ANNONCE
L'École branchée, un organisme à but non lucratif
ANNONCE

Une vidéo TikTok peut avoir plus de portée qu’un rapport ministériel » : S’outiller pour distinguer le vrai du faux

Devant la montée de l’intelligence artificielle générative et en l’absence de véritable modération sur les plateformes numériques, la désinformation devient un enjeu majeur de société. Lors d’une récente conférence, Martine Rioux, rédactrice en chef de l’École branchée, a invité les participants à mieux comprendre les rouages de ce phénomène, à en reconnaître les formes et surtout, à se doter de stratégies concrètes pour y faire face.
Temps de lecture estimé : 6 minutes
PARTAGER VIA :

Table des matières

ANNONCE

« La désinformation n’est pas nouvelle, mais elle est aujourd’hui virale. Les fausses nouvelles circulent parfois plus rapidement que les vraies nouvelles et il est difficile de les rectifier. Beaucoup de personnes, jeunes et adultes, se font berner, parfois même sans s’en rendre compte », a-t-elle rappelé, lors d’une conférence donnée à l’occasion de la 12e Journée en éducation financière de l’Autorité des marchés financiers (AMF). De nombreuses organisations offrant des programmes en littératie et culture financière étaient présentes pour partager et réseauter. 

Pourquoi maintenant?

Même si la manipulation de l’information existe depuis très longtemps, elle a pris une nouvelle ampleur avec la popularité des réseaux sociaux et le développement de l’intelligence artificielle (IA). Les réseaux sociaux deviennent la principale source d’information (Académie de la transformation numérique, 2024) et l’IA multiplie les canulars. La désinformation est maintenant susceptible de s’infiltrer dans tous les domaines du quotidien, de la politique à la santé, en passant par les finances personnelles. 

Tout ceci est jumelé au fait que les médias traditionnels traversent une crise (les gens veulent de moins en moins payer pour accéder à l’information) et que l’information fiable peine à rejoindre les citoyens. « Chez les jeunes en particulier, on constate que l’information est souvent consommée à la pièce, dans un fil d’actualité où opinions et faits s’entremêlent. Les sujets sont rarement abordés en profondeur », a illustré la formatrice.

Reconnaître les formes de désinformation

Selon la conférencière, il est nécessaire de distinguer trois grandes formes de manipulation :

  • Mésinformation : information inexacte partagée sans intention de nuire, souvent liée à un manque de connaissances.
  • Désinformation : création ou diffusion volontaire de fausses informations pour tromper.
  • Mal-information : diffusion d’informations vraies, mais sorties de leur contexte ou utilisées de façon malveillante.

Les exemples ne manquent pas : fausses citations, vidéos virales de pseudo-experts, sites imitant des sources fiables, promesses irréalistes d’enrichissement rapide. Certains stratagèmes frauduleux sont récurrents : messages d’urgence affirmant qu’un compte sera supprimé, fausses alertes médicales, usurpation d’autorité ou encore manipulation émotionnelle. Tous ces leviers exploitent la crédulité, l’émotion ou le manque de temps des internautes.

 « Une vidéo TikTok peut avoir plus de portée qu’un rapport ministériel », a-t-elle fait remarquer.

Un impact bien réel

La désinformation a des conséquences directes. « On se retrouve devant une surcharge d’information et on assiste à deux phénomènes : on voit des citoyens qui se mettent à douter de tout ou d’autres qui ont trop confiance en leur capacité de vérification des faits. Devant l’abondance de contenus, certaines personnes renoncent tout simplement à s’informer.

Des facteurs comme les biais de confirmation (croire et consulter uniquement les contenus qui confortent nos opinions) ou la méconnaissance des algorithmes accentuent les impacts de la désinformation.

Des moyens d’agir concrètement

Face à ce constat, plusieurs pistes d’action ont été proposées pour les organisations qui ont à communiquer autant sur les réseaux sociaux que dans les médias traditionnels.

  1. Éduquer, sans moraliser

Il s’agit de former à la pensée critique, de questionner les sources, de reconnaître ses propres biais, de prendre du recul avant de partager une information. Plutôt que de corriger après coup, on gagne à adopter une posture de curiosité. 

« Mieux vaut demander : “Comment as-tu su que c’était vrai?” que de dire : “Voici ce que tu devrais croire.” »

  1. Communiquer efficacement 

Lorsque vous avez à communiquer, soyez cohérents dans vos publications, utiliser des messages courts, clairs, en ayant un vocabulaire constant. Choisissez un élément visuel distinctif qui se retrouvera sur l’ensemble de vos publications. Le storytelling, les émotions et les appels à l’action simples sont d’autres éléments-clés.

  1. Intervenir dans les milieux éducatifs

Dans les milieux scolaires, les enseignants et les bibliothécaires deviennent de précieux alliés pour faire de l’éducation aux médias auprès des jeunes. Plusieurs ressources fiables existent pour les appuyer, comme HabiloMédias, le Centre québécois d’éducation aux médias et à l’information (CQÉMI), Les As de l’info ou Le Curieux. L’École branchée offre aussi des ressources en éducation aux médias (consulter notre trousse à ce sujet). 

