont disponibles en ligne? Utilisez-les. Vos notes de cours sont manuscrites? Une photo fera l’affaire. Vos capsules vidéo nécessiteraient un petit montage? Tant pis. En vidéo comme en classe, vous avez le droit de vous reprendre. Dans les circonstances, on suggère de résister au désir de perfection!
L’interactivité
Pour favoriser les apprentissages, les interactions de l’élève avec le contenu, avec l’enseignant ainsi qu’avec les autres élèves sont primordiales. Il existe de nombreux outils libres et gratuits qui favorisent les interactions (voir cet autre article d’École branchée). On peut penser aussi à l’importance de la rétroaction comme forme d’interactivité. Des quiz en ligne peuvent donner de la rétroaction automatique. Sinon, de nombreux outils numériques permettent l’ajout de commentaires directement à l’endroit désiré.
L’innovation
La FAD nécessite l’usage d’outils numériques et d’Internet. Cependant, maîtriser de nouveaux outils exige du temps et peut créer un certain stress, chez l’enseignant comme chez les élèves. Il sera rassurant d’utiliser des outils que les élèves connaissent ou avec lesquels vous êtes déjà familier. Malgré tout, il pourrait s’avérer pratique et efficace de vous approprier un nouvel outil ou une nouvelle fonction d’une application que vous maîtrisez. Pour vous soutenir, n’hésitez pas à faire appel à votre entourage ou même aux élèves. Sur le Web, des groupes d’enseignants s’organisent et partagent du matériel didactique pour sauver du temps. Et la TÉLUQ offre maintenant J’enseigne à distance, une formation gratuite pour les enseignants du Québec.
Dans le contexte actuel, le défi de la persévérance des élèves, et même des enseignants, demeure entier. Tous les moyens technologiques ne parviendront pas à remplacer la relation maître-élève ni à combler tous les retards d’apprentissage créés par la fermeture des écoles. Dans les circonstances, l’empathie et la flexibilité semblent les meilleures alliées. Et pour préserver son énergie, mieux vaut cibler ses interventions et ne pas réinventer la roue.
Et vous, quelles sont vos meilleures pratiques à partager ou celles que vous prévoyez mettre en place sous peu?
Carrefour éducation vous propose des outils technologiques qui vous aideront à mettre en place de cours à distance (synchrones ou asynchrones) : Des outils pour la formation à distance