Le 28 février dernier, à Montréal, avait lieu la deuxième édition de TEDx Wilfrid-Bastien, une soirée de conférences en français consacrée à l’éducation et aux idées novatrices. Première partie de notre retour sur cet événement incontournable.
Plus de cent participants étaient présents afin d’assister à six conférences de 18 minutes, présentées en rafale lors d’une soirée orchestrée par l’enseignant Pierre Poulin et son équipe. Voici le résumé des propos de ces conférenciers qui ont su inspirer l’audience de façon remarquable.
C’est l’équipe de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) en éducation, qui a ouvert le bal en présentant les résultats d’une enquête effectuée auprès de 6057 élèves et 302 enseignants du Québec à propos des usages, des avantages et des défis de l’utilisation de l’iPad à l’école. Parmi les 23 avantages cités, notons que le fait de miser sur la formation des enseignants garantirait une utilisation plus pédagogique de cet outil. Dans ces conditions, l’iPad permet aux élèves de développer leur créativité et de mieux collaborer.
Par la suite, l’enseignant, éditeur et auteur de littérature jeunesse Yves Nadon a présenté ses réflexions à propos de l’enseignement de la lecture et de l’écriture au début du primaire. C’est à partir de textes authentiques de ses élèves qu’il a parlé de l’importance de tenir compte des connaissances de ceux-ci, même au début de la 1re année, pour bâtir leurs compétences de scripteurs. M. Nadon a démontré que l’écriture se doit d’être enseignée de façon spécifique, qu’il est important d’y consacrer beaucoup de temps et qu’en agissant comme mentor et modèle, l’enseignant a un rôle primordial à jouer dans cet apprentissage. Une pratique gagnante, selon lui, est de laisser plusieurs livres et albums à la portée des élèves en tout temps.
Patrick L’Heureux, responsable des services à l’éducation préscolaire et à l’enseignement primaire à la Fédération des établissements d’enseignement privés (FÉEP), a poursuivi. D’un ton convaincu, il a débuté sa prestation avec une citation de William Butler Yeats : « Éduquer, ce n’est pas remplir un seau, mais allumer un feu ». Résolument à l’écoute des garçons pour favoriser leur réussite, il en a fait son cheval de bataille depuis son arrivée à la FÉEP. C’est entre autres en mentionnant le besoin des garçons d’être actifs à l’école et d’avoir le sentiment de relever des défis qu’il a su interpeller l’audience. En terminant, il a souligné le fait que les responsables des bibliothèques d’écoles et de classes se doivent de tenir compte des goûts des garçons en littérature afin de les encourager à lire.
D’abord enseignante au primaire, puis conseillère pédagogique en français, et maintenant retraitée de la CS de la Pointe-de-l’Île, Marie Lalande a oeuvré toute sa vie auprès des enfants. Pour elle, le passage du mode imprimé au mode numérique ne fut rien de moins qu’une révolution. C’est en citant une de ses expériences d’écriture collaborative avec des élèves du primaire qu’elle a démontré tout l’intérêt de l’utilisation des technologies en classe. D’ailleurs, elle est d’avis que la technologie demande une plus grande maîtrise de l’écrit par les élèves et, plus que jamais, par les enseignants, qu’elle encourage à écrire souvent puisqu’ils jouent un rôle essentiel en étant eux-mêmes des modèles de scripteurs efficaces en classe.
Poète dans l’âme, François Rivest (qui fut également de la première édition de TEDx Wilfrid-Bastien en 2012) a encore su transporter l’audience grâce à ses histoires. Conseiller pédagogique au service local du RÉCIT de la CS de la Pointe-de-l’Île, son message parlait des appellations souvent injustifiées que reçoivent les élèves présentant des difficultés à l’école. Il a rappelé à quel point il est important de tenir compte de chaque élève en tant qu’être unique et de développer un vocabulaire plus précis que le terme « faible », qui est en lui-même très réducteur. Les enseignants, selon lui, oeuvrent à quelque chose de bien plus grand qu’ils sont parfois portés à le croire. Et c’est à travers des récits de sa vie, dont une rencontre particulière avec l’une de ses anciennes élèves, qu’il a exposé ses convictions.
Egide Royer, psychologue et professeur titulaire en adaptation scolaire à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval, est reconnu internationalement pour ses ouvrages portant sur la réussite des jeunes présentant des difficultés à l’école. Par son éloge de la simplicité, il a mentionné l’influence positive énorme qu’un enseignant peut avoir en transmettant à ses élèves l’assurance qu’ils peuvent apprendre et en leur offrant des occasions de se dépasser. Selon lui, en reconnaissant l’importance de l’adulte, on valorise la persévérance, notamment pour les garçons, qui représentent plus de 60 % des élèves ayant des difficultés scolaires.
Selon les règles d’une soirée TED, les organisateurs doivent aussi présenter une conférence provenant du site Web du mouvement. À cette occasion, ils ont choisi Every Kid Needs a Champion, de Rita Pierson, disponible en ligne.
Pour un grand nombre de participants, le vendredi 28 février marquait le début de la semaine de relâche. Malgré cela, d’après les commentaires entendus, il est clair que ce type d’événement permet de puiser une bonne dose d’énergie et de motivation.
Tout porte à croire que nous aurons droit à une troisième édition de cette conférence en 2016. D’ici là, on pourra également avoir accès aux conférences de l’édition 2014 en ligne.