Par Shawn Young, président et co-fondateur de l’Association Edteq, et Julie Pigeon, directrice générale de l’Association Edteq
Le récent rapport de l’UNESCO sur les technologies de l’éducation ramène une importante question pour les années à venir, à savoir la place du numérique à l’école.
Notre association fait la promotion des technologies éducatives conçues en français au Québec et, alors que l’intelligence artificielle gagne rapidement les salles de classe, nous sommes plus que jamais convaincus qu’une réflexion de fond s’impose en vue que la technologie soit mise au service de l’engagement et de la réussite éducative des élèves et ne devienne pas un obstacle à l’apprentissage.
La rentrée scolaire et parlementaire est une belle occasion d’entamer la discussion.
Outils de soutien
S’il est essentiel de s’assurer que les technologies déployées en classe ont un impact réel positif, il faut également nuancer le débat tenu dans la sphère publique. Il importe de distinguer les cellulaires des jeunes, des technologies utilisées pour favoriser l’apprentissage, aider à l’organisation et alléger certaines tâches du personnel enseignant.
Nous devons voir les technologies comme des outils en soutien à l’apprentissage et aux enseignants. Plusieurs défis demeurent cependant et il importe de réfléchir collectivement dès maintenant à ces enjeux.
Devant la numérisation de nos sociétés, les enjeux éthiques que pose l’intelligence artificielle, et tous les défis de citoyenneté numérique et de cybersécurité qui attendent nos enfants, il serait irresponsable de ne pas les préparer adéquatement à la société de demain.
Pour une discussion nationale
Mais comment s’y prend-on afin que l’engagement et la réussite éducative demeurent au premier plan lorsqu’on parle de technologie?
Comme c’est déjà le cas dans plusieurs pays d’Europe, cette question doit être au cœur de la rentrée scolaire et parlementaire, et impliquer les décideurs, les professionnels de l’éducation, la recherche et les experts du milieu. Plusieurs membres de l’opposition ont déjà fait des cellulaires en classe un cheval de bataille, un débat qui revient ces jours-ci dans l’actualité avec une pétition réclamée pour sortir les cellulaires des écoles. Sa présence en classe est remise en cause et c’est actuellement aux enseignants que revient la tâche de légiférer sur cette question.
La réussite scolaire est l’une des priorités du gouvernement, mais on constate que, lorsqu’il s’agit d’accès aux technologies, tous n’ont pas les mêmes chances. L’accessibilité au numérique devrait être possible sur l’ensemble du territoire québécois, et la capacité à utiliser adéquatement et de façon responsable les technologies devrait l’être tout autant.
Le Québec peut se targuer d’avoir un secteur innovant et bienveillant quand on parle de technologies éducatives. Des ressources élaborées sur mesure pour les élèves d’ici, majoritairement par d’ex-enseignants, en réponse à des enjeux réels rencontrés sur le terrain. Pourtant, les concepteurs québécois peinent à se tailler une place parmi toutes les technologies produites à l’international, parfois dans un français douteux, sans référence à notre culture. Quant aux enseignants, il s’agit d’un véritable marathon en vue de demeurer à jour.
Nos sociétés se numérisent davantage chaque jour et il est impératif de former nos enfants à la société dans laquelle ils sont appelés à évoluer. Cependant, il ne faut pas perdre de vue l’apprentissage et la réussite éducative, c’est pourquoi une réflexion en profondeur s’impose dès maintenant au Québec.