Gérer les craintes liées à l’IA en éducation
Question : Que dire aux enseignants qui sont encore réticents à utiliser l’IA en classe?
Réponse : Il est normal d’éprouver des réticences face à une nouvelle technologie. Une bonne façon de commencer est d’explorer des outils d’IA intégrés à des plateformes déjà connues, comme Canva et son outil d’écriture magique. De plus, s’appuyer sur les communautés d’enseignants et partager les expériences peut être très aidant. Il est aussi recommandé de tester ces outils en dehors du cadre scolaire, par exemple pour des tâches personnelles, avant de les introduire en classe.
Question : Certaines écoles ont restreint l’usage de l’IA, notamment en interdisant l’utilisation d’outils numériques pour l’écriture. Comment aborder ces craintes?
Réponse : Il est important d’adopter une approche équilibrée. Varier les traces d’apprentissage, comme les discussions en classe, les travaux oraux et les journaux de bord, permet de mieux évaluer les compétences des élèves sans se fier uniquement à des productions écrites. En intégrant des discussions sur l’intégrité intellectuelle et la méthodologie de travail, on aide aussi les élèves à développer une réflexion critique face à ces outils.
Question : Comment prévenir le plagiat avec l’utilisation croissante de l’IA?
Réponse : Il n’existe pas de solution miracle et les détecteurs d’IA actuels ne sont pas fiables à 100 %. Plutôt que de se reposer uniquement sur ces outils, il est préférable d’encourager des méthodes d’évaluation variées et de sensibiliser les élèves à l’importance du travail original. Une approche collective impliquant les enseignants, la direction et les conseillers pédagogiques peut aussi aider à mieux encadrer cette question dans les établissements.
Développer la littératie numérique chez les jeunes
Question : Peut-on faire confiance aux informations générées par l’IA?
Réponse : La fiabilité des réponses d’une IA dépend fortement de son entraînement et de ses sources de données. Un enjeu particulier pour le Québec est la langue et le programme de formation de l’école québécoise. Certains outils commerciaux ne sont pas adaptés à notre réalité linguistique et éducative.
Pour garantir une meilleure adaptation au contexte québécois, il est possible d’améliorer la pertinence des IA en leur fournissant des documents validés, comme le programme de formation et la progression des apprentissages. Il est aussi essentiel que les enseignants participent activement au développement de certains outils, plutôt que d’attendre des solutions développées uniquement par de grandes entreprises technologiques. Par exemple, Alloprof est en voie de développer un outil utilisant l’IA qui est proprement québécois.
Question : Devrait-on introduire l’IA au primaire?
Réponse : Plus que l’utilisation de l’IA elle-même, c’est le développement de la pensée critique qui est essentiel. Dès le plus jeune âge, les élèves doivent apprendre à analyser l’information et à distinguer les fausses nouvelles. Le programme de Culture et citoyenneté québécoise inclut déjà des notions sur la désinformation. Il existe aussi des activités « débranchées » pour aider les élèves à comprendre le fonctionnement des algorithmes et de l’apprentissage machine sans accès direct à l’IA.
Accompagner les enseignants dans l’usage de l’IA
Question : Comment aider les enseignants à faire leurs premiers pas avec l’IA?
Réponse : Lire des guides spécialisés sur l’IA générative est une première étape essentielle pour les enseignants souhaitant se familiariser avec ces outils. Toutefois, une approche collaborative au sein des écoles est fortement recommandée afin d’assurer une intégration réfléchie et adaptée aux réalités pédagogiques. Organiser des réunions pédagogiques, débattre des usages possibles et des enjeux, ainsi que définir une stratégie collective permet non seulement de mieux comprendre les implications de l’IA, mais aussi d’apaiser les craintes et de favoriser une adoption progressive. Il est essentiel de reconnaître les préoccupations des enseignants, qu’il s’agisse de l’impact sur l’évaluation des apprentissages, de l’intégrité intellectuelle ou encore de la pertinence des outils disponibles, afin de leur offrir un accompagnement adapté.
Dans cette optique, la création de comités au sein des écoles peut jouer un rôle clé en structurant la réflexion et l’élaboration de pratiques pédagogiques encadrées. Ces comités peuvent être chargés d’évaluer les enjeux liés à l’IA, de proposer des formations ciblées pour le personnel et d’élaborer des recommandations en accord avec le plan de développement de la compétence numérique des écoles. En réunissant des enseignants, des conseillers pédagogiques et des spécialistes du numérique, ces espaces de discussion facilitent le partage d’expériences et permettent d’adopter une approche concertée quant à l’utilisation de l’IA en milieu scolaire. Une réflexion collective et structurée est ainsi essentielle pour s’assurer que ces technologies soient utilisées de manière éthique, pertinente et bénéfique pour l’apprentissage des élèves.
Pour voir ou revoir le webinaire.
Le 14 mars, le ministère de l’Éducation du Québec a organisé un webinaire sur l’intelligence artificielle générative (IAG) en éducation visant à en explorer le potentiel pédagogique, les enjeux éthiques et les bonnes pratiques. Destiné au personnel scolaire, l’événement a présenté un guide sur l’IAG et des témoignages concrets d’enseignants sur son intégration en classe.
Vous pouvez aussi consulter le document de présentation du webinaire.
Un croquis-note a été produit par Laurie Couture de l’École branchée afin de résumer les discussions.
