L’Académie de la transformation numérique (ATN) de l’Université Laval a publié en février 2025 un rapport de la série NETendances qui explore la perception, l’utilisation et les préoccupations des internautes québécois à l’égard de l’intelligence artificielle générative (IAG). Fondée sur une enquête auprès de 1 234 répondants, l’étude, intitulée « Intelligence artificielle générative et données personnelles », met en lumière une adoption croissante de cette technologie, tout en soulignant des préoccupations persistantes quant à la protection des données personnelles.
Une confiance modérée, influencée par l’expérience et la littératie en IA
Les Québécois affichent une confiance modérée envers l’IAG, avec une moyenne de 5,5/10. Toutefois, cette confiance varie selon l’expérience des utilisateurs : ceux qui utilisent déjà l’IAG lui accordent une confiance plus élevée. Par exemple, 55 % des utilisateurs font confiance à l’IAG pour résumer du contenu, contre 42 % chez ceux qui la connaissent sans l’avoir utilisée.
Inversement, la confiance chute lorsqu’il s’agit d’obtenir des conseils pour des décisions quotidiennes, avec seulement 13 % des internautes accordant une forte confiance aux outils d’IAG. L’étude révèle également que plus une personne perçoit qu’elle comprend l’IA, plus sa confiance envers ces technologies augmente (+0,63 unité de confiance par point de littératie perçue).
Cependant, une forte préoccupation face aux données personnelles est associée à une diminution de la confiance en l’IAG.
Adoption et usages : un essor marqué chez les jeunes et les travailleurs
L’étude révèle que 33 % des internautes québécois ont déjà utilisé un outil d’IAG, avec une adoption particulièrement élevée chez les 18-24 ans (71 %) et les personnes ayant des revenus et un niveau d’éducation plus élevés.
Utilisation fréquente :
- 11 % des utilisateurs déclarent utiliser l’IAG quotidiennement.
- 27 % s’en servent quelques fois par semaine.
- 69 % l’emploient principalement dans leur vie personnelle, suivie du travail (41 %) et des études (26 %).
Parmi les motivations principales figurent le gain de temps (41 %), l’accès à de nouvelles connaissances (36 %) et l’aide à la rédaction ou à la traduction (38 %).
Toutefois, 46 % des internautes connaissant l’IAG choisissent de ne pas l’utiliser. Les raisons invoquées incluent l’absence de besoin (49 %), un manque d’intérêt (38 %), et des préoccupations liées à la sécurité et à l’éthique (respectivement 49 % et 24 %).
Données personnelles : une préoccupation majeure
La protection des données personnelles demeure un enjeu clé, avec 77 % des Québécois se disant préoccupés par la collecte et l’utilisation de leurs renseignements en ligne. Cette méfiance se reflète dans la perception des acteurs collectant ces données :
- Les ministères et organismes publics du Québec ainsi que les institutions financières bénéficient d’une confiance relative.
- Les grandes entreprises du Web et les assureurs inspirent davantage de méfiance.
- 66 % des internautes s’inquiètent de la manière dont leurs données sont utilisées dans les outils d’IAG.
Par ailleurs, 21 % des internautes ont été victimes de fraudes en ligne au cours des cinq dernières années, ce qui pourrait renforcer leur prudence vis-à-vis des nouvelles technologies.
D’après Christian Gagné, professeur et directeur de l’Institut Intelligence et Données (IID) de l’Université Laval, les Québécois restent méfiants vis-à-vis de l’IAG, même s’ils en reconnaissent les avantages. La crainte d’hallucinations (réponses erronées de l’IA) et la volonté de conserver le contrôle sur la prise de décision sont des facteurs clés expliquant cette prudence.
Pour Jean-Pierre Lessard, économiste chez Aviseo Conseil, les organisations doivent assurer une gouvernance rigoureuse des données et identifier clairement leurs besoins en IA afin d’innover tout en gagnant la confiance des utilisateurs.
L’étude de la série NETendances dresse donc le portrait d’une adoption croissante, mais mesurée de l’IAG au Québec. Alors que les utilisateurs perçoivent des bénéfices concrets, notamment en termes de productivité et de rapidité d’accès à l’information, les préoccupations liées à la confidentialité des données et à la sécurité demeurent des freins importants.
L’avenir de l’IAG au Québec semble donc lié à un renforcement de la littératie numérique, à une meilleure transparence sur la gestion des données et à des pratiques responsables de la part des entreprises et institutions exploitant ces technologies.
Pour en savoir plus, lisez l’enquête complète à partir de cette page.
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