Tout au long de l’année scolaire, les élèves de 6e année de Josiane Desjardins ont produit quatre éditions de leur journal numérique de classe. Alors que le projet devait être terminé, ils ont supplié leur enseignante de produire une édition bonus avant le départ pour les vacances. Voyons ce qui se cache derrière la réalisation de ce journal qui crée des synergies dans la classe, dans l’école et même dans la communauté.
Faisons d’abord un retour en arrière. Septembre 2021, Josiane Desjardins souhaite réaliser des projets numériques avec ses élèves de 5e année, mais les appareils électroniques sont peu nombreux dans l’école et le laboratoire d’informatique a été fermé pour laisser place à une nouvelle salle de classe (en raison de la hausse du nombre d’inscriptions). Avec l’accord de sa directrice et de ses collègues enseignantes et enseignants, elle obtient un accès privilégié à l’une des deux flottes d’ordinateurs portables disponibles dans l’école. Son projet de classe numérique 1:1 peut débuter.
Au cours de l’année 2021-2022, elle a beaucoup exploré avec ses élèves, surtout les fonctionnalités de l’appareil. « Il y a des habiletés et connaissances de base que les élèves doivent maîtriser avant d’aller plus loin. On tient pour acquis qu’ils connaissent tout ça, mais non. Ils apprennent vite et développent rapidement le réflexe de s’aider entre eux… et d’aider leur enseignante aussi », explique Mme Desjardins.
À la fin de l’année, elle n’avait pas envie de laisser aller ses élèves. Elle a demandé (et obtenu) la permission de suivre la même classe en 6e année. Elle a aussi obtenu une libération de temps de 20 % pour concrétiser des projets visant l’utilisation du numérique au service de l’apprentissage. Au cours de ses journées de libération, elle a collaboré avec l’équipe du service local du RÉCIT du Centre de services scolaire au Coeur-des-Vallées (CSSCV).
« La libération fait vraiment une différence. Cela donne du temps de qualité pour réfléchir. Si on veut une intégration réfléchie et utile du numérique dans notre système scolaire, il faut mettre en place les conditions qui nous permettent d’expérimenter », soutient l’enseignante qui remercie au passage sa directrice.
Un prétexte pour développer sa compétence numérique
La production du journal étudiant est devenue le projet numérique central de l’année scolaire 2022-2023, bien qu’il y ait eu d’autres projets numériques réalisés en cours d’année, la classe ayant toujours sa flotte d’appareils 1:1.
« Le projet permet aux élèves de travailler sur des sujets qui les intéressent… et oui, il y a des sujets en lien avec le numérique, mais aussi le sport, les arts, etc. Ils doivent planifier, s’organiser. Je les laisse aller. Cela devient un levier d’apprentissage incroyable. Je les ai vus progresser énormément tout au long de l’année », témoigne l’enseignante.
Par exemple, les élèves ont réalisé des entrevues vidéo et audio. Au fil des productions, un certain professionnalisme s’est installé. De l’entrevue filmée dans le corridor bruyant de l’école, on est passé à l’entretien réalisé dans une classe vide avec des micros-cravates! Ils ont aussi appris à bien nommer les sources des informations transmises dans leurs articles et à utiliser des images libres de droit. Certains ont produit des sondages et des quiz.
Chaque édition du journal a été distribuée à l’ensemble des 26 classes de l’École du Sacré-Coeur. Certains enseignants les ont utilisées comme activité de lecture avec leurs élèves et même d’écriture, puisqu’un courrier du lecteur s’est mis en place naturellement. « Les rétroactions de leurs pairs ont été très utiles et valorisantes pour mes élèves. »
Finalement, les élèves ont aussi réalisé des entrevues avec des personnes extérieures à l’école. Ce fût notamment le cas du directeur du service informatique du CSSCV. Lorsque nous lui avons parlé, Josiane Desjardins s’apprêtait à amener ses élèves en sortie spéciale au bureau du service informatique du CSS, un privilège dont ils n’étaient pas peu fiers! Mentionnons également que le Journal des Aigles a été lauréat local au Défi OSEntreprendre.
La suite
Par ailleurs, Josiane participe aussi au programme de programmation informatique eSTIMe avec ses élèves. L’an dernier, elle était seule dans son école. Cette année, huit classes participaient. En 2023-2024, c’est toute l’école qui joindra le programme, signe que l’effet d’entraînement est là.
Une deuxième classe numérique 1:1 sera également mise en place pour la rentrée 2023. Josiane assure qu’elle sera bien présente pour épauler sa collègue, surtout qu’elle bénéficiera toujours d’une libération de 20 % de temps.
Quant à elle, Josiane Desjardins retournera enseigner en 5e année en septembre 2023. Elle veut revivre l’expérience de suivre la même cohorte d’élèves sur deux ans. Il y a peut-être là une formule gagnante à explorer…