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Elles étaient quatre, qui voulaient se battre… euh non! Qui voulaient faire autrement…

Avez-vous déjà eu l’impression que la rencontre de quelques individus partageant un même idéal pouvait permettre d’amorcer un grand changement? Je le vis « en vrai » depuis trois ans. Laissez-moi le plaisir de vous faire découvrir notre école de Scott en Beauce, l’école L’Accueil.

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Avez-vous déjà eu l’impression que la rencontre de quelques individus partageant un même idéal pouvait permettre d’amorcer un grand changement? Je le vis « en vrai » depuis trois ans. Laissez-moi le plaisir de vous faire découvrir notre école de Scott en Beauce, l’école L’Accueil.

Par Annie Guay, enseignante de première année

Si vous étiez sur place, vous verriez tout de suite que c’est loin d’être l’école la plus « sexy » de la province : un véritable labyrinthe, sous-sol condamné pour cause d’inondation, long dédale de roulottes et de cours extérieures qui flottent au printemps… Notre école n’est ni la plus belle, ni la plus récente, mais sa véritable force repose entre ses quatre murs. Ce sont les gens qui la composent et ceux qui gravitent autour qui font toute la différence. Loin de moi l’idée de vous faire penser que tout y est parfait et que nous n’avons plus à y apprendre les uns des autres. Nous nous sommes donnés comme défi d’apprendre en même temps que nos élèves, sachant que nous serions amenés à nous tromper et à faire des erreurs puisque nous nous lancions ainsi dans des occasions d’apprentissage. 

Vous ne pouvez jamais apprendre moins; vous pouvez seulement apprendre davantage. La raison pour laquelle j’en sais autant, c’est que j’ai fait beaucoup d’erreurs.

Et comme François Massé nous l’a souvent rappelé, il faut célébrer nos erreurs! Elles sont les témoins de nos apprentissages.

Pour s’améliorer, il faut bien partir de quelque part (citation de Maude Lamoureux à Clair 2019)

Tout a commencé, il y a trois ans, par quelques discussions courageuses au sein de notre équipe-école. Nous observions, à ce moment, une vulnérabilité en termes d’écriture chez nos élèves et nous nous sommes interrogés sur ce que nous pouvions mettre en place pour corriger la situation au profit de la réussite de tous nos élèves. S’est alors enclenché un processus d’échanges sous le signe du respect et de la confiance. Il devenait important de donner de la valeur à ce qui avait été fait auparavant tout en amenant l’idée que nous pouvions faire autrement pour développer le goût d’écrire chez nos élèves, particulièrement chez nos garçons. 

J’ai déjà lu quelque part que certaines écoles changent la trajectoire de la réussite… Et bien nous avions la prétention que nous pouvions essayer de faire mieux! 

Nous devions nous interroger : Est-ce que toutes nos décisions pédagogiques permettaient d’améliorer l’apprentissage de nos élèves? 

Notre pouvoir d’influence résidait dans la force du groupe. De plus, nous avions la chance de pouvoir compter sur une direction qui nous a rapidement manifesté sa confiance, notamment par l’achat de matériel et par des libérations de temps de classe, nous donnant l’opportunité d’échanger en plus d’être accompagnés par une conseillère pédagogique qui voulait apprendre autant que nous. Nous avons participé à des congrès, fait venir des intervenants pour nous assurer que nous étions sur la bonne voie. Nous étions prêts à nous engager et à nous tenir mutuellement responsables d’améliorer les compétences de nos élèves en trouvant des moyens pour y arriver.

Développement professionnel accéléré

Parlant de moyens, nous avons cerné nos enjeux pédagogiques et nous sommes dotés d’une structure qui a laissé place à l’erreur et à l’autonomie professionnelle. Mais d’abord, revenons sur les trois dernières années qui nous ont permis de vivre des activités de développement professionnel incroyables! Invité par notre commission scolaire, nous avons pu participer au congrès CAR à l’automne dernier à Québec. Il n’en fallait pas plus pour qu’à notre retour, nous ressemblions à ces pingouins sur YouTube qui courent dans tous les sens! 

Nous étions convaincus que le terreau pédagogique que nous avions travaillé dans les deux dernières années était propice à de nouveaux apprentissages. Nous devions amorcer un changement dans la communauté d’apprentissage professionnel (CAP). Nourris par les conférences de François Massé, nos réflexions se sont poursuivies. Le CTREQ s’est intéressé à nos pratiques pédagogiques, Michael Fullan est passé nous voir et la commission scolaire nous a offert un projet pilote en lien avec notre CAP. En effet, un poste d’ADEC s’est offert à nous. C’est-à-dire qu’un membre de notre équipe allait devenir celui ou celle qui allait transmettre l’information au sujet des connaissances issues de la recherche en éducation, reconnaître et valoriser les bons coups et soutenir le développement professionnel de son équipe-école. Encore là, nous ne voyions pas comment travailler en équipes collaboratives en étant seuls à ramer sur la rivière! Nous avons aménagé nos horaires en accord avec la direction pour le faire à trois : un représentant pour chaque cycle, question que les forces de chacun soient utilisées aux bons endroits. Ainsi venaient au monde « les accompagnateurs d’équipes collaboratives! » 

Et la récolte s’annonce bonne…

Il va sans dire que toutes ces opportunités ont forgé notre équipe qui agira comme école-phare au cours de la prochaine année scolaire. L’élaboration de notre projet éducatif a aussi pris une couleur bien particulière puisque nous voulions faire vivre à tous un aperçu de ce que l’équipe de l’ADEC avait vécu.

