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Après un certain moment de désillusion où nous avons assisté, incrédules, à l’effondrement de quelques-unes de nos conceptions des plus tenaces sur la conduite des activités scolaires, de belles choses se sont passées dans nos écoles pourtant fermées. Face à ces diverses réussites, notre collaborateur Marc-André Girard partage trois constats.
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Table des matières

Après un certain moment de désillusion où nous avons assisté, incrédules, à l’effondrement de quelques-unes de nos conceptions des plus tenaces sur la conduite des activités scolaires, de belles choses se sont passées dans nos écoles pourtant fermées. Face à ces diverses réussites, il est important de faire trois constats :

Constat 1 : Tous peuvent innover en éducation

Contrairement à ce que nous pouvons croire, l’innovation en éducation ne consiste pas à réinventer la roue. Ce qu’il faut savoir, c’est que « l’innovation baigne dans une culture et un contexte » (Lison, Bédard, Beaucher et Trudelle, 2014, p. 11), ce qui met également en exergue l’importance à accorder à la culture institutionnelle de l’organisation pour faire en sorte de mettre les meilleures chances de son côté de réussir l’arrimage de l’innovation dans la culture en question.

Or, « ce qui est nouveau dans l’innovation n’est pas l’objet en question ou son contenu, mais bien son introduction dans un milieu donné. Il s’agit en fait d’améliorer ce qui existe (…) » (Ntebutse, 2009, p. 22). Ainsi, l’innovation suit la novation (une invention ou introduction de quelque chose de nouveau, qui n’existe pas ailleurs) et « elle exploite toujours ce qui précède » (Ibid.), existant déjà dans l’environnement et elle « se fonde sur l’assimilation d’objets transférés, importés ou empruntés à d’autres lieux » (Ibid.) ou d’autres personnes. Même, elle « peut être un retour à ce qui a déjà été essayé et abandonné ailleurs et donc s’inscrire dans l’optique de vouloir faire autrement afin d’aboutir à une amélioration » (Ibid., p. 26). Cette particularité lui confère donc un certain niveau de subjectivité : ce qui innovant pour un milieu ou une personne ne l’est pas nécessairement pour l’autre.

Bref, tous peuvent innover. Pendant la fermeture des écoles, on a bien vu ce qu’est la nature de l’innovation. Nous étions confrontés à un problème nous étant imposé et à des difficultés pour nos élèves. Dans plusieurs milieux scolaires, les solutions ont été envisagées sans retenues. Pour certains, c’était animer une session de cours grâce à un logiciel de visioconférence, alors que pour d’autres, c’était créer des capsules sur YouTube en enseignant au tableau en inversant l’image sur la caméra. Avec cette perspective de la nature fondamentale de l’innovation, les enseignants, comme les directions d’école, peuvent se défaire de la pression indue de la nouveauté. Tous peuvent innover un pas à la fois. L’innovation est accessible à tous; elle est personnalisable et différenciée.

Constat 2 : L’école n’a pas le monopole de l’apprentissage

Oui, les élèves peuvent apprendre de façon surprenante à l’extérieur de l’école, mais, en parallèle, il est évident que « l’effet enseignant » est un déterminant incontournable à la source de l’apprentissage chez l’élève. À une époque post-COVID-19, où les craintes liées à une seconde vague d’infection dès l’automne soulignent l’importance de préparer des activités pédagogiques en mode hybride, il y a lieu de constater que l’importance de fréquentation scolaire devient un impératif de moindre importance dans l’équation éducative. Ce qui prime dans les circonstances, ce n’est pas d’assoir les élèves dans une même classe. Ce qui prime, c’est plutôt le leadership de l’équipe-école pour offrir des activités pédagogiques aux élèves et, surtout, faire les suivis adéquats auprès des familles confinées. Il est aussi primordial de s’assurer de la collaboration des parents en soutien à l’encadrement des activités scolaires à la maison. Non, les parents ne sont pas des enseignants, mais néanmoins, ils ont un rôle à jouer. Pas pour enseigner, certes, mais plutôt pour établir une routine à la maison, faire les suivis nécessaires pour la réalisation du travail et pour voir à ce que l’enfant puisse aller chercher l’aide nécessaire auprès des professionnels de l’éducation, les cas échéant. En bref, l’effet enseignant n’a pas à se cantonner entre quatre murs; il peut se diffuser autrement et rayonner bien au-delà de l’école.

Ne nous méprenons pas : l’école, c’est une institution incontournable! Cela permet, entre autres, un accès sans réserve aux professionnels de l’enseignement. Au-delà de l’apprentissage, c’est la socialisation qui est rendue possible en contexte scolaire et, bien sûr, une concentration de services multidisciplinaires en soutien aux initiatives pédagogiques. Cependant, lorsque les jeunes sont privés d’école et d’enseignants dans des régions pauvres du globe, il a été démontré que ces derniers savaient mettre en place des mécanismes d’apprentissage d’appoint pour continuer à apprendre à l’aide, notamment, de stratégies de collaboration, d’expérimentation et de tâtonnement, et ce, sans compter l’utilisation de divers outils informatiques. À ce sujet, voir les travaux forts pertinents du professeur Sugata Mitra.

Constat 3 : Il y a de la place pour les outils technologiques à l’école

Je milite depuis une bonne douzaine d’années pour l’intégration pédagogique de la technologie. Depuis ce temps, j’ai tout entendu :

  • « C’est une mode. Ça va passer »;
  • « Dans mon temps, il n’y en avait pas et je m’en suis bien sorti »;
  • « Ce sont des gadgets »;
  • « Cela remplacera les enseignants »;
  • « Cela nuit aux contacts humains et cela déshumanisera l’éducation »;
  • Et j’en passe.

Or, soudainement, les TIC en éducation sont devenues des incontournables pour plusieurs tâches névralgiques :

  1. Ces derniers mois, elles ont été le ciment qui a tenu le tissu social désormais confiné bien en place. Il faut s’attendre à ce qu’elles continuent à jouer ce rôle;
  2. Elles ont permis de faire les suivis d’appoint auprès des élèves vulnérables;
  3. Elles ont permis la poursuite d’activités pédagogiques de base et, ainsi, assurer une scolarisation minimale.

Si, longtemps, l’école a vécu dans le passé, constamment à la recherche de ses points de repères traditionnels, désormais, je constate le contraire : ses acteurs au grand complet se tournent vers le futur, en réalisant qu’une école ancrée au 21e siècle est désormais au tournant. De la bouche même de plusieurs enseignants, ces derniers disent ne pas vouloir revenir en arrière. Les grands pas franchis depuis la mi-mars dernier leur ont fait comprendre plusieurs choses :

  1. L’importance de leur rôle et de leur profession;
  2. Leur capacité à innover
  3. Leur capacité à apprendre sur leur propre profession;
  4. L’importance de veiller à leur propre développement professionnel;
  5. Leur capacité à composer avec un haut niveau d’incertitude et d’ambiguïté.

Le futur de l’éducation est prometteur. Je suis confiant. Moi non plus, je ne reviendrai pas en arrière. Plus jamais je ne prendrai ma profession et mon institution pour acquises.

Références

Lison, C., Bédard, D., Beaucher, C. et Trudelle, D. (2014). De l’innovation à un modèle de dynamique innovationnelle en enseignement supérieur. Revue Internationale de Pédagogie de l’enseignement Supérieur, 30(1).

Ntebutse, J.G. (2009). Étude phénoménologique de la dynamique du changement chez des professeurs d’université en contexte d’innovations pédagogiques visant la professionnalisation des étudiants (Thèse de doctorat, Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Québec).

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