par Tiffany Jacquet
De tout temps, l’être humain a appris et évolué grâce au mimétisme. C’est en observant et reproduisant un comportement qu’il se l’approprie. Dès lors, l’école ne devrait-elle pas utiliser davantage ce mécanisme pour la transmission des savoirs et des savoir-faire ?
Le mimétisme est le fait d’observer puis reproduire un geste ou un comportement. C’est un mécanisme (presque primitif) ancré dans nos gènes. Tout comme l’animal apprend à survivre dans la nature en observant ses semblables, l’enfant copie tout ce que papa ou maman fait (et surtout le pire). L’apprentissage par mimétisme est notre façon animale d’acquérir des savoirs, alors pourquoi l’école ne l’utiliserait-elle pas davantage ?
Selon une étude de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), le mimétisme est indispensable pour l’apprentissage : “Pour apprendre d’autrui, il faut se reconnaître dans l’autre et lui ressembler”. De manière générale, le mimétisme nous permet de :
– Acquérir un langage (notamment notre langue maternelle que nous apprenons sans manuels, exercices ou autres évaluations)
– Utiliser des outils et techniques pour la réalisation de certaines tâches (qui ne connaît pas la fameuse mode des tutos sur internet ?)
– Mouvoir son corps dans l’espace (et 6, 7 et 8, plus haut, comme ça ! dit le coach sportif)
– Réaliser des opérations mentales (comme résoudre un problème de logique)
Autant dire que toutes les branches scolaires impliquent du mimétisme : les langues, les sciences, les maths, le sport, etc !
Pourtant, l’enseignement continue de se baser essentiellement sur l’explication des méthodes, sur la lecture de consignes, sur la réalisation d’exercices pour que l’élève comprenne un concept et soit capable d’effectuer une tâche.
Que gagnerait-on à ce que l’enseignant se mette dans la peau de ses apprenants et leur montre comment il résout un problème de maths, comment il construit une phrase grammaticale dans une langue étrangère ou comment il analyse un texte pour en extraire les informations ? Que le prof joue le jeu jusqu’au bout et mette en scène ses propres mécanismes métacognitifs devant la classe pour que les élèves puissent s’identifier à lui et l’imiter.
Attention toutefois à ne pas tomber dans la caricature.
Jouer l’apprenant ne veut pas dire forcer le trait et parodier une situation. L’étude montre bien que l’enseignant peut rester dans son rôle tout en permettant à l’élève de se reconnaître en lui car il le voit effectuer (et réussir) la tâche qui lui est demandée.
D’ailleurs, l’école aurait beaucoup à gagner à utiliser davantage le mimétisme car c’est aussi un grand facteur d’intégration et d’appartenance sociales. En dévoilant ses propres mécanismes métacognitifs, on se met à nu et ouvre ainsi un nouveau champ de possibilités d’échanges et de partage dans la classe. En appliquant le mimétisme entre apprenants, on favorise la compréhension des uns des autres et l’acceptation de moyens de fonctionnement communs.
En conclusion, personne n’a jamais expliqué à un lion comment chasser la gazelle ou donné une leçon de construction de nid à une hirondelle. Pourtant, c’est le modèle le plus couramment utilisé par l’être humain pour transmettre un savoir. Peut-être serait-il temps de revenir à nos instincts primitifs ?
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Enseignante de français et d’anglais en Suisse romande, je partage mes pensées et mes opinions en lien avec mon métier sur un blog : lebonnetdanne.home.blog