Une fois que cette démarche s’est mise en branle, il nous fallait nous assurer de l’adhésion du plus grand nombre. Pour que cette culture perdure, il fallait travailler la confiance entre toutes les parties. En développant ce sentiment d’efficacité collective, nous permettions à une équipe d’y croire et de mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires au bon déroulement des CAP. Nous nous sommes souvent remis en question au sein des équipes collaboratives mais le fait de partager la responsabilité de la réussite de nos élèves a permis que les gens voient le gain à faire en travaillant collectivement. Notre posture s’en est trouvée aussi changée car nous nous laissions le droit d’essayer des choses et de nous réajuster avec l’éclairage de nos collègues. 

Pas tous pareils…

Nous ne tendons pas à devenir des clones les uns des autres mais bien à briser l’isolement de nos profs car force est de constater que de travailler en silo, de former des enseignants individuellement, ça n’a pas le même impact sur la réussite de nos élèves. En essayant d’harmoniser nos pratiques, nous permettons à l’élève de s’y retrouver plus facilement et de mieux réinvestir d’une année à l’autre. Une bonne pratique pédagogique doit être transférable et c’est ce sur quoi nous avons travaillé! Parce qu’il faut se rappeler que notre sphère d’influence, c’est notre école! Par ailleurs, il y aura toujours des résistants me direz-vous et je vous donnerai raison sur ce point. Par contre, auprès de ces résistants, il faudra faire valoir la volonté du groupe et leur offrir la possibilité d’échanger et de discuter pour défaire les nœuds pédagogiques. Tout changement amène un déséquilibre et l’erreur fait partie des nouveaux apprentissages. 

Marius Bourgeois appellerait cela amener les gens à être confortables dans l’inconfortable.

Un projet à bâtir ensemble

On arrive au dernier pallier de cette progression et, curieusement, nous nous sommes branchés sur les besoins de nos apprenants. Nous avons lancé un chantier qui vise à offrir un cadre de référence signifiant pour nos élèves en écriture. Nous nous sommes alors penchés sur une démarche commune qui s’enrichit au fil des cycles. À travers chacun des cycles, nous avons revu les étapes du processus d’écriture et chaque équipe collaborative s’est entendue sur les stratégies importantes à enseigner aux élèves pour améliorer les compétences en écriture. Depuis août dernier, un autre chantier sur l’élaboration d’un curriculum viable et garanti est en construction afin de mettre en lumière des cibles d’apprentissages dans des termes que les élèves vont comprendre et sur lesquelles ils seront évalués. 

En fait, ce ne sera plus le groupe auquel on enseigne qui va déterminer la réussite, mais bien l’enseignant qui va les mener vers des attentes élevées, notre objectif étant de ne pas moduler les attentes en fonction de chaque cohorte. Car ce qui sera toujours non-négociable, c’est ce que les élèves vont apprendre! Nous déterminons ensemble quelles sont les stratégies qui ont le plus d’impact sur la réussite et nous nous laissons la liberté d’évaluer nos élèves pour connaître l’impact que nous avons sur leurs apprentissages. Ainsi, si on constate que l’enseignant travaille plus fort que son élève en évaluation, on saura qu’on a un problème!  En montrant ainsi à nos élèves ce qui est le but à atteindre (la fameuse barre), nous leur donnons la chance de l’atteindre et peut-être même de la dépasser. Notre objectif ultime est de tendre à devenir des enseignants efficaces qui travaillent en collaboration et en cohérence avec leurs collègues.

Et quand on pense que c’est fini, ça ne fait que commencer…

Je terminerais en vous disant que cette ouverture, cette collaboration que nous travaillons depuis trois ans nous a amenés à être plus solidaires les uns des autres, particulièrement à travers des événements comme ceux de la dernière année (on parle ici d’inondation majeure de notre école).

Rappelez-vous qu’une CAP c’est un processus évolutif et, comme le disait Maude Lamoureux en janvier 2019 au colloque CLAIR : accorder du temps à quelque chose, c’est lui accorder de la valeur. 

Nous avons poussé l’audace cet automne jusqu’à revoir nos barèmes d’évaluation! Vous voulez voir? C’est un autre rendez-vous que je vous donne!

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