L’importance de l’éducation numérique comme mesure préventive contre la cybercriminalité a été au centre d’un panel de discussion lors du récent Forum InCyber, qui a réuni à Montréal, à la fin octobre 2023, des centaines de spécialistes des enjeux opérationnels et stratégiques de la cybersécurité et de la confiance numérique.
D’entrée de jeu, les panélistes se sont mis d’accord pour affirmer qu’« en ce moment, l’ignorance des bonnes pratiques est le principal obstacle à la sécurité informatique. Nous sommes nos propres ennemis ».
Au-delà des campagnes de sensibilisation qui pourraient être déployées par les différentes instances gouvernementales, il faut d’abord que les gens se sentent concernés et interpellés par le sujet. « La cybersécurité, ce n’est pas juste la protection des infrastructures technologiques. Ce n’est surtout pas ça, en fait », a soutenu Stéphane Nappo, vice-président de la direction cybersécurité du Groupe SEB, une firme de consultation mondiale.
Il a rappelé que la cybersécurité concerne chacun des gestes que l’on pose comme citoyen numérique : le choix de nos mots de passe, les publications avec lesquelles nous interagissons en ligne, les renseignements personnels que nous choisissons de donner en ligne, les sites Web que nous fréquentons, la façon dont nous utilisons nos appareils dans les lieux publics, etc.
« Arrêtons de percevoir la cybersécurité comme un mal nécessaire. C’est tout simplement une nouvelle habitude de vie que nous devons développer et chacun est concerné. Comme spécialistes du sujet, nous avons la responsabilité de trouver des manières de rendre les contenus en lien avec la cybersécurité plus intéressants », a-t-il ajouté.
Cybersécurité et programmation à l’école
Emilio Iasiello, responsable mondial de la cyberveille sur les cybermenaces pour Dentons, un cabinet d’avocats international, tourne son regard vers les milieux scolaires lorsqu’il aborde le thème de la cybersécurité. « Les bonnes pratiques numériques devraient faire partie des contenus scolaires. Dès que l’on met des appareils électroniques dans les mains des jeunes, la première étape devrait être de leur parler de la bonne hygiène, des comportements à privilégier. »
« L’une des clés de la prévention est de donner du sens aux actions de nous posons en ligne. Pourquoi nous devons le faire? L’idée n’est surtout pas de faire peur aux jeunes. Nous devons être guidés par les possibilités du numérique et agir pour en tirer le meilleur », dit-il.
Pour sa part, Bradford Sims, président de la Capitol Technology University, situé à Washington D.C., milite pour une plus grande place de la programmation informatique dans les parcours scolaires. « Aujourd’hui, tous les jeunes devraient être initiés aux bases de la programmation. Cela les aiderait à mieux comprendre les dessous du numérique, qu’est-ce qui existe derrière la machine. Le but n’est pas d’en faire des programmeurs, c’est tout simplement de les éveiller aux enjeux. »
En complément :
- La Clinique de cybercriminalité offre un aide-mémoire présentant 11 cybercrimes et les comportements à adopter (ou non) lorsqu’on se retrouve face à l’un d’eux.
- Le magazine franco-manitobain La liberté a produit un numéro spécial sur la cybercriminalité. Également disponible en anglais.
- L’École des réseaux sociaux offre des ressources pour les enseignants qui souhaitent aborder l’utilisation des réseaux sociaux de manière sécurisée et responsable avec les jeunes.