ANNONCE
L'École branchée, un organisme à but non lucratif
ANNONCE

Humanités numériques : quand le jeune enseigne à l’aîné

Les programmes d'initiation au numérique des aînés par des élèves sont d'excellentes façons de créer des liens affectifs entre les générations. En voici quelques-uns.

Publié le :

Classé dans :

Attention! Ce contenu a été mis à jour il y a plus de 3 ans. Il pourrait contenir des liens qui ne fonctionnent plus. N'hésitez pas à nous écrire si vous en trouvez!

Array

Les programmes d’initiation au numérique des aînés par des élèves sont d’excellentes façons de créer des liens affectifs entre les générations. En voici quelques-uns.

Naissance du projet Inter@ge

Pierre Poulin, enseignant et cofondateur du concept iClasse, est bien connu pour sa créativité en éducation. Certains de ses élèves de 6e année, peu intéressés par l’aspect académique de l’école, demandent des activités concrètes par lesquelles ils accèdent aux savoirs prescrits par les programmes d’étude. Mais ces derniers sont des élèves branchés. Il y a quelques années, M. Poulin a commencé à en responsabiliser certains d’entre eux afin qu’ils initient à l’informatique les élèves de maternelle de leur école.

De son côté, Mme Johanne Pitt, directrice du Centre des aînés du réseau d’entraide de Saint Léonard, cherchait un moyen d’initier sa clientèle à l’usage du numérique.

C’est ainsi qu’est né le projet Inter@ge en 2003-2004. Les élèves enseignaient aux aînés, et malgré l’énorme différence d’âge, les deux parties adoraient l’expérience.

Tout commence par des repas communautaires, les mercredis midis. Au début, les élèves mangeaient ensemble à une table alors que les aînés mangeaient de leur côté. L’osmose n’était pas automatique, il semblait y avoir une petite gêne de part et d’autres.

Johanne et Pierre on su corriger cette situation. Ils ont ajouté une chaise aux tables des aînés, destinée à un élève. À partir de ce moment, des liens s’établissent entre les générations. Une relation humaine doit se tisser entre les aînés et les jeunes. Le temps mis à socialiser est important.

Former les élèves en andragogie

Une autre étape importante du succès d’une telle aventure est la formation des élèves en andragogie. Il faut apprendre aux jeunes à ne pas tout faire à la place de la personne âgée, ne pas toucher à la souris ou à la tablette, mais s’initier à donner des consignes verbales précises dans un vocabulaire riche, coloré, imagé et même humoristique. Les ainés sont portés à écouter plus longuement que les jeunes. Les jeunes tuteurs doivent aussi avoir la patience de répéter les consignes à leurs élèves aînés d’une semaine à l’autre. En vieillissant, certains éprouvent des difficultés de mémoire. Plusieurs sont aussi nerveux d’apprendre des choses nouvelles, s’inquiètent de ne pas pouvoir réussir.

Un bon jumelage est important. La personnalité des jeunes enseignants est à considérer. Ce ne sont pas nécessairement les meilleurs de classe qui seront les meilleurs pour participer à une activité de ce type.

Il n’y a pas de programme défini pour les dix semaines de formation. Les aînés sont libres de choisir ce qui les intéresse, quels sujets les passionnent et la quantité de temps qu’ils veulent y consacrer. Ils expriment leur désir en discutant avec leurs jeunes tuteurs.

Pour l’un, il s’agira d’une simple initiation à l’informatique, l’usage de la souris, du clavier, etc.

D’autres désirent avoir un courriel, créer et gérer une page Facebook, savoir utiliser Skype ou FaceTime pour parler avec leurs enfants ou leurs petits enfants, classer leurs photos, apprendre à protéger leur identité, trouver la météo, l’horoscope, des mots croisés, des jeux. Les intérêts sont divers.

Parfois, une réelle relation d’amitié se développe entre les jeunes « tuteurs» et leurs élèves ainés. C’est un aspect non négligeable de ce type d’activité, un bon exemple « d’humanité numérique ».

 

Générations@branchées

L’idée fait des petits. Ce type de programme intergénérationnel est repris en 2009 par la bibliothèque Paul-Mercier de la Ville de Blainville, qui a créé un programme de jumelage informatique entre aînés et adolescents bénévoles, nommé Générations@branchées. L’association des bibliothèques publiques du Québec a d’ailleurs récemment obtenu une aide financière du ministère de la Famille afin de rendre disponible le programme Générations@branchées à toutes les bibliothèques du Québec.

 

Jeunes branchés

Madame Sonia Lamy, médiatrice culturelle des bibliothèques de l’arrondissement de Charlesbourg, à Québec, a traité de son expérience « Jeunes branchés » lors du Colloque Aînés, numérique et bibliothèques, qui s’est tenu à Québec le 21 avril 2017. Les élèves du programme d’éducation internationale du Collège Saint-Charles-Garnier doivent s’impliquer dans leur communauté, en particulier par des activités de bénévolat. Ce sont donc ces jeunes de la 1ère à la 4e année du secondaire qui viennent une fois la semaine initier les aînés du coin à l’informatique.

À part l’âge des élèves, ce programme est similaire à celui de Pierre Poulin et les liens affectifs entre les générations sont tout aussi remarquables et touchants.

Et demain?

Pierre Poulin a créé la page Facebook ApprentissÂge. Son rêve est que cette page serve à mettre en ligne des photos, des textes, des vidéos et même de la musique que les aînés produiront avec et pour les jeunes tuteurs. Des images et des histoires d’autrefois afin que ne soit pas oubliée la vie des générations qui nous ont précédé. Certains d’entre eux ont vécu l’électrification et la venue du téléphone dans leur région, la livraison du lait, du pain et même de la viande par des vendeurs ambulants. Une façon de vivre extrêmement différente de celle des jeunes branchés. Qui sait, tout ce savoir-faire ancestral pourra peut-être leur être utile quand ce sera leur tour de « refaire le monde »!

 

(Photos : Pierre Poulin)

À propos de l'auteur

Ninon Louise Lepage
Ninon Louise Lepage
Ninon Louise LePage est pédagogue et muséologue récemment sortie d’une retraite prématurée pour renaître comme désigner pédagogique. Elle a enseigné à l'Université du Québec à Montréal et à l'Université de Sherbrooke en didactique des sciences, en plus de travailler au Réseau canadien d'information sur le patrimoine comme expert-conseil en muséologie. Elle écrit également pour nos amis français chez Ludomag. Elle invite par ailleurs tous les intéressés à la contacter afin qu’elle parle de vous, vos élèves, votre école et vos expériences particulières en éducation au numérique et à l’informatique.

Vos commentaires

Pour commenter un article et y ajouter vos idées, nous vous invitons à nous suivre sur les réseaux sociaux. Tous les articles y sont publiés et il est aussi possible de commenter directement sur Facebook, Twitter, Instagram ou LinkedIn.

Recevez l'infolettre Hebdo

Recevez l'infolettre Hebdo mardi #Actu et vendredi #DevProf pour ne rien manquer des nouveautés de l'École branchée!


Faites briller vos projets pédagogiques et pratiques gagnantes!

Chaque histoire positive a le potentiel d'inspirer d'autres acteurs de l'éducation à innover pour améliorer la réussite éducative! L'École branchée vous offre ses pages pour faire circuler l'information dans le milieu scolaire, alimenter la veille professionnelle et valoriser les initiatives émanant du terrain. Allez-y, proposez-nous un texte! >

Reproduction de textes

Toute demande de reproduction des articles de l'École branchée doit être adressée à l'organisme de gestion des droits Copibec.

À lire aussi

Le Nouveau–Brunswick « soutient l’utilisation responsable et intentionnelle de l’intelligence artificielle et n’envisage pas l’interdire »

Le Ministère de l'Éducation et du Développement de la petite enfance du Nouveau-Brunswick fait savoir à la communauté éducative du Nouveau-Brunswick qu’il « soutient l’utilisation responsable et intentionnelle de l’intelligence artificielle et n’envisage pas l’interdire ». Il a d’ailleurs récemment publié deux documents pour baliser le tout, le Cadre d’orientation de l’intelligence artificielle et son Guide d’intégration de l’IA pour les écoles. On vous en dit plus dans cet article. 

Éduquer à la cybersécurité : Naviguer entre défis et opportunités (numéro d’automne de la revue École branchée)

L'École branchée, le média de l'enseignement à l'ère du numérique, présente le numéro d'automne de sa revue. Disponible dès maintenant, il explore comment les intervenants du milieu de l’éducation peuvent éduquer à la cybersécurité dans leurs pratiques pédagogiques, développer une vigilance numérique, et transmettre des comportements responsables aux élèves (et au personnel!) pour favoriser des usages plus sécuritaires.

Construire une maison intelligente pour sensibiliser les élèves aux changements climatiques

Alors que le phénomène des changements climatiques occupe de plus en plus d’espace médiatique, les élèves doivent pouvoir en apprendre davantage sur le sujet. C’est à travers un projet de domotique que Vicky D'Astous, enseignante au 3ᵉ cycle à l’École Notre-Dame de St-Norbert D'Arthabaska, appuyée par le conseiller pédagogique, Sébastien Bergeron, a réussi à sensibiliser ses élèves au printemps 2024.