  1. Renforcer la confiance 

Derrière chaque message se cachent des humains. Il ne faut jamais l’oublier. Transparence, authenticité, répétition de messages cohérents sont de mise pour gagner la confiance des destinataires. De plus, il peut être judicieux de prévoir un espace où ils et elles pourront poser des questions sans jugement. 

« Si les gens vous font confiance, ils reviendront s’informer auprès de vous. Vous deviendrez une référence en matière d’information fiable. »

Une responsabilité partagée

En conclusion, la lutte contre la désinformation ne peut reposer sur les seuls individus. Elle interpelle aussi les institutions, les milieux éducatifs et les organismes publics. « L’éducation aux médias et l’éducation financière sont des leviers puissants pour renforcer la vigilance et la pensée critique », a conclu la conférencière.

Informer sans alarmer, rapprocher les citoyens des sources fiables, créer des espaces de dialogue, ce sont autant de gestes concrets pour naviguer plus habilement dans l’océan d’informations numériques.

Si vous désirez mieux former vos équipes face à la désinformation, communiquez avec nous pour accueillir notre conférencière. 

Références et compléments : 

Conseil des ministres de l’Éducation (Canada). (2024). PISA 2022: Résultats canadiens en littératie financière. 

Dubuc, A. (2025, 18 mai). Une matière à enseigner. La Presse. 

Lajeunesse, C. (s. d.). Faire ses propres recherches? Oui, mais avec méthode. Agence Science-Presse. 

Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique (OBVIA). (2024). Éduquer contre la désinformation amplifiée par l’IA et l’hypertrucage : une recension d’initiatives de 2018 à 2024. 

Réseau de recherche en transformation numérique. (2024). Actualités en ligne et réseaux sociaux : Perceptions et comportements des Québécois·es – NETendances 2024. 

École branchée. (2024, 30 avril). Sensibilisation aux fraudes en ligne : une conférence pour éduquer les jeunes. 

À propos de l'auteur(e)
Ça pourrait être vous!
Chaque histoire positive a le potentiel d'inspirer des centaines de personnes à innover pour améliorer la réussite éducative. L'École branchée est VOTRE média! Profitez de ses pages virtuelles pour mettre en valeur vos réalisations tout en alimentant la veille professionnelle de vos collègues, d'ici et d'ailleurs. Allez-y, proposez un texte! >
NOS ANNONCEURS ET PARTENAIRES :
PROPAGER VIA :
À lire aussi
Atelier interactif – Bâtir des ponts : accompagner les élèves des Premières Nations et Inuit vers la réussite

Communiqué – Pour contribuer à favoriser la persévérance scolaire des élèves des Premières Nations et Inuit, l’Institut national des mines a lancé en janvier 2024 l’Outil d’accompagnement pour l’enseignement aux élèves des Premières Nations et Inuit en formation professionnelle, un outil concret distribué à plus de 1 000 exemplaires. Il aide les enseignantes et enseignants à enrichir leur compréhension des approches pédagogiques à privilégier, tout en leur proposant des stratégies culturellement sensibles et des pratiques concrètes, afin de faciliter leur application en classe.

Lire la suite
La gestion du projet éducatif : Situations typiques rencontrées par les directions et apports potentiels de l’intelligence artificielle

Le pilotage du projet éducatif constitue une responsabilité stratégique majeure pour les directions d’école au Québec. À partir d’un regard croisé entre la recherche et la pratique, ce dossier identifie six situations typiques rencontrées dans la conception, la mise en œuvre et le suivi du projet éducatif, révélant plusieurs tensions structurelles auxquelles les directions sont confrontées.

Ce dossier explore également le potentiel de l’intelligence artificielle comme levier d’aide au pilotage du projet éducatif. Loin d’être une solution magique, l’IA peut toutefois devenir un outil pertinent pour soutenir le pilotage du projet éducatif, à condition qu’elle soit intégrée dans une démarche centrée sur la réussite éducative et respectueuse de l’éthique et de l’autonomie professionnelle.

Lire la suite
Commentaires, reproduction des textes et usage de l'intelligence artificielle

Pour commenter un article et y ajouter vos idées, nous vous invitons à nous suivre sur les réseaux sociaux. Tous les articles y sont publiés et il est aussi possible de commenter directement sur FacebookX, Instagram, Bluesky ou LinkedIn.

Sauf dans les cas où la licence est expressément indiquée, il n’est pas permis de reproduire les articles de l’École branchée. Toute demande de reproduction doit être adressée directement à l’organisme.

Dans son processus éditorial, notre équipe fait appel à des technologies intégrant l’intelligence artificielle pour améliorer les textes, entre autres par la reformulation de passages, la révision linguistique, la traduction et la synthèse des idées. Tous les textes sont révisés par des humains avant leur publication.

Recevez l'infolettre Hebdo