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L’enseignement explicite : une stratégie porteuse pour les écoles autochtones

Face aux nombreux défis d’adaptation que doivent relever les enseignants allochtones dans les communautés autochtones du Québec, certaines approches pédagogiques se démarquent. Et si l’enseignement explicite était la clé pour mieux soutenir la réussite scolaire en milieu autochtone? En misant sur la clarté des consignes, une rétroaction continue et la consolidation des apprentissages, cette approche pourrait bien renforcer l’engagement des élèves et favoriser leur réussite.
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Par Francis Abud, enseignant histoire-géographie, École Jean-du-Nord

Cet article propose une réflexion sur l’utilisation de méthodes pédagogiques en milieu autochtone au Québec. L’auteur a enseigné au Nunavik pendant l’année scolaire 2015-2016 et dans la communauté de Matimekush-Lac-John (Schefferville) en 2016-2017. Il s’est longtemps questionné sur les meilleures pratiques pour cette clientèle scolaire. 

Son objectif est d’explorer si l’enseignement explicite peut constituer une stratégie efficace pour les enseignants et les enseignantes œuvrant dans les communautés autochtones du Québec.

Qu’est-ce que l’enseignement explicite?

Développé par Barak Rosenshine et de nombreux chercheurs1, l’enseignement explicite est une stratégie d’enseignement utilisée lorsqu’il faut enseigner un savoir-faire précis aux élèves : comment créer une ligne du temps, analyser un texte, rédiger un écrit, etc. Il s’agit donc d’un outil de travail que l’enseignant mobilise de façon ciblée.

Cette approche repose sur trois phases2 : le modelage, la pratique guidée et la pratique autonome.

  • Durant le modelage, l’enseignant présente la nouvelle notion ou stratégie de façon claire et structurée. Il pense à voix haute pour montrer ses démarches, ses raisonnements et ses stratégies. Tout doit être expliqué étape par étape.
  • Pendant la pratique guidée, les élèves s’exercent avec l’enseignant, qui les accompagne de près et corrige les erreurs au besoin.
  • Enfin, lors de la pratique autonome, les élèves s’exercent seuls afin de consolider et de transférer leurs apprentissages, avec une rétroaction de l’enseignant.

Parmi ses avantages, l’enseignement explicite permet de maximiser le temps en classe tout en maintenant les élèves activement engagé3s.

Un lien avec le milieu scolaire autochtone

Quel est le lien entre l’enseignement explicite et l’éducation en milieu autochtone ? Enseigner dans ces contextes représente souvent un important défi d’adaptation pour les enseignants allochtones. Or, une méthode explicite — centrée sur des objectifs d’apprentissage clairs, des routines structurées et des réalisations scolaires concrètes — peut offrir un cadre rassurant et efficace pour des élèves souvent confrontés à de nombreuses difficultés scolaires.

Combinée à l’effet enseignant, c’est-à-dire au lien de confiance qui se tisse entre l’enseignant et l’élève, cette approche permet aux jeunes Autochtones de construire « des apprentissages concrets directement en lien avec leur quotidien4». Elle offre également aux établissements qui l’adoptent une voie vers le modèle des écoles efficaces : ces écoles situées en milieux défavorisés qui réussissent à égaler, voire surpasser, les résultats d’écoles issues de milieux plus favorisés.

En proposant un cadre d’enseignement fondé sur la rétroaction rapide, la clarté des attentes et la consolidation des acquis, l’enseignement explicite s’impose ainsi comme une stratégie pédagogique prometteuse pour soutenir la réussite scolaire en contexte autochtone.

Références

  • Castonguay, M., Clermont, G., Bissonnette, S., & Richard, M. (2013). Enseignement explicite et réussite des élèves : La gestion des apprentissages. Montréal, QC : Éditions du renouveau pédagogique.
  • Archambault, H. (2010). Quels sont les facteurs favorisant ou inhibant la réussite éducative des élèves autochtones ? First Peoples Child & Family Review, 5(2), 107–116.
  • Pilote, A., Audy, N., Blanchet, P.-A., Borri-Anadon, C., Hébert-Houle, É., Hirsch, S., Gélinas, K., Gros-Louis, N., Joncas, J.-A., Kanga, M., Lavoie, C., Maltais-Landry, A., Moisan, S., O’Bomsawin, S., Ouellet, S., Petiquay, L., Pinette, S., Renaud, F., & Vachon-Savary, M.-È. (2021). Repères et pistes d’action : Guide réflexif pour l’inclusion des perspectives, des savoirs et des réalités des Premiers Peuples dans la formation à l’enseignement. Faculté des sciences de l’éducation, Université Laval. https://premiers-peuples.fse.ulaval.ca/sites/premiers-peuples/files/2021-11/Reperes%26Pistes2021_1.pdf

  1. On peut se référer aux travaux de John Hattie, Siegfried Engelmann et Carl Bereiter. ↩︎
  2. Castonguay, M, Clermont G, Bissonnette S, Richard M. Enseignement explicite et réussite des élèves. La gestion des apprentissages, Montréal, Éditions du renouveau pédagogique Inc, 2013, p.122. ↩︎
  3. Castonguay, M, Clermont G, Bissonnette S, Richard M. Enseignement explicite et réussite des élèves. La gestion des apprentissages, Montréal, Éditions du renouveau pédagogique Inc, 2013, p.122. ↩︎
  4. Archambault, Hélène. Quels sont les facteurs favorisant ou inhibant la réussite éducative des élèves autochtones?, First Peoples Child & Family Review, Volume 5, numéro 2, 2010, p. 110. ↩︎

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