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Comment créer des classes où les élèves ont envie d’apprendre? Comment évaluez-vous l’engagement des élèves et mesurez-vous l’impact de vos pratiques sur leur motivation? Ces questions étaient au cœur de la table ronde virtuelle De l’engagement à la réussite : les clés pour motiver tous les élèves!, animée par Stéphanie Dionne de l’École branchée, avec la collaboration de Maxime Pelchat, du CADRE21.
Comprendre les déclencheurs de la motivation
Dans un premier temps, Marie-Josée Harnois, conseillère pédagogique de français au Centre de services scolaire de La Riveraine, a expliqué que le désengagement des élèves se manifeste souvent par des stratégies d’évitement. Ils contournent les obstacles, évitent certaines tâches, parce qu’ils ont peur de l’échec, dit-elle. Certains de ces élèves passent inaperçus s’ils ne représentent pas des éléments perturbateurs dans la classe. Marie-Josée a insisté sur la nécessité de questionner ces élèves sur leur sentiment d’inclusion dans la classe et sur leur relation avec l’apprentissage. « L’enseignant doit pouvoir instaurer un climat propice à la motivation dans sa classe. Il peut aussi se demander : est-ce que j’assisterais à mes propres cours? »
« L’enseignant (…) peut aussi se demander : est-ce que j’assisterais à mes propres cours? »
De son côté, Marie-Andrée Caron, conseillère pédagogique au RÉCIT de l’enseignement privé, a identifié huit facteurs clés qui favorisent l’engagement scolaire : la relation avec l’enseignant, la compétence, la curiosité, l’imagination, la pertinence, le défi, le choix et le plaisir. Ces éléments, ciblés de manière intentionnelle, permettent de capter l’attention et de stimuler l’implication des élèves dans leur apprentissage. Elle a invité les enseignants à identifier ces facteurs dans leurs plans de cours et d’activité. « Si vous utilisez toujours les mêmes, essayez de diversifier. Et rappelez-vous que vous n’êtes pas obligé de tous les utiliser en même temps! »
Des approches pédagogiques innovantes
Marie-Line Cloutier, enseignante d’anglais intensif au primaire au Centre de services scolaire des Découvreurs, a partagé son expérience en enseignement de l’anglais, langue seconde. Elle encourage continuellement ses élèves à prendre des risques dans leur apprentissage. Elle a mis en place des projets entrepreneuriaux, qui selon elle représente une porte d’entrée vers l’authenticité en classe. Ces projets permettent aussi aux élèves d’avoir un impact dans leur milieu, ce qu’ils apprécient tout particulièrement. Par exemple, chaque année, ses élèves fabriquent et vendent des décorations pour le temps des fêtes, puis remettent les profits à un organisme. Ils gèrent aussi une micro-entreprise d’animation, de location et de conception de jeux de société en anglais. Ces initiatives ont renforcé l’esprit d’initiative et la confiance en soi de ses élèves. Elle tient à rassurer ses collègues enseignants : « Vous n’avez pas besoin de tout changer dans votre pratique pour introduire l’esprit d’entreprendre dans votre classe. Partez de ce que vous faites déjà! »
Avec ce type de projet entrepreneurial, elle observe que ses élèves prennent plus de risques pour parler en anglais, qu’ils font plus d’efforts. Certains deviennent même des leaders dans le groupe en découvrant certaines de leurs forces. Selon elle, le plus beau retour est quand ce sont les parents qui lui parlent des projets, car cela signifie que les jeunes en ont parlé avec eux.
De son côté, Laurent Di Pasquale, conseiller pédagogique à l’École branchée, qui a été enseignant d’univers social au secondaire en Belgique, a souligné que la motivation de l’enseignant influence directement celle des élèves. Il a partagé un projet qu’il a réalisé avec ses élèves. Ceux-ci ont créé des vidéos en réalité virtuelle afin de sensibiliser d’autres jeunes à l’intimidation en les plaçant dans la peau d’une victime. Selon lui, le numérique peut être un outil puissant s’il est exploité de manière adaptée.
Il a aussi présenté des outils comme Microsoft Reflect et Insight dans Teams qui permettent aux enseignants de recueillir de la rétroaction sur les émotions et les actions des élèves, et donc leur engagement.
Évaluer l’engagement des élèves
Stéphane Côté, conseiller pédagogique principal au Collège Sainte-Anne de Lachine, a expliqué que l’engagement des élèves repose davantage sur leur perception de leurs compétences que sur leurs compétences réelles. Ainsi, il mise davantage sur la capacité de progresser, qui est « accessible à tous ». Il distingue d’ailleurs trois profils d’élèves : ceux qui régressent, ceux qui stagnent et ceux qui progressent. L’objectif est d’adapter les pratiques pédagogiques pour favoriser la progression de chacun.
Marie-André Caron a mentionné l’état de « flow » comme indicateur clé de l’engagement, qui se manifeste lorsque l’élève est pleinement concentré sur une tâche. Elle a précisé qu’un équilibre entre transmission de connaissances (30 %) et travail en autonomie (70 %) est nécessaire pour responsabiliser les élèves dans leur apprentissage. « Les projets sont parfaits pour atteindre cela. » Mais au-delà des projets, elle a nommé quelques éléments qui peuvent devenir des indices de l’engagement des élèves : « On peut aussi être témoin de l’engagement des élèves en se promenant dans les corridors d’une école, où les portes de classes sont ouvertes, et voir ou entendre des élèves qui se questionnent, qui collaborent, de la rétroaction efficace, des positions de travail différentes, des intentions pédagogiques claires affichées au tableau, des rires. »
Marie-Josée Harnois a mis en avant deux appuis théoriques essentiels : l’apprentissage en profondeur et la conception universelle des apprentissages (CUA) qui peuvent devenir des alliés pour susciter l’engagement des élèves. Stéphane Côté a également abordé la relation entre le plaisir et l’impact des pratiques pédagogiques. Il a évoqué l’évaluation des méthodes d’enseignement par les élèves eux-mêmes, citant un exemple frappant : une activité qui consistait à lire un texte puis répondre à un questionnaire uniquement à partir de ses notes de lecture. Bien que les élèves détestaient cet exercice, il s’est avéré très efficace pour renforcer leur compréhension et leur autonomie. Il a insisté sur l’importance de ne pas tomber dans la quête du plaisir à tout prix, mais de trouver un équilibre entre engagement et apprentissage significatif.
Le rôle central de l’enseignant
Les intervenants ont conclu sur l’importance du plaisir en classe et du rôle central de l’enseignant dans la motivation des élèves.
« Il faut retrouver le plaisir d’être en classe et se donner le défi de réengager certains élèves. »
— Stéphane Côté
« Il ne faut pas tout changer de notre pratique pour faire des projets entrepreneuriaux. Vous allez être gagnant! Partez de ce que vous faites déjà. »
— Marie-Line Cloutier
« Ce n’est pas une mission impossible de travailler sur l’engagement des élèves, il faut soi-même incarner la motivation et créer un environnement capacitant. »
— Marie-Josée Harnois
« S’engager soi-même, c’est permettre aux élèves de s’engager à leur tour. »
— Marie-Andrée Caron
« Continuez de croire en l’éducabilité de vos élèves. »
— Laurent Di Pasquale
Les personnes participantes ont aussi contribué aux phrases inspirantes!
« L’important est de permettre à l’élève d’aller chercher le meilleur de lui-même et non pas d’être le meilleur de la classe. »
— Mathieu Noppen
Ressources complémentaires :
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