Par Susanne Bergmann
Des élèves du Québec de 5e année et de 2e année de l’Ontario ont eu l’occasion de collaborer à la création de petits livres numériques au printemps dernier. Le tout s’est déroulé entièrement à distance et en français, tirant profit des forces de chacun des deux groupes d’élèves. On vous raconte leur histoire.
Sous la coordination d’Annie Martin, directrice du développement, leadership et apprentissages chez Apple Éducation, et son collègue Shawn Lennie en Ontario, un projet de parrainage linguistique et technologique interprovincial a eu lieu du 21 mars au 15 juin 2022, et qui a conduit à la publication de livres numériques par les classes participantes. Dans le cadre de ce projet, ce sont quatre classes du primaire, jumelées en dyades, qui ont vécu l’expérience.
La première dyade était formée par la classe de 5e année de Martine Gagnon, de l’école à vocation sportive Jacques-Plante, située à Shawinigan (CSS de l’Énergie), qui était jumelée à la classe de 2e année de Carie Arseneault, de l’école Hillcrest, située à Petrolia, en Ontario (Lambton Kent District School Board).
La deuxième dyade était celle de la classe de 6e année de Colin Dufour-Labrecque, de l’école Notre Dame de la Paix situé à Beauharnois (CSS de la Vallée-des-Tisserands), qui était jumelée avec la classe de 2e/3e année de Linda Thomas, également de l’école Hillcrest.
Nous avons eu la chance de nous entretenir avec l’enseignante Martine Gagnon, de l’école Jacques-Plante, pour en savoir plus.
Pratiquer le français
Initialement, la demande venait de l’école Hillcrest, en Ontario, qui souhaitait offrir à ses élèves des occasions de pratiquer le français à l’oral et la lecture. Au Québec, l’école Jacques-Plante devait se concentrer plutôt sur l’écriture.
D’abord, les deux classes se sont rencontrées par visioconférence. Par la suite, les jeunes ont préparé des questions et chaque enseignante a réalisé des capsules vidéo où les élèves devaient se présenter, parler de leurs intérêts, etc. Les capsules ont été partagées à la classe jumelle afin que les élèves puissent se choisir un partenaire et créer des équipes.
Faire vivre des objets dans un récit
Les partenaires se sont rencontrés en groupes de deux via Meet. Le groupe des plus jeunes a présenté un objet et les plus vieux devaient questionner les caractéristiques de cet objet afin d’en faire le personnage principal d’un récit de fiction. Les films de Pixar ont inspiré l’enseignante Martine Gagnon pour imaginer comment transformer des objets en personnages (elle nous donne l’exemple du personnage « Fourchette » dans la Belle et la Bête).
Par la suite, les élèves ont écrit leur récit à l’aide de l’application Pages pour iPad, et Annie Martin, d’Apple Canada, leur a fourni un modèle pour qu’ils le transforment en livre numérique. Les participants ont mis leur contenu dans les pages du modèle, fait leur autocorrection et partagé les livres avec leurs compatriotes de l’Ontario. Ceux-ci ont complété avec des illustrations et l’enregistrement du récit (car oui, il est aussi possible d’écouter l’histoire!). Finalement, l’équipe du Québec a fait la révision et a ajouté les détails (comme la page couverture) et transformé les livres en format ePub.
Toutes les deux semaines, il y avait une rencontre de suivi par visioconférence. Et le mardi 14 juin a eu lieu la dernière rencontre, marquant la fin du projet et les célébrations.
Des liens d’amitié
Les élèves québécois du 3e cycle ont apprécié être jumelés à de plus jeunes élèves. Les « plus jeunes » de l’Ontario, quant à eux, ont vraiment aimé « leur grand frère ou leur grande sœur » du Québec. Dans certains cas, leur coéquipière ou coéquipier est devenu leur idole, comme le mentionne Martine Gagnon. Des beaux liens d’amitié se sont créés. Les enfants québécois ont également pu découvrir une autre réalité, celle de la francophonie en Ontario.
Selon l’enseignante québécoise, le projet était bien encadré et accompagné par l’équipe d’Apple. Elle et sa collègue ontarienne ont d’ailleurs mentionné qu’elles aimeraient revivre le projet, idéalement plus tôt dans l’année scolaire, pour répondre à tous les échéanciers.
En effet, impossible de sauter des étapes ou de tourner les coins ronds puisque la production finale était bel et bien tangible : la publication de livres numériques. Heureusement, la motivation était à son maximum. Et, en voyant le produit final, les élèves avaient « des étoiles dans les yeux », selon Martine Gagnon.
« De tels projets donnent des ailes! »
Martine Gagnon
Et le résultat est impressionnant : 19 livres numériques! Annie Martin, d’Apple Canada, rappelle que « ce sont des jeunes en apprentissage; l’objectif n’était pas ici de faire des livres parfaits, sans fautes ni erreurs de prononciation… L’accent a été mis sur le processus pour arriver à créer une amitié avec un jeune francophone d’une autre province et bâtir quelque chose ensemble », explique-t-elle.
D’ailleurs, lors du bilan du projet, l’une des enseignantes d’immersion française a dit qu’elle ne savait pas que ses élèves pouvaient parler aussi bien en français! « Avec moi ou entre eux, ils ne se forcent jamais autant! »
Crédit photo : Martine Gagnon