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La profession enseignante : au cœur de la modernisation de l’école

Les 29 et 30 mars derniers se tenait le 5e Sommet international sur la profession enseignante à Banff en Alberta. Des représentants de 15 pays ont échangé sur les bonnes pratiques et les défis liés à la modernisation de l’éducation. Première partie du compte-rendu.

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Les 29 et 30 mars derniers se tenait le 5e Sommet international sur la profession enseignante à Banff en Alberta. Des représentants de 15 pays ont échangé sur les bonnes pratiques et les défis liés à la modernisation de l’éducation. Première partie du compte-rendu.

Le Conseil des ministres de l’Éducation du Canada (CMEC), le Partenariat en éducation, l’Internationale de l’Éducation et l’OCDE ont été les hôtes de ce 5e sommet sur la profession enseignante qui a accueilli les responsables de l’éducation de 15 pays. En ordre alphabétique, nous retrouvions les délégations des pays suivants : l’Allemagne, le Danemark, l’Estonie, les États-Unis, la Finlande, Hong-Kong, le Japon, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la Pologne, la République populaire de Chine, le Royaume-Uni (Angleterre et Écosse), le Singapour, la Suède et la Suisse.

La première matinée a permis aux sous-ministres adjoints de l’Éducation de l’Alberta et de l’Ontario de présenter un aperçu de l’éducation dans leur province respective plutôt que d’offrir un portrait de l’éducation au Canada, comme cela avait été annoncé. Cela a tout de même permis de comprendre comment ces deux provinces s’y sont prises pour relever les défis de rehausser les niveaux d’apprentissage et de diplomation des élèves. L’Alberta a présenté son programme Inspiring Education, qui a amené les responsables à redéfinir le curriculum pour favoriser des apprentissages plus en profondeur, à redéfinir ces mêmes apprentissages et à définir de nouvelles normes pour le personnel enseignant, les chefs d’établissement et les directeurs des districts.

L’Ontario, quant à elle, a présenté son curriculum qui s’appuie entre autres sur un tronc commun pour les neuf premières années des élèves, menant les 11e et 12e années au Specialist High Skills Major, où les élèves s’engagent littéralement dans une démarche d’apprentissage personnalisé. Le programme Atteindre l’excellence, du ministère de l’Éducation de l’Ontario, a ouvert les écoles sur la communauté et engagé les parents et les élèves sur le chemin de la réussite. Pour preuve, le taux de diplomation a grimpé de 15 % en 10 ans chez nos voisins.

L’école 2.0 au Québec et au Luxembourg

À la suite de cette première présentation, les participants devaient choisir parmi trois (3) séminaires. L’occasion était belle pour entendre notre sous-ministre adjointe, Chantal Beaulieu, nous présenter la vision du Québec 2.0 de même que celle des responsables du Luxembourg. La sous-ministre adjointe Beaulieu a été claire en affirmant que le Québec se trouvait à la croisée des chemins après le déploiement des CEMIS, des RÉCIT et de la classe branchée de 2011 avec ses TNI. « Le MEESR est en réflexion pour déterminer les orientations numériques pour l’école de 2020 », a-t-elle affirmé en guise de conclusion.

De son côté, le Grand Duché du Luxembourg a annoncé que le déploiement des ressources numériques faisait partie des priorités du nouveau gouvernement, non seulement à l’école, mais aussi pour l’ensemble de sa société civile, afin de faire du pays une société numérique. Ainsi les élèves « devront suivre un nouveau cours de conduite pour vivre dans une vie virtuelle appuyée sur le numérique », a précisé Jos Bertemes, directeur du Service de coordination de la recherche et de l’innovation pédagogiques et technologiques au ministère de l’Éducation nationale du Grand-Duché de Luxembourg.

Cela a donné lieu à la création d’un Institut de formation nationale, il y a de cela quelques semaines à peine, d’une Édusphère pour fournir des exemples de pratiques pédagogiques à valeur ajoutée aux enseignants et d’espaces de réflexion sur la place du livre numérique pour accroître les apprentissages. La création du projet Bee creative (disponible dans deux mois seulement) voudra aider les élèves à se projeter et à s’orienter dans des professions numériques, tout comme la mise sur pied de lieux de partage avec la communauté (associations d’ingénieurs, par exemple) pour sensibiliser les jeunes aux professions de l’avenir.

Où l’éducation sera-t-elle dans cinq ans?

L’avant-midi s’est terminé par un panel qui devait répondre à la question suivante : Où l’éducation sera-t-elle dans cinq ans? Mesdames Julie Bélanger de l’OCDE, Linda Darling-Hammond de l’Université Stanford, Julie Desjardins de l’Université de Sherbrooke et Messieurs Michael Fullan, conseiller auprès du ministère de l’Éducation de l’Ontario et Xavier Prats Monné de la Commission européenne ont livré leurs témoignages. Des points communs ont ressurgi pour que l’école se renouvelle.

L’importance de redonner le leadership aux enseignants a fait l’unanimité, afin d’assurer le changement dans les écoles : « To shake their school », dira Julie Bélanger. Le travail de collaboration a été maintes fois donné en exemple. Il est suggéré de créer des moments de partage et d’échange entre les enseignants. Par la force de la modélisation, il faut donner l’occasion aux enseignants d’observer les collègues en classe, qui réussissent bien, pour enrichir leur propre pratique.

La formation initiale a aussi été pointée, de même que la création de standards pour la profession enseignante, comme on le voit déjà dans certains pays, afin que les enseignants puissent partager un référentiel commun qui définirait la profession. Il y serait question de valeurs, d’engagement, de formation continue et du sens de l’innovation.   Pour ce faire, les enseignants doivent sentir qu’ils peuvent exercer leur leadership en collaboration avec les directions d’école à défaut de quoi le lent désengagement de certains ne fera que s’accroître.

Tout cela ne pourra se réaliser sans que la profession enseignante ne devienne plus attirante pour de bons candidats, notamment en valorisant la profession. Même si de 80 % à 90 % des enseignants de l’OCDE disent aimer leur école, il n’en demeure pas moins qu’il leur est de plus en plus demandé de faire de la différenciation pédagogique, d’intégrer des élèves à besoins particuliers et des TIC en classe. Alors, il s’avère essentiel de favoriser les moments et les lieux de collaboration « quitte à revoir les structures de l’école », comme l‘affirmait Linda Darling-Hammond, qui suggérait aussi de former les directions pour stimuler l’engagement de leur personnel.

Reportage à suivre demain!

À propos de l'auteur

Normand Brodeur
Normand Brodeur
Normand Brodeur est coordonnateur des Services à l’enseignement à la Fédération des établissements d’enseignement privés (FÉEP).

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