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Le livre numérique existe dans différents formats. Faisons ici un survol des différents formats ainsi que des avantages et des inconvénients de chacun.
Les formats générés par traitement de texte
Le traitement de texte est un outil grandement utilisé pour fabriquer un livre numérique de base. Par exemple, j’écris ce texte dans un outil de traitement de texte en ligne, du nom de Google Drive. Avant les outils Web, les logiciels comme Microsoft Word ont dominé le secteur du traitement de texte. Peu importe l’outil utilisé, il permet d’écrire un texte et d’en faire la mise en page. Une fois l’édition terminée, on peut exporter le document et le rendre disponible à tous ceux qui ont aussi un traitement de texte. La majorité des traitements de texte offre différents formats d’exportation. Voici les formats les plus connus et la façon de les lire.
Le texte brut (.txt) ne contient que le texte, sans aucune image ni mise en page particulière. On pense qu’il a été développé à la fin des années 1950. C’est le format le plus léger en terme d’octets. Il donne un très petit document que tous les ordinateurs peuvent lire. Pour lire un texte brut, nul besoin d’un logiciel particulier puisque tous les ordinateurs ont un lecteur de texte intégré. À quoi peut bien servir l’écriture en texte brut? Elle permet de communiquer des informations sans mise en page, comme un mot de passe comprenant des caractères faciles à confondre (comme 0 et O). Un document en texte brut est léger et tous vos collaborateurs peuvent le lire, peu importe l’appareil qu’ils utilisent.
Le format OpenDocument (.odt) est arrivé en 1999. L’idée derrière ce concept est l’ouverture et la création d’une norme pour l’industrie, un format ouvert qui fonctionne avec toutes les suites bureautiques. À l’époque, cette idée a rallié des gros joueurs de l’industrie comme Oracle, IBM, Adobe et Google. En 2005, le format OpenDocument est officiellement lancé et en 2006 il reçoit une certification ISO (ISO 26300). Plusieurs logiciels gratuits comme LibreOffice et OpenOffice l’utilisent et il est possible de le lire dans la suite Microsoft.
Le format Microsoft Word (.docx) est très connu et il a évolué depuis la version de Word 95. L’extension est un diminutif pour document et elle était même utilisée à l’époque de la suite WordPerfect. Depuis la version Office 2007, le format .doc est devenu .docx et les propriétaires de versions plus anciennes ont besoin d’un module de compatibilité pour pouvoir lire un document créé avec le nouveau logiciel. L’avantage de ce format est qu’il est énormément utilisé et que la majorité des autres traitements de texte est capable de le lire.
Les formats de la suite iWork d’Apple sont aussi à considérer. En 1984, Apple a développé une suite bureautique du nom de AppleWorks. Cette suite a évolué et elle a laissé sa place à iWork en 2005. Depuis l’automne 2013, cette nouvelle suite est disponible gratuitement sur tous les ordinateurs et sur tous les appareils mobiles de la compagnie. Si vous utilisez l’application Pages pour créer un document, celui-ci va être sous le format pages. Il est aussi possible de l’exporter dans d’autres formats (Word, PDF, EPUB). Un désavantage de ce format est en lien avec l’ouverture d’un document pages dans un autre traitement de texte. La suite d’Apple permet de bien lire les autres formats, mais l’inverse n’est pas toujours vrai. L’idéal est d’exporter le document dans le format désiré.
Tous ces formats de traitement de texte sont intéressants et grandement utilisés. Ils sont parfaits pour une utilisation sur des appareils qui supporte les logiciels qui permettent de les créer et de les visionner. D’un autre côté, ces formats ne sont pas nécessairement toujours idéals pour les appareils mobiles. Avec l’arrivée de la suite Office 365 de Microsoft sur iPad et les suites en ligne comme Google Drive cette réalité va tranquillement changer, mais il existe d’autres formats plus intéressants pour les nouveaux appareils.
Le format de document multiplateforme (PDF)
Le format de document multiplateforme ou le PDF (Portable Document Format) est grandement utilisé et il a sa propre certification ISO (ISO 19005-1). Ce format a été créé par Adobe Systems et le but premier de celui-ci était de préserver la mise en page de l’auteur. Une fois le document créé, la mise en page ne peut pas être modifiée sans un logiciel particulier. Il est donc possible de visionner et d’imprimer un document sans altération de la mise en page d’origine. Pour lire un document en PDF, vous n’avez besoin que du logiciel Adobe Reader. Par contre, ce format n’est pas adapté pour les appareils mobiles. Lire un document PDF sur un téléphone intelligent n’est pas une expérience extrêmement désagréable, mais le texte ne va pas s’adapter à la taille de l’écran. Vous pouvez grossir le texte avec vos doigts, mais ceci cache l’ensemble de la page. Vous devez donc bouger la page pour lire le texte. Ce format est quand même énormément utilisé en éducation puisque plusieurs enseignants veulent rendre disponibles leurs notes de cours en format numérique. Ils prennent donc leurs notes de cours sur traitement texte et les transforment en PDF. L’élève peut les lire et les annoter avec certaines applications.
