La plus récente édition de l’Enquête nationale sur le bien-être des familles québécoises, menée du 3 au 18 février 2025 et à laquelle plus de 11 000 parents ont participé, révèle des tendances significatives sur la qualité de vie des enfants et les préoccupations des parents. La Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ), l’Association des comités de parents anglophones (ACPA), l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ), le Réseau québécois pour la réussite éducative (RQRE) et la Dre Mélissa Généreux ont dévoilé le 12 mars dernier les faits saillants des résultats de l’enquête. Voici quelques éléments que nous retenons.
Une légère amélioration par rapport à 2024, mais encore beaucoup de chemin à faire
Le bien-être des enfants, évalué selon 10 critères, affiche une moyenne de 66 %, en légère hausse par rapport à 2024 (64 %). Toutefois, des différences résident selon l’âge et le sexe des enfants. Par exemple, les garçons d’âge primaire présentent une meilleure qualité de vie, tandis que les filles d’âge secondaire semblent plus vulnérables, notamment en raison des bouleversements liés à la puberté.
Une connectivité précoce et des usages à surveiller
L’utilisation des écrans demeure un enjeu majeur. Plus du tiers des enfants sont connectés dès le 3e cycle du primaire, une tendance qui s’accentue dès l’entrée au secondaire. Le passage de la 6e année à la 1re secondaire marque d’ailleurs une augmentation significative du temps passé en ligne, notamment sur Internet et les réseaux sociaux. Les jeunes passant plus de 4 heures par jour sur les écrans durant la fin de semaine sont considérés comme des « grands utilisateurs », un phénomène en croissance.
L’enquête distingue trois profils d’utilisateurs :
- Utilisateur typique : score entre 0 et 23
- Utilisateur à risque : score entre 23 et 34
- Utilisateur problématique : score entre 35 et 45
Environ 10 % des jeunes présentent un usage problématique, avec un pic en première et deuxième année du secondaire, soit près d’un tiers des élèves à cet âge. Plus alarmant encore, 1 jeune sur 4 aurait un usage à risque ou problématique, ce qui triple leur probabilité d’avoir une faible qualité de vie.
Préoccupations des parents : les écrans en tête de liste
Les résultats démontrent que les parents demeurent très inquiets par rapport à l’utilisation des écrans. Voici les principales préoccupations selon le niveau scolaire et le sexe des enfants :
Primaire
- Garçons : 1. Temps d’écran | 2. Bien-être psychologique | 3. Contenu sur les écrans | 4. Pression d’être parent | 5. Motivation scolaire
- Filles : 1. Bien-être psychologique | 2. Temps d’écran | 3. Contenu sur les écrans | 4. Pression d’être parent | 5. Motivation scolaire
Secondaire
- Garçons : 1. Temps d’écran | 2. Motivation scolaire | 3. Contenu sur les écrans | 4. Notes scolaires | 5. Bien-être psychologique
- Filles : 1. Temps d’écran | 2. Bien-être psychologique | 3. Anxiété sociale | 4. Contenu sur les écrans | 5. Motivation scolaire
Relations sociales et anxiété : des défis croissants
L’enquête souligne l’importance des relations interpersonnelles dans le bien-être des jeunes. De nombreux enfants vivent de l’anxiété sociale ou sont confrontés à des situations d’intimidation et de discrimination.
Points à retenir
- Le score de qualité de vie demeure sous-optimal chez un bon nombre d’enfants au Québec (moyennes de 64 % en 2024 et de 66 % en 2025).
- Le temps d’écran occupe toujours une grande place dans la vie des jeunes au secondaire, en particulier la fin de semaine. Il s’agit de temps non investi ailleurs.
- Bien que la principale préoccupation parentale soit le temps d’écran, le tiers des enfants sont connectés dès le 3e cycle du primaire (ex.: accès à un cellulaire et/ou aux réseaux sociaux). Cette connectivité devient la norme dès le 1er cycle du secondaire.
- Les réseaux sociaux et les jeux vidéo gagnent en popularité au fil du parcours scolaire, mettant de l’avant leur caractère addictif et leurs besoins d’encadrement.
- L’usage problématique d’écrans est à suivre de près (1 enfant sur 4, tous âges confondus), car il semble davantage lié à la qualité de vie que ne l’est le temps d’écran.
- Le rapport à l’autre est un défi de taille, tant au primaire qu’au secondaire, alors qu’une majorité d’enfants affiche des manifestations d’anxiété sociale ou est victime d’intimidation ou de discrimination.
Les résultats de cette enquête confirment l’importance d’un encadrement adapté et d’une sensibilisation accrue à l’usage des écrans. Alors que les parents et les acteurs du milieu scolaire tentent d’apporter des solutions, il devient évident qu’une approche collective et évolutive est nécessaire pour favoriser un équilibre numérique sain chez les jeunes.
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