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Créer son propre robot conversationnel pédagogique : conseils et exemples pour se lancer

L’IA générative ouvre la voie à de nouvelles approches pédagogiques, comme la possibilité de concevoir un robot conversationnel adapté aux besoins des élèves ou permettant au personnel de gagner du temps. Comment le faire tout en respectant les enjeux éthiques et méthodologiques? Voici nos conseils pratiques, tutoriels et exemples de plateformes qui vous permettront de créer votre propre assistant éducatif.
Temps de lecture estimé : 14 minutes
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Table des matières

Par Laurent Di Pasquale avec la collaboration de Simon Duguay

Avant que l’intelligence artificielle (IA) ne prenne son essor, la personnalisation des apprentissages était déjà un objectif convoité par de nombreux acteurs de l’éducation. Aujourd’hui, avec l’émergence des plateformes génératives, de nouvelles opportunités se dessinent. Mais peut-on réellement considérer que l’individualisation des parcours, facilitée par la création et l’usage de robots conversationnels, est désormais accessible? Pour un enseignant souhaitant explorer cette avenue, quels sont les conseils à suivre afin de concevoir un outil pédagogique efficace, tout en anticipant les défis potentiels?

Cet article propose des conseils pratiques pour débuter avec les robots conversationnels, inspirés notamment de l’expérience des auteurs. 

1- C’est quoi un robot conversationnel?

Avant d’aller plus loin, prenons le temps de définir ce qu’est un robot conversationnel. On peut utiliser différents termes pour le désigner, comme « agent conversationnel », « chat bot » en anglais, « agent de dialogue » ou « dialogueur ». Ils renvoient tous au même objet, ainsi décrit par l’Office québécois de la langue française : 

Logiciel capable de communiquer de façon bidirectionnelle avec un utilisateur en langage naturel, par messagerie instantanée ou au moyen d’une interface vocale. 

Vous avez déjà échangé via une messagerie instantanée sur les réseaux sociaux ou le site Web d’une entreprise et ressenti que votre interlocuteur n’était pas humain? Il y a de fortes chances que vous ayez interagi avec un robot conversationnel. Bien que ce concept ne soit pas nouveau, l’intégration de l’intelligence artificielle lui a donné une tout autre dimension. ChatGPT en est sans doute l’un des exemples les plus marquants, révélant au grand public les avancées qui se développaient depuis longtemps dans le domaine de l’IA.

Source : capture d’écran de ChatGPT / robot conversationnel Monsieur biais cognitif / 06 février 2025 

L’intelligence artificielle permet d’automatiser les réponses et de générer du contenu à partir d’une base de données en fonction d’une demande effectuée. Le robot conversationnel se distingue par sa capacité à fonctionner selon un processus précis, à puiser dans des ressources pour fournir une réponse et à s’adapter aux manières d’interagir en fonction de l’intention pédagogique et des objectifs.

Avec la démocratisation des technologies, il est maintenant possible de créer des agents pour des buts précis. Ainsi, un enseignant peut configurer son propre robot, déterminer son  fonctionnement pour le mettre en adéquation avec des objectifs pré-déterminés. Gagner du temps, rendre autonome face à l’utilisation : voici certaines des promesses qui accompagnent les robots.

Pour vous faire une petite idée, découvrez cet exemple de robot conversationnel que nous avons créé à l’aide de ChatGPT : Triangulation des apprentissages (attention, il faut toutefois posséder un compte sur ChatGPT, même gratuit, pour l’utiliser).

Un nouvel univers de possibilités s’ouvre alors pour le personnel scolaire. Cependant, plusieurs points importants doivent être considérés avant d’entreprendre la conception et l’utilisation d’un robot, encore plus s’il est destiné aux élèves. 

2- Une posture méthodologique à considérer

Avant même de choisir une plateforme à utiliser pour créer un robot conversationnel, il est nécessaire de réfléchir en amont à l’objectif pédagogique ainsi qu’au type d’utilisation souhaité. En effet, suivant cette première réflexion, il est possible que le choix et les conseils suivants puissent varier (notamment dans le choix de la plateforme). 

Il faut aussi garder à l’esprit que la création et l’utilisation du robot peuvent être conditionnées et limitées par :

Les questions qui guideront ensuite le choix de la plateforme utilisée et la conception du robot seront d’ordre méthodologique : 

1- Je veux que mes élèves utilisent ce robot conversationnel « mains sur les touches »

Il sera alors nécessaire de respecter les données privées des élèves et donc de considérer que le compte utilisé ne peut être un compte personnel (si une adresse courriel est utilisée, la plateforme doit s’engager à ne recueillir aucune donnée personnelle). 

Petite subtilité pour les utilisateurs d’Office 365 Éducation : Microsoft s’engage à donner un accès sécurisé, qui préservera les données des utilisateurs en cas d’usage de Microsoft Copilot Éducation. De même, NotebookLM de Google n’utilise pas les données à caractère personnel, y compris les importations de sources, les requêtes et les réponses du modèle pour son entraînement, pas plus que Gemini Pro pour Google Workspace – Education.

Par ailleurs, comme tout nouvel outil numérique, la maîtrise technique n’est pas innée chez les élèves (même s’il est facile de le croire). Préparer l’utilisation à l’aide d’une vidéo tutoriel, d’un exercice guidé, ou d’une fiche à l’aide de différentes étapes et actions à réaliser pourra permettre aux élèves de gagner en autonomie et en compétence. 

Voici quelques points à aborder avec eux pour une préparation optimale : 

  • Stratégie de vérification d’information : Les réponses générées par une IA générative peuvent être erronées. Il est essentiel d’amener les élèves à faire preuve de jugement critique face aux premières réponses proposées. Ils doivent analyser et contre-valider les informations et bonifier les réponses avec leurs propres connaissances. D’ailleurs, les stratégies de validation d’information sont nécessaires sur l’ensemble des plateformes numériques, qu’elles soient conçues avec l’IA ou non.
  • Sensibilisation au biais : La sous-représentation des certaines minorités, la vision stéréotypée de certaines situations peuvent conduire à des réponses empreintes de biais de la part des IA. Les élèves doivent être sensibilisés au fait que les plateformes produisent leurs réponses à partir des différents contenus qui étaient disponibles sur le Web, de même qu’avec les interactions avec les utilisateurs. Tout comme pour la vérification factuelle, les élèves doivent faire preuve de sens critique. 
  • Prise de conscience de l’objectif du robot : Afin de guider au mieux les interactions des élèves, ils doivent connaître l’objectif du robot proposé. En nommant explicitement celui-ci, ils pourront alors réaliser des interactions en adéquation avec ses possibilités. 
  • Formulation de demandes claires : Même si le robot proposé a déjà un objectif clair, cela ne dispense pas les élèves de rédiger des demandes de qualité. Une demande adéquate permettra au robot de fournir des réponses encore plus pertinentes. De même, les élèves qui utiliseront ensuite d’autres IA génératives pourront profiter de cet acquis de manière transversale. 

2- Je préfère opter pour l’affichage de mon propre écran au tableau et y faire interagir les élèves en grand groupe

Cette méthodologie peut permettre de réaliser des activités d’échange et de réflexion intéressante avec les élèves, notamment en ce qui concerne la critique des contenus et des réponses proposées. La collaboration, l’échange et la communication pourront permettre d’exploiter au mieux l’utilisation de ce robot affiché en grand groupe. 

Pourquoi ne pas solliciter les élèves pour que ceux-ci recommandent les requêtes à formuler et les modifications en fonction des réponses? Cela pourrait bien représenter une bonne étape intermédiaire également, avant de mettre ce type d’outils entre les mains de vos élèves. 

3- J’envisage de permettre une utilisation à partir de la maison

De la même manière que l’utilisation en classe nécessite d’être cadrée, avec un accompagnement adéquat, l’usage d’un robot conversationnel à domicile ira de pair avec une posture de l’enseignant qui permettra à l’élève de trouver toute l’aide nécessaire en amont. 

Avez-vous anticipé les éventuelles difficultés des élèves qui devront utiliser ce nouvel outil de manière autonome? Si oui, la création d’une fiche d’utilisation, qui ferait office de guide, pourrait être un outil intéressant à utiliser en parallèle, afin d’apporter ce cadre nécessaire. 

Enfin, la possibilité pour certaines plateformes d’opter pour l’affichage des historiques de conversation pourrait aussi être d’une certaine utilité.

3- Des plateformes pour concevoir son robot

Bien que les plateformes évoluent à une vitesse folle, et que la liste ci-dessous pourrait bien être amenée à évoluer aussi vite que vous lirez cet article, il semblait important de pouvoir diriger vers quelques suggestions : 

a) ChatGPT

b) NotebookLM

c) Microsoft Copilot Studio 

d) Hugging Chat 

e) Droxy

Les critères utilisés pour comparer les différents modèles pour la création d’un robot pédagogique conversationnel sont présentés dans le tableau suivant (payant ou pas, nécessite un compte pour créer, nécessite un compte pour consulter, libre, fonctions d’accessibilité).

Quelques précisions pour accompagner ce tableau comparatif : 

  • ChatGPT permet de consulter des robots conversationnels payants, même si l’on possède un compte gratuit. Cependant, le nombre d’interactions est restreint. Après un certain nombre de requêtes, un message indiquant que la limite a été atteinte peut apparaître pour les utilisateurs d’un compte gratuit. 
  • NotebookLM nécessite spécifiquement une adresse courriel Google pour créer un robot. Si vous désirez le partager avec un autre utilisateur, ce dernier devra également posséder un compte Google pour l’utiliser. 
  • HuggingChat propose une plateforme avec des modèles en libre accès. Cependant, il n’est pas encore possible d’insérer des fichiers à partir desquels générer des réponses. 
  • Droxy propose la création d’un nombre limité de robots conversationnels dans sa version gratuite (de même que le nombre d’interactions possibles avec les robots). Il est nécessaire de passer au modèle payant pour profiter de toutes les possibilités. 

Afin de vous accompagner dans la création sur chacune de ces plateformes, voici une série de tutoriels que nous avons pu concevoir pour vous : 

Chat GPT

NotebookLM 

Microsoft Copilot Studio

Hugging Chat

Droxy 

Cette liste n’est pas exhaustive. D’autres plateformes pourraient répondre tout aussi bien à vos besoins pédagogiques. Si vous en connaissez, n’hésitez pas à nous les faire connaître.

4- Des conseils pour commencer la création

Bien que les fonctionnalités qui permettent de créer un robot conversationnel pédagogique puissent être différentes et varier sur chaque plateforme, voici des conseils essentiels pour commencer, assurant une base pédagogique solide qui rendra la conception et l’utilisation de ceux-ci plus efficace. 

1. Identifier clairement l’objectif

  • Tel qu’on le ferait pour tout outil numérique, l’identification de l’objectif du robot conversationnel permettra à celui-ci d’adopter une ligne directrice en adéquation avec nos attentes pédagogiques. 
  • Gardez à l’esprit que, bien que les possibilités d’un tel outil soient vastes, il est essentiel de lui fournir un contexte et un cadre pour en maximiser l’efficacité.

Des exemples d’objectifs possibles : 

  • Différencier les tâches pédagogiques proposées par l’enseignant.
  • Proposer des exercices de remédiation/récupération dans le cadre d’un cours.
  • Analyser des séquences de cours dans le but de pouvoir identifier les points d’amélioration à apporter au regard d’un modèle pédagogique.
  • Permettre à l’élève de comprendre un concept, d’obtenir des exercices de dépassement. 

Des exemples de robots déjà utilisés dans un contexte pédagogique vous intéressent? Cet aspect sera développé dans un second article très prochainement! 

2. Indiquer au robot conversationnel les étapes à respecter 

Lorsque l’on crée un robot conversationnel, il est intéressant de nommer les étapes par lesquelles celui-ci devra passer afin de pouvoir bien accomplir son objectif. Dans ce cas, c’est au créateur du robot de bien préciser ces étapes dans la requête utilisée pour le créer. Ce mode opératoire lui permettra de respecter des conditions pédagogiques par lesquelles l’enseignant désire faire passer ses propres élèves. 

3. Le processus d’interaction 

Préciser les types d’interaction que le robot est susceptible d’avoir avec ses utilisateurs peut s’avérer un élément de personnalisation intéressant pour obtenir le résultat voulu. Voici quelques éléments que vous pourriez préciser lors de la création de celui-ci : 

  • Le ton employé
  • L’utilisation ou non d’émoticônes
  • Le niveau de langage

4. Les contraintes à appliquer

Mentionner le contexte et le cadre est d’une importance capitale. Ainsi, vous pourriez spécifier que :

  • Certains éléments sont à employer prioritairement (ex. : des exemples)
  • Certains liens doivent être établis à chaque interaction (ex. : « Associe toujours tes réponses aux différents niveaux taxonomiques de la pyramide de Bloom. »).

5. Pour une utilisation éthique 

En créant et rendant disponible un robot conversationnel, un créateur est responsable des interactions qui pourraient survenir avec celui-ci. Il est donc important de prendre conscience des différents enjeux liés à son utilisation. 

Voici quelques exemples :  

  • Si l’utilisateur dit au robot conversationnel qu’il éprouve des sentiments envers lui, le robot va-t-il mettre un terme à la conversation, en lui recommandant de parler à un adulte? 
  • Si l’utilisateur fait part de différentes pensées noires, quelle sera la réponse du robot conversationnel? 
  • Si l’utilisateur tente de détourner le robot de son usage, celui-ci prévoit-il de toujours le ramener à son objectif initial? 

Ainsi, il pourrait être pertinent de mentionner au robot, lors de sa création, qu’en cas de sentiment plus intime exprimé ou de crainte de violence, un message d’alerte apparaitra afin de diriger l’utilisateur vers un adulte et de cesser toute conversation. 

Enfin, si le créateur est responsable des robots conversationnels qu’il met en ligne, les utilisateurs (les élèves dans ce cas) sont responsables des données qu’ils partagent avec ceux-ci. N’oubliez donc pas d’inclure un message ou une indication concernant le fait qu’on ne doit partager aucune information à caractère personnel. Cela permettra de respecter les prescriptions légales pour une utilisation éthique de l’IA. 

Conclusion

Même si la création de robots conversationnels se démocratise avec des intelligences artificielles de plus en plus faciles d’accès, il reste nécessaire pour le personnel enseignant de revenir à leurs fondamentaux afin de pouvoir s’approprier ces nouvelles possibilités. Ces utilisations promettent de belles possibilités pédagogiques et des moments de création. Celles-ci seront toutefois remplies d’enjeux, et de points d’attentions qui devront rentrer en ligne de compte lors de la conception, et l’utilisation de ceux-ci.  

Besoin de plus sur le sujet? 

L’équipe des services pédagogiques de L’École branchée peut aussi vous accompagner de façon plus personnalisée dans le cadre d’une formation sur mesure à propos de la création de robots conversationnels pédagogiques! 

À propos de l'auteur(e)
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