Le langage HTML
Comme on a pu voir, le format PDF est la suite logique du traitement de texte. On se dirige cependant vers un format qui ne demande pas nécessairement plus de travail, mais qui est beaucoup plus flexible quand vient le temps de lire sur un appareil portable, le EPUB. Par contre, juste avant, parlons un peu de langage informatique.
Le HTML (Hypertext Markup Language) est un langage qui permet la création de pages Web. Ce langage est fait de balises (codes) qui permettent de lier ensemble des pages et du contenu multimédia. Ce langage a été créé au moment de l’invention du Web vers la fin des années 1980. Au début, les auteurs devaient écrire avec ce langage et en connaître les codes. Aujourd’hui, les logiciels ou les gestionnaires de contenu comme WordPress se chargent de l’aspect technique. On travaille donc sur le Web dans une interface qui ressemble à celle d’un traitement de texte. De simples boutons qui permettent d’ajouter des médias et de créer des liens hypertextes. L’intégration d’images et de liens hypertextes est aussi possible dans les logiciels de traitement de texte moderne puisque ceux-ci ajoutent, en arrière-plan, les fameuses balises HTML. Ce langage n’est donc plus uniquement lié au Web. Le HTML a énormément évolué depuis ses débuts, et la version HTML5 est maintenant un ensemble de technologies Web (HTML5, CSS3 et JavaScript) qui rendent possible la création d’animations, par exemple, qu’on ne peut pas réaliser dans un traitement de texte. On voit donc l’arrivée de pages Web de plus en plus dynamiques, sans la lourdeur des images en Flash d’il y a quelques années. Grâce au Web Consortium (WC3), le HTML5 est en train de devenir le standard mondial.
Aujourd’hui, plus personne n’a besoin d’apprendre ce langage, sauf pour devenir développeur Web. Par contre, on l’utilise de façon indirecte dès qu’on connecte un document au Web, par un lien hypertexte dans un traitement de texte ou l’intégration d’une vidéo YouTube dans une présentation Google Drive, notamment. L’intégration de liens vers le Web est une pratique très intéressante pour enrichir un document.
Le format EPUB
Ce dernier format est très intéressant pour l’éducation. Tous les autres le sont aussi, mais celui-ci apporte un avantage majeur pour la lecture sur les appareils mobiles. Le format EPUB, pour electronic publication, a été conçu spécifiquement pour les livres numériques. Il permet au texte de s’adapter à la taille de l’appareil sur lequel il est lu. La plus récente (troisième) version de ce format repose sur le langage HTML5, qui est le nouveau standard du Web comme on l’a vu précédemment. Le EPUB peut être lu dans pratiquement tous les appareils numériques, sauf le Kindle d’Amazon. On peut même lire un EPUB sur un ordinateur avec des logiciels comme Digital Editions Home d’Adobe, Mobipocket ou des applications comme EPUReader pour Firefox, Readium pour Chrome et Book Bazaar Reader pour Window 8.
Dans la troisième partie de ce dossier, je vous expliquerai quels logiciels utiliser pour produire vos documents en EPUB. Pour en savoir plus sur ce format, je vous invite à lire ce livre numérique portant sur l’EPUB.
Les formats propriétaires pour liseuses
Voici un peu d’informations sur les liseuses. Ces appareils sont moins utilisés en classe que les tablettes, mais pourraient être une solution intéressante pour une école voulant fournir des appareils de lecture en location à la bibliothèque. Une liseuse est un appareil de petite taille créé spécifiquement pour la lecture. Ces appareils utilisent les technologies de papier électronique sans rétroéclairage. Ceci permet de lire en plein soleil sans reflets sur l’appareil. De plus, la sensation pour l’œil est comparable au papier classique, ce qui entraine moins de fatigue oculaire. Le marché offre quelques choix d’appareils comme le Kobo, le Kindle, le Nook et le Reader, pour ne nommer que les plus populaires.
Plusieurs personnes hésitent entre l’achat d’une tablette de style iPad ou une liseuse. Il est certain que la tablette permet un plus vaste éventail de possibilités. Par contre, elle est beaucoup plus chère à l’achat en comparaison avec une tablette Kobo de base à environ 80 $. La liseuse est sans doute préférable pour une personne qui lit énormément et qui veut réduire la fatigue oculaire. L’idéal est de bien cibler ses besoins pour choisir le meilleur appareil. De plus, la majorité des liseuses offrent aussi des applications de lecture pour les tablettes, ce qui signifie que le propriétaire d’une liseuse Kobo, par exemple, peut aussi lire ses livres numériques sur son iPad par l’intermédiaire de l’application Kobo. Ces systèmes ont l’avantage de synchroniser la lecture par l’intermédiaire d’un compte sur Internet. Il est donc possible de commencer un livre sur sa liseuse et de le poursuivre sur sa tablette. Par contre, l’inverse est aussi vrai : pas de connexion, pas de synchronisation.
Il est aussi important de comprendre que les livres numériques sont généralement protégés par une gestion numérique des droits (GND) (ou DRM en anglais, pour digital rights management). Ces dispositifs sont appliqués par le vendeur directement sur le document et ceci peut en restreindre le nombre d’utilisateurs et même le type d’appareil qui peut le lire. Ce système sert à contrôler l’œuvre, mais aussi à protéger les droits d’auteur de celui qui a écrit le livre. Il est donc bien important de vous renseigner sur le droit d’auteur en éducation. Par exemple, si vous achetez un livre dans la librairie virtuelle Amazon, fabricant de la liseuse Kindle, vous ne pourrez le lire que sur l’appareil ou les applications Kindle qui sont rattachés à votre compte. Amazon vend ses livres sous le format propriétaire MOBI DRM, qui restreint ce que vous pouvez faire avec le livre. Selon ces restrictions, il est donc difficile d’acheter un livre et de le partager avec tous vos élèves. Chaque élève devra acheter le livre selon son appareil.
L’avantage des livres numériques est qu’ils sont souvent moins chers que leur équivalent papier. Il est même possible de trouver une panoplie de livres gratuits. Le Project Gutenberg offre des livres gratuits en format HTML, EPUB et Kindle. Vous pouvez donc lire le livre en ligne (format HTML) ou le télécharger dans l’appareil de votre choix.
Comment choisir le bon format
Pour terminer le chapitre sur les formats, je vais tenter de vous donner des pistes de solution pour faire le bon choix. La majorité des enseignants est très habituée avec le traitement de texte classique. Ceci est parfait dans un contexte où l’on produit du contenu qui est ensuite imprimé et distribué aux élèves. C’est toujours un bon choix, mais proposer que du traitement de texte n’est peut-être pas la meilleure solution si vos élèves ont des portables ou des appareils mobiles. Tout dépend aussi de l’intention. Voulez-vous que l’élève ait accès à des notes de cours complètes, ou bien qu’il puisse les modifier et les bonifier au besoin? Dans le contexte où l’élève doit bonifier vos notes, le traitement de texte classique fonctionne bien. Par contre, le document doit être envoyé dans un format compatible avec les appareils de vos élèves. Ceci peut causer quelques accrochages si vos notes de cours sont dans un format Microsoft Word et que vos élèves sont sur iPad, par exemple. Il est donc important de faire des tests, surtout si vous voulez que l’élève puisse modifier votre document. Voyez entre autres la compatibilité entre le format Word et le format Pages de Apple.
On voit souvent des enseignants qui produisent des notes de cours sur traitement de texte et qui les exportent en format PDF. Ils demandent ensuite à l’élève de compléter les notes dans une application d’annotation PDF. Sur tablette, des applications comme iAnnotate (iPad, Android), Notability (iPad), PDF Expert (iPad) et PDF Annotator (Windows 8) permettent de recevoir le PDF et d’écrire par dessus. Ceci est intéressant, mais ce n’est jamais idéal puisque l’élève est limité au document construit par l’enseignant au départ. Il ne peut qu’ajouter de l’information. Il ne peut pas partir du document et se construire ses propres notes de cours. Dans ce sens, un simple traitement de texte de base permettrait à l’élève de modifier le document et de le bonifier. Tout dépend encore une fois de l’intention.
Si l’objectif est de produire un manuel de référence et de le rendre disponible aux élèves, le format EPUB est drôlement intéressant et plus facile à lire sur un appareil mobile. Il sera possible pour les élèves de le lire peu importe l’appareil. De plus, ils vont pouvoir l’ouvrir dans l’application de lecture de leur choix (iBooks, Play Livres, Kobo, etc.) et le lire comme un livre.
Plan du dossier :
– Qu’est-ce qu’un livre numérique?
Un peu d’histoire
La naissance du numérique
– Les formats de livres numériques
Les formats générés par traitement de texte
Le format de document multiplateforme (PDF)
Le langage HTML
Le format EPUB
Les formats propriétaires pour liseuses
Comment choisir le bon format
– Créer votre livre numérique
Le traitement de texte
Éditeurs spécialisés
– Quelques exemples de livres numériques en milieu scolaire
Références et ressources utiles