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Évaluer les sciences au secondaire : « On ne peut plus travailler en silo en ayant le nez collé sur la matière de notre niveau. »

À l’école secondaire Champagnat, située à La Tuque, en Mauricie, un profond changement a été amorcé depuis 2017 dans les méthodes d’enseignement et d’évaluation des sciences. Dans cet établissement qui accueille 460 élèves — dont près du quart provient des communautés autochtones —, l’équipe enseignante en sciences a repensé ses pratiques autour d’un objectif commun : favoriser la réussite de tous les élèves.
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Table des matières

« On ne peut plus travailler en silo en ayant le nez collé sur la matière de notre niveau. La préparation à la réussite du cours de 4e secondaire, qui est nécessaire à l’obtention du diplôme, commence en 1re secondaire », soutient Annie Angers, enseignante de sciences qui fait équipe avec ses deux collègues, Kelly-Ann Fraser et Marc-André Durand. 

C’est ainsi que les enseignants ont entamé une démarche collaborative. Ensemble, ils ont reconstruit l’enseignement des sciences dans leur école, à partir des exigences du ministère pour la 4e année du secondaire. Ils ont fait une planification à rebours en redescendant jusqu’en 1re secondaire, en identifiant les « essentiels » à maîtriser tout au long du parcours. Les trois enseignants s’assurent ainsi de connaître les concepts de tous les niveaux. « En cas de besoin, les élèves peuvent toujours se référer à l’un de nous trois, peu importe la classe dans laquelle ils sont. Nous formons un tout », dit Annie.

La réflexion concernant l’enseignement a mené à une refonte complète des pratiques évaluatives. « L’un ne va pas sans l’autre », disent-ils. Les enseignants ont abandonné les traditionnels examens piégés au profit d’un système où chaque concept est évalué à l’aide de mini-tests. Le contenu de chaque cours est construit autour d’un concept. Le cours suivant commence par un test de trois à quatre questions que l’enseignant corrige immédiatement. 

« Les élèves reçoivent la mention “atteint” ou “non atteint”, sans qu’on indique ce qui est non atteint. Ils doivent repérer leurs erreurs eux-mêmes. Ils peuvent reprendre les tests non réussis lors des périodes de récupération. Si un test est réussi, la matière associée est retirée de l’examen d’étape, allégeant ainsi la charge d’évaluation pour tous », explique Marc-André Durand. 

Ainsi, les enseignants notent une plus grande implication des élèves dans les récupérations : « Il y a du monde! Mais on voit le changement, les jeunes ne se présentent plus en nous demandant de leur réexpliquer la matière au complet. Ils peuvent nommer ce qu’ils ne comprennent pas et viennent avec l’intention claire de réussir telle ou telle cible. Ils se responsabilisent dans leurs apprentissages. » Bonus : puisqu’ils sont nombreux, au lieu d’attendre leur tour pour poser des questions aux enseignants, les élèves discutent entre eux et s’entraident. Certains trouvent le soutien nécessaire auprès de leurs pairs.

Plus qu’une note, un portrait global

Les examens d’étape sont construits de façon modulaire. Chaque bloc correspond à un concept et une section de mobilisation est ajoutée à la fin. Les blocs réussis au préalable par les élèves sont enlevés de l’examen, ce qui fait que chacun a un examen personnalisé en fonction de sa progression. De plus, la note chiffrée a été remplacée par une échelle qualitative : « réussi », « partiellement réussi» ou « non réussi ». 

Les blocs réussis au préalable par les élèves sont enlevés de l’examen, ce qui fait que chacun a un examen personnalisé en fonction de sa progression.

« Il n’y a plus de cumul de notes pendant l’année. Ce changement permet d’avoir un portrait plus représentatif de chaque élève. On évalue plus souvent, mais moins longtemps. C’est vraiment au service de l’apprentissage », dit Kelly-Ann Fraser.

À la fin de l’année scolaire, les élèves ont le choix de passer l’examen sur les essentiels uniquement; ceux qui maîtrisent déjà les essentiels peuvent passer un examen sur les notions importantes; ceux qui sont plus avancés peuvent faire un examen qui contient uniquement des exercices de mobilisation. « Tu peux réussir jusqu’à la fin. Si tu passes, le dernier examen sur les essentiels, c’est une réussite. »

Des résultats concrets

Néanmoins, les élèves de 4e secondaire doivent quand même « subir » l’examen ministériel. Bonne nouvelle : depuis la mise en place de ce nouveau modèle d’enseignement et d’évaluation, les résultats sont au rendez-vous. Plus d’élèves se présentent le jour de l’examen et le taux de réussite a augmenté. « Quand les élèves réussissent, ça leur donne confiance. Le sentiment de compétence, ça n’a pas de prix », souligne Annie.

La directrice Anne Brassard témoigne aussi : « La culture de collaboration est bien très bien ancrée dans notre école, ce qui facilite la diffusion de ce nouveau modèle. Les enseignants travaillent en collaboration dans d’autres matières et des changements sont en cours dans les pratiques évaluatives. » 

L’effet commence aussi à se faire sentir hors des murs de l’école. À titre d’exemple, le nouveau cadre d’évaluation du Centre de services scolaire de l’Énergie, qui vient d’être publié, s’inspire directement des pratiques de l’équipe de sciences de l’École Champagnat.

Un projet qui fait école

Le succès de cette initiative repose sur plusieurs facteurs : une équipe enseignante soudée, appuyée par la direction et des conseillers pédagogiques, un horaire aménagé pour permettre des rencontres régulières et une volonté collective de placer l’évaluation au service de l’apprentissage.

« Ce n’est pas parce qu’on a réussi avec telle ou telle méthode qu’il faut l’imposer aux jeunes d’aujourd’hui. Ce ne sont pas les mêmes élèves. Il faut s’ajuster. » Ce constat guide l’équipe, qui démontre qu’il est possible, même au secondaire, de revoir en profondeur les façons de faire pour mieux soutenir les élèves dans leur parcours.

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