Même si l’événement se déroulait en ligne, des sites satellites avaient été mis en place afin de permettre à des personnes de se regrouper en présence pour assister à la journée, d’Alma à Gaspé, en passant par Magog et la Baie-James. Ainsi, elles pouvaient assister aux conférences virtuelles, tout en ayant la possibilité d’en discuter entre elles.
Quelle programmation pour ce 22ᵉ colloque?
À partir de 8 h, les participants ont été accueillis par l’équipe d’ÉER et invités à utiliser le code QR présenté à l’écran afin de rejoindre un Padlet sous forme de carte, regroupant ainsi la localisation de chaque participant étant connectés de chez eux, de l’école ou d’un site satellite.
Marie-Claude Nicole, directrice et collaboratrice de l’organisation a introduit le colloque en rappelant que l’événement est une « fenêtre ouverte sur les classes et tous ses acteurs qui gravitent autour » et a présenté la thématique de cette année : Collaborer pour apprendre en mentionnant que depuis la pandémie, « on peut porter un regard réflexif sur tous les apprentissages qui ont été faits et que beaucoup de chemin a été parcouru par rapport à la transformation numérique qui a été vécue ».
Nancy Couture, directrice générale du Centre de services scolaire du Fleuve-et-des-Lacs, a aussi mentionné l’importance de la « collaboration et du réseautage ». Comment se fait le réseautage dans une activité interclasse et de formation continue? Quelles infrastructures de réseautage proposent des collaborations en réseau? Comment le réseautage peut s’effectuer selon l’âge des élèves grâce à différents outils numériques et selon les domaines et disciplines du programme de formation de l’école québécoise? Les activités proposées dans ce colloque ont tenté d’apporter des réponses et des pistes de réflexions autour de ces grandes questions. De plus, chacune des activités proposées dans le cadre de la journée était offerte par des personnes enseignantes qui « mettent en pratique la collaboration pour apprendre ». Madame Couture en a profité pour les remercier pour leur implication et leur motivation : « Ce sont des modèles, des leaders inspirants ».
Enfin, Yvan Fortier, de la Direction du développement de la culture numérique (DDCN) au ministère de l’Éducation du Québec, a rappelé les mandats de l’ÉER, tels que « proposer des activités qui favorisent le développement des compétences disciplinaires et la compétence numérique ». M. Fortier a également ajouté que l’ÉER permet « d’accompagner les personnes enseignantes en offrant de la formation continue permettant d’avoir une approche variée et innovante pour les élèves. ».
Finalement, Sophie Nadeau-Tremblay, enseignante ressource et coordonnatrice pédagogique au Centre de services scolaire De La Jonquière, a terminé en parlant de la pertinence du réseautage pour lutter contre le décrochage numérique.
Réduire les inégalités numériques
Dans cette perspective, la conférence d’ouverture intitulée Le réseautage pour réduire les inégalités numériques a été présentée par Michelle Deschênes, professeure en psychopédagogie de l’enseignement professionnel, et Séverine Parent, professeure en technologie éducative et en littératie numérique, toutes deux à l’Université du Québec à Rimouski et chercheures pour le projet La VIE (Laboratoire Vivant d’Innovation en Éducation). Elles ont abordé trois niveaux d’inégalités et trois facteurs contribuant à réduire ces inégalités.
En effet, la conférence souhaitait mettre en lumière différents angles morts, dont trois niveaux d’inégalités quant au numérique : l’accès, les habiletés et les usages. Tous trois touchent autant les élèves et leurs parents que l’école et le personnel enseignant.
L’accès
« Ce sont les différences entre les personnes et/ou les groupes quant aux ressources mis à disposition », comme le matériel et les ressources. Ex. avoir un ordinateur partagé à la maison ou encore ne pas connaître le fonctionnement de cet appareil, ou bien ne pas avoir accès à Internet ou à une grande bande passante. Il ne s’agit pas ici d’une réalité qui touche seulement les régions éloignées, certains « élèves vont devant leur école la fin de semaine pour avoir accès au Wi-Fi parce qu’ils n’en ont pas à la maison », a mentionné Mme Deschênes.
Les habiletés
« C’est la culture informatique, savoir comment l’appareil fonctionne, comment utiliser une application, un logiciel ». Par exemple, certains parents ne peuvent tout simplement pas aider leurs enfants à la maison par manque de connaissances à ce sujet. Finalement, il s’agit de « l’inégalité des habiletés dans l’aisance d’utilisation. »
Les usages
Ici, on parle des compétences, de la maîtrise des usages. La maîtrise des usages du numérique chez les élèves peut référer à « l’aisance à consulter, créer, communiquer et partager du contenu », tandis que l’usage des outils par les personnes enseignantes peut perpétuer des inégalités. Notamment, savoir différencier l’usage des outils numériques : est-ce que c’est un usage créatif? Est-ce que c’est un usage pratique des outils?
Ces différents niveaux d’inégalités font consensus dans la littérature scientifique. Ils permettent de mieux identifier les inégalités vécues par les personnes et, ainsi, il est possible d’agir plus directement pour les réduire. Les conférencières et professeures soulignent que leurs travaux de recherche au sein du laboratoire La VIE se concentrent sur ces problématiques complexes en éducation.
Les facteurs à considérer
En plus des trois niveaux d’inégalités, cinq facteurs peuvent influencer ces inégalités. Les chercheures ont choisi d’en présenter trois en lien avec la classe : l’école et la direction, les élèves et le personnel enseignant. En effet, certains manquements peuvent créer une situation d’inégalités entre les différents acteurs.
L’école et la direction pourraient, par exemple, créer « un comité numérique proposant des ressources intéressant les personnes enseignantes, les formations, mettre à jour les listes d’outils approuvés par le CSS, assurer qu’il soit toujours à jour et que les accès soient donnés rapidement », ce qui va favoriser l’anticipation des problèmes, devenir systématique quand une nouvelle personne enseignante arrive et lui permettre d’être à jour avec ses collègues.
Les élèves devraient développer une plus grande autonomie, maîtriser des compétences numériques et bénéficier du soutien des enseignants dans cette démarche.
Pour le personnel enseignant, les lacunes peuvent être en lien avec le manque de soutien des collègues, la disponibilité limitée, la maîtrise des compétences numériques et l’attitude face au numérique. Ainsi, en collaborant et échangeant avec ses collègues, il peut être plus facile de se soutenir et de s’entraider pour que tout le monde puisse en bénéficier.
Finalement, au-delà de ces trois niveaux d’inégalités et de ces trois facteurs, les deux chercheures ont rappelé que « les inégalités numériques sont directement liées aux inégalités sociales » et réseauter pourrait être un bon moyen de contribuer à réduire ces inégalités.
Voir le mur Padlet de ressources de la conférence.
Pour voir ou revoir les ateliers présentés lors de cette journée et consulter les documents des présentations, cliquez ici.
Badge événementiel
Les personnes participantes peuvent récupérer un badge événementiel pour attester de leur participation à ce 22ᵉ colloque de l’École en Réseau sur le site du CADRE21.