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L’Australie interdira YouTube aux moins de 16 ans dès décembre : une mesure critiquée par les experts

Dès décembre 2025, les adolescents australiens de moins de 16 ans ne pourront plus accéder à YouTube sans le consentement vérifié de leurs parents. Cette nouvelle mesure, annoncée par le gouvernement australien, s’inscrit dans une série de restrictions déjà amorcées depuis 2024 pour encadrer l’accès des jeunes aux médias sociaux.
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Ainsi, l’Australie imposera aux plateformes numériques, dont YouTube, l’obligation de vérifier rigoureusement l’âge des utilisateurs avant de leur permettre d’ouvrir un compte. Les moins de 16 ans pourront néanmoins continuer de visionner YouTube sans se créer un compte. Dans un contexte de classe, par exemple, les jeunes pourront visionner des vidéos suggérées par leur enseignant. Pour l’instant, le gouvernement n’a pas confirmé si YouTube Kids serait exclu de la nouvelle réglementation.

Selon Radio-Canada, un rapport sur la technologie de vérification de l’âge la plus appropriée est en préparation. Cette technologie sera ensuite imposée aux plateformes qui devront l’utiliser pour empêcher les moins de 16 ans d’accéder à leurs services. L’interdiction devrait entrer en vigueur le 10 décembre 2025, selon le communiqué de presse diffusé par le gouvernement australien.

En 2024, le gouvernement avait déjà annoncé son intention d’interdire aux jeunes de moins de 16 ans l’accès à d’autres médias sociaux populaires : TikTok, Instagram, Facebook, Snapchat et X. Au départ, YouTube devait être exempté, mais le gouvernement australien vient de revenir sur sa décision. Pour justifier sa décision, il cite une enquête australienne qui révèle que YouTube est la plateforme la plus utilisée par les enfants de moins de 16 ans, soit par 76 % d’entre eux, et que 37 % de ceux-ci ont déjà visionné du contenu non approprié.

L’objectif du gouvernement est donc de limiter l’exposition des jeunes à des contenus jugés nocifs pour leur santé mentale. En interdisant l’usage des réseaux sociaux aux jeunes de moins de 16 ans sans l’aval parental, le gouvernement espère enrayer cette tendance.

Une mesure critiquée par certains experts

Si la volonté de protéger les jeunes fait consensus, plusieurs experts en éducation expriment des réserves quant à l’efficacité d’une telle interdiction. Amené à s’exprimer sur le sujet, Marc-André Girard, un directeur d’école secondaire et collaborateur de l’École branchée, a souligné que « les préoccupations sont justes, mais l’interdiction n’est pas la bonne approche lorsqu’il s’agit d’éduquer les individus ».

Selon lui, l’éducation à la citoyenneté numérique devrait être la priorité. « Il est déplorable que les jeunes apprennent souvent à se servir des médias sociaux et de l’intelligence artificielle par eux-mêmes, car ni l’école ni les parents n’assument pleinement cette responsabilité, par manque de formation. »

Il ajoute que ce type d’interdiction risque de priver les jeunes d’une voix, alors que plusieurs utilisent ces plateformes pour socialiser, s’exprimer ou chercher du soutien. « Ces plateformes ne sont ni modérées ni surveillées, ce qui rend difficile l’aide aux jeunes en difficulté. L’interdiction de créer un compte pourrait aussi les pousser à mentir sur leur âge, comme c’est déjà souvent le cas. »

Enfin, il rappelle que YouTube représente aussi un outil pédagogique puissant utilisé dans plusieurs classes. « Il ne faut pas nier le potentiel éducatif de ces plateformes, qui permettent de développer des compétences variées et de susciter l’engagement. »

Le point de vue de M. Girard est partagé par d’autres experts qui ont été questionnés par Radio-Canada.  

Nina Duque, professeure-enseignante au département de communication sociale et publique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), soutient qu’un tel bannissement des réseaux sociaux ne prend pas les besoins des adolescents en compte. « On traite les jeunes comme des imbéciles, comme s’ils étaient des zombies, comme s’ils n’étaient pas capables d’avoir une pensée critique », déplore-t-elle.

Même son de cloche du côté de Jacob Amnon Suissa, professeur associé à l’école de travail social de l’UQAM. « Ce n’est pas la prohibition des écrans qui va régler le problème », dit-il.

Miser sur l’éducation plutôt que l’interdiction

La question de l’encadrement des écrans chez les jeunes suscite aussi le débat au Canada et ailleurs dans le monde.

Au Québec, dans son récent rapport, la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes a formulé la recommandation que le gouvernement québécois « mette en place une majorité numérique interdisant l’inscription et l’accès aux réseaux sociaux avant l’âge de 14 ans sans le consentement de son tuteur légal ». Cette recommandation « s’appuie sur les balises déjà établies dans le cadre législatif québécois, qui reconnaît la capacité des mineurs de 14 ans à consentir seuls dans plusieurs sphères de la vie courante. » Pour l’instant, le gouvernement n’a pas donné suite à celle-ci.

De son côté, Marc-André Girard croit qu’il faudrait offrir un meilleur soutien aux familles et aux écoles pour éduquer les enfants à un usage équilibré du numérique plutôt que de miser uniquement sur l’interdiction.

Il évoque la « mission sociale » de l’école, qui devrait accompagner les parents dans l’encadrement numérique de leurs enfants. Il plaide aussi pour que les professionnels de l’éducation disposent de formations adaptées, afin qu’ils soient en mesure d’aborder ces enjeux en classe.

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