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Mieux comprendre le fonctionnement du cerveau de l’enfant pour intervenir efficacement

Dans ce texte, l'auteure plonge en profondeur dans l'étude du développement du cerveau chez les enfants et explique comment une compréhension approfondie peut considérablement améliorer votre rôle en tant qu'enseignant ou intervenant. Elle traite de sujets tels que la plasticité du cerveau, le cerveau immature, et les effets néfastes du stress.

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Par Caroline Hémond-Dussault, orthopédagogue
Texte original publié sur Oplan.ca, reproduit avec leur permission. 

Nous avons tous déjà été confrontés à des comportements d’enfants qui semblaient exagérés ou disproportionnés par rapport à la situation. En tant qu’adultes avec un cerveau mature, il nous était parfois difficile de comprendre le comportement de l’enfant, ce qui pouvait nous rendre moins empathiques envers les émotions qu’il ressentait. Par conséquent, nos interventions ne répondaient peut-être pas aux besoins de l’enfant, même si à première vue, elles semblaient efficaces simplement parce que son comportement s’était calmé.

La compréhension des neurosciences cognitives permet une meilleure compréhension de l’enfant et de son développement. En effet, cela favorise des interventions positives de la part de l’adulte, ce qui, à son tour, renforce la relation d’attachement entre l’adulte et l’enfant. Cette relation d’attachement saine entre les deux parties favorise l’apprentissage.

Un enfant qui ne se sent pas en sécurité peut difficilement apprendre, voire ne pas y parvenir. Nous avons tous le devoir, en tant que parents, enseignants ou intervenants de nous informer au sujet de l’attachement et du fonctionnement du cerveau afin de mieux intervenir auprès du jeune dont le cerveau est immature, c’est-à-dire qui n’est pas complètement développé.

Plasticité du cerveau

Il est bon de savoir que le cerveau des enfants peut toujours apprendre. Cela est possible grâce à la plasticité du cerveau. Il s’agit en fait de la capacité du cerveau à modifier ses connexions neuronales grâce aux apprentissages. En effet, les apprentissages entraînent des changements dans l’activation des connexions neuronales du cerveau, ce qui permet de modifier la structure et le fonctionnement de ce dernier. Lorsque les neurones sont activés ensemble à plusieurs reprises, cela crée un chemin dans le cerveau. 

Plus les neurones sont activés ensemble, plus ils vont s’activer rapidement. Pour imager le tout, on peut penser à un sentier dans une forêt. Pour que le sentier se crée et se maintienne, il faut le prendre souvent sinon la nature reprendra sa place. Il en est de même pour les apprentissages et les connexions neuronales dans le cerveau. 

Plus une notion sera travaillée, plus le sentier dans le cerveau se formera. L’apprentissage sera consolidé lorsque les réseaux de neurones seront solides. Il faut donc activer régulièrement les connexions neuronales dans le cerveau afin de faciliter l’accès au sentier. 

Toutefois, il faut faire attention, car cela peut être positif et négatif. En effet, si un enfant fait toujours la même erreur, il créera un mauvais sentier dans son cerveau. Il est donc important de rectifier le tir auprès des enfants afin qu’ils évitent d’automatiser certaines erreurs.

Il est aussi important d’expliquer aux enfants ce phénomène afin qu’ils comprennent qu’ils ont la capacité d’apprendre sans cesse de nouvelles choses. Un enfant qui est conscient que son cerveau a ce pouvoir sera plus motivé à s’engager dans ses apprentissages et à faire les efforts nécessaires. 

Une bonne manière pour expliquer cela aux enfants est justement de leur parler des connexions neuronales qui ont lieu dans leur cerveau en utilisant l’analogie de la forêt et du sentier. Cela est plus concret pour eux et cela leur permet également de comprendre qu’ils doivent pratiquer une notion plus d’une fois avant de l’intégrer, tout comme il faut marcher plusieurs fois à la même place dans la forêt avant qu’un sentier se dessine.

Cerveau immature

Afin d’intervenir adéquatement auprès des enfants, l’adulte doit savoir que le cerveau de ces derniers est immature. En effet, le développement du cerveau n’atteint sa maturité qu’à l’âge adulte. Il est donc normal que les enfants aient des comportements explosifs et intenses, car ils n’ont pas encore la capacité de gérer leurs fortes émotions. 

Il en est ainsi car le cortex préfrontal, qui est le centre exécutif du cerveau, est la dernière partie du cerveau à se développer. Plus précisément, le cortex préfrontal est la partie du cerveau qui prend les décisions, qui planifie, qui gère les émotions, qui traite le langage, le raisonnement et la mémoire de travail. En sachant que le cortex préfrontal se développe tardivement, l’adulte peut changer sa lunette et voir l’enfant qui s’oppose, qui fait des crises ou qui a des difficultés comportementales comme un enfant qui n’a pas encore les outils pour gérer ses émotions. 

Comprendre cela permet à l’adulte de poser des interventions qui sont profitables à l’enfant et à ne pas prendre personnel les comportements de celui-ci. De plus, le cerveau est séparé en deux hémisphères qui sont reliés par le corps calleux.

 L’hémisphère droit du cortex préfrontal est davantage relié aux interactions sociales et aux émotions, tandis que l’hémisphère gauche est plutôt relié à la compréhension et au langage. Il est important de savoir qu’il est difficile pour les informations de bien circuler entre les deux hémisphères du lobe frontal étant donné que le corps calleux qui les relie n’est pas encore mature.

Les deux hémisphères fonctionnent de manière indépendante, ce qui fait en sorte que les jeunes enfants ne peuvent traiter qu’une information à la fois. Il n’est donc pas possible pour eux de gérer plus d’une émotion à la fois. Les tempêtes d’émotions qu’ils peuvent vivre ne sont pas des caprices et elles sont causées par l’immaturité de leur cerveau. Les jeunes enfants n’ont pas encore la capacité de se réguler par eux-mêmes. Il est donc important de faire la distinction entre le pouvoir et le vouloir de l’enfant.

La bonne nouvelle est qu’il y a des moyens de participer à la maturation du cerveau de l’enfant. 

Premièrement, le fait de consoler, de rassurer et de sécuriser l’enfant chamboulé lui permet de développer de nouvelles connexions neuronales dans son lobe préfrontal qui lui permettront, sur le long terme, d’apaiser les sentiments de peur qu’il vit. 

Deuxièmement, il est important d’être un bon modèle pour l’enfant. En effet, l’imitation est un facteur important dans le développement d’un enfant. Si celui-ci a la chance d’avoir un enseignant, un intervenant ou un parent qui gère bien ses émotions et qui lui démontre des moyens d’y parvenir, l’enfant pourra faire de même. Ce dernier saura davantage comment faire face à ses émotions par la suite.

Finalement, un adulte qui aide un enfant à mettre des mots sur ce qu’il ressent au quotidien favorise le développement de la transmission des informations entre les deux hémisphères de son cerveau, ce qui lui permettra d’avoir de meilleures interactions sociales et de mieux réguler ses émotions plus tard.

L’effet nocif du stress sur le cerveau de l’apprenant

Lorsqu’un enfant vit de la détresse en classe, il ne faut surtout pas le laisser à lui-même ou le réprimander, car cela pourrait être très nocif au niveau de ses apprentissages. Effectivement, si les besoins de l’enfant ne sont pas satisfaits et qu’il se trouve en situation de détresse, il sécrétera du cortisol, l’hormone du stress. L’exposition continue au stress peut être ravageuse dans le cerveau de l’élève. 

Tout d’abord, cette hormone peut ralentir, voire détruire les neurones présents dans l’hippocampe. Cette partie du cerveau est responsable, entre autres, de la mémoire, des apprentissages et du contrôle des émotions. De plus, le cortisol empêche l’élève d’accéder aux fonctions de son cortex préfrontal. 

Finalement, la sécrétion de cortisol active l’amygdale dans le cerveau, qui fonctionne comme un système d’alerte. Le cerveau de l’enfant est alors paralysé par la peur, ce qui fait en sorte que l’élève n’arrive pas à écouter, n’enregistre aucune information dans son hippocampe et ne peut donc pas apprendre. 

Un enseignant qui est conscient de cela pourra effectuer des changements en classe et sera en mesure de modifier ses interventions afin d’éviter de placer ses élèves dans des situations pouvant leur causer trop de stress. Un adulte qui est rassurant au quotidien auprès de jeunes enfants pourra faire en sorte d’augmenter le volume de leur hippocampe, ce qui leur permettra de mieux mémoriser et d’apprendre davantage.

Conclusion

En conclusion, il ne faut pas oublier que les enfants ont un cerveau immature et que les adultes qui gravitent auprès d’eux jouent un grand rôle dans le développement de celui-ci. S’informer sur le développement du cerveau de l’enfant permet d’intervenir avec plus de compassion et permet d’opter pour des interventions qui seront pertinentes et efficaces afin d’aider l’enfant à aller plus loin dans ses apprentissages. Il ne faut surtout pas sous-estimer les effets bénéfiques que la considération, le réconfort et le sentiment de sécurité peuvent procurer à l’enfant